Fondée le 9 juillet 1945, la Croix-Rouge libanaise (CRL) a fêté jeudi son 75e anniversaire, forte de l’appui de ses 12 000 volontaires, dont 4 300 secouristes prêts à intervenir à tout moment auprès du public, sans distinction de race, d’appartenance religieuse ou de nationalité. Une disponibilité à toute épreuve qui a poussé le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Christophe Martin, à rendre un vibrant hommage à la CRL. « La Croix-Rouge libanaise est sans doute une des seules institutions libanaises qui transcendent les réalités religieuses, claniques et sectaires au Liban. Ses volontaires sont remarquables et travaillent en permanence pour répondre aux besoins multiples de la société », a déclaré M. Martin à L’Orient-Le Jour. « Notre slogan a toujours été : “Nous sommes à vos côtés, peu importe votre race ou votre religion” », rappelle pour sa part Georges Kettaneh, secrétaire général de la CRL. « Notre atout, ce sont nos ressources humaines. Nous travaillons avec des volontaires qui nous rejoignent, parce qu’ils sont convaincus de vouloir faire ce travail », indique M. Kettaneh à L’OLJ, lui qui a intégré la Croix-Rouge en tant que secouriste à 14 ans, après avoir menti sur son âge. « Je voulais tellement rejoindre les rangs des secouristes que je leur ai fait croire que j’avais 17 ans », confie-t-il.
Interrogé sur ses rencontres marquantes au sein de la Croix-Rouge, M. Kettaneh évoque le souvenir de Leila Anid, membre du comité central de la Croix-Rouge libanaise et fondatrice du secourisme au Liban et qui s’est éteinte le 20 juin dernier. « Titulaire de la médaille Florence Nightingale (1983), pionnière et initiatrice du mouvement des premiers secours dans les années 60, Leila Anid a laissé une empreinte indélébile sur les secouristes. Elle était tout le temps sur le terrain avec les volontaires », se souvient-il.Edgar Anid, ancien secouriste et fils de Leila Anid, se rappelle des années passées à travailler sous la direction de sa mère dans le centre 102 de la Croix-Rouge à Tabaris. « Elle était très dynamique. Elle conduisait elle-même l’ambulance et traversait les lignes de démarcation pour secourir les blessés » pendant la guerre, raconte M. Anid. « Travailler pour la Croix-Rouge, c’est un sacerdoce. Je tenais absolument à le faire et j’en étais fier. Au lieu de porter les armes, j’étais secouriste, c’était ma manière de combattre », assure-t-il.
« Liens forts et durables »
Pour Nabil Itani, président de la branche de Beyrouth et ancien secouriste, « la Croix-Rouge est la seule institution à avoir pu préserver ses principes, malgré toutes les difficultés, et qui sont ceux de l’humanité, de l’indépendance, de l’impartialité, de la neutralité, du volontariat, de l’unité et du travail à l’international ».
« Pendant les 75 dernières années, nous avons été proches de tous. Jamais nous n’avons laissé une personne sans aide », se félicite M. Itani, qui insiste sur le fait que la Croix-Rouge s’adapte en permanence aux besoins de la société libanaise. « Depuis le 17 octobre dernier, nous avons revu notre plan de travail et son impact sur notre budget pour pouvoir répondre présents. De même lorsque le coronavirus s’est déclaré dans le pays. C’est la première fois que le Liban fait face à une pandémie, mais la Croix-Rouge était prête. Nous sommes flexibles en permanence pour répondre aux urgences », assure-t-il.
Outre sa mission auprès de ceux qui nécessitent d’être secourus, la Croix-Rouge représente pour M. Itani l’occasion de tisser des liens fraternels, même dans les moments où le pays est à feu et à sang. « Lors de l’invasion israélienne de Beyrouth, en 1982, j’étais volontaire au centre de Spears, raconte-t-il. Nous étions encerclés de tous les côtés et certains volontaires avaient dû quitter la capitale avec leurs familles. Il y avait des volontaires qui venaient d’autres régions pour nous aider. Nous nous retrouvions ensemble tous les soirs à 19h, après une longue journée sur le terrain. Cela nous a permis de tisser des liens forts et durables pendant la guerre, et nous sommes toujours en contact », raconte Nabil Itani.
Parmi les membres de la Croix-Rouge qui l’ont marquée, Alexandra Issa el-Khoury, présidente de la Croix-Rouge libanaise de 1964 à 1991. « Elle venait nous voir tous les jours à Spears et se disputait avec les soldats israéliens sur les barrages pour pouvoir nous apporter de la nourriture. Elle nous considérait comme ses enfants », se souvient-il.
commentaires (2)
Bravo la Croix Rouge Libanaise . Est ce que vous avez lu Arte reportage sur le Hezbollah , vraiment ça fait peur.
Eleni Caridopoulou
12 h 45, le 11 juillet 2020