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Politique - Crise

Shea chez Diab : des aides humanitaires faute de mieux ?

L’ambassadrice américaine a rappelé au Premier ministre les engagements pris devant le Groupe international de soutien au Liban à Paris en décembre 2019.

Shea chez Diab : des aides humanitaires faute de mieux ?

Long entretien au Sérail entre le Premier ministre Hassane Diab et l’ambassadrice US Dorothy Shea. Photo ANI

Les pressions aussi bien économiques, diplomatiques que sociales et humanitaires, s’intensifient sur le gouvernement. Au lendemain de consultations régulières qui se tiennent entre les représentants de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, les Libanais ont eu la surprise d’apprendre que l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a été longuement reçue hier au Sérail par le Premier ministre, Hassane Diab, alors même qu’il y a quelques jours les rapports entre la présidence du Conseil et l’ambassade US étaient au plus mal.

La réunion entre M. Diab et Mme Shea s’est poursuivie à la table du déjeuner, mais – mauvais signe ? – ni la diplomate américaine ni le Premier ministre ne se sont exprimés à l’issue de la réunion. Selon des sources politiques, la diplomate a réitéré au Premier ministre que son pays voulait voir « des mesures concrètes » de réformes. « L’entretien a porté sur la situation générale dans le pays, le travail du gouvernement et le soutien des États-Unis au Liban », s’est contenté d’indiquer le bureau de presse de Hassane Diab dans un bref communiqué.Selon notre correspondant politique Philippe Abi-Akl, la diplomate américaine a élargi sa réponse aux demandes formulées par M. Diab en évoquant les constantes proclamées par le Groupe international de soutien au Liban (GIS) réuni à Paris le 12 décembre 2019, à la suite du vote de confiance accordé au gouvernement. Le GIS avait conditionné toute aide au Liban à des conditions bien précises : retour à la Constitution, à l’accord d’entente nationale, à la déclaration de Baabda du 11 juin 2012 concernant la distanciation par rapport à la politique des axes, ainsi qu’à l’attachement aux résolutions du Conseil de sécurité, et en premier lieu à la résolution 1559 sur le désarmement des milices.

L'Editorial de Issa GORAIEB

Et les réformes, bordel ?

Dans un contexte de tensions grandissantes entre Washington et Téhéran, ainsi qu’avec le Hezbollah, M. Diab aurait également, selon des sources politiques, informé Mme Shea que le ministère des Affaires étrangères est en train de préparer une lettre concernant les « exemptions » que réclame Beyrouth à l’application de la loi César, prévoyant de sanctionner toute partie traitant avec le régime syrien. On précise, de même source, que le chef du Parlement, Nabih Berry, avait soulevé cette question mercredi lors de son entretien avec le commandant de l’US Central Command – le commandement militaire américain en charge de la région du Moyen-Orient – le général américain Kenneth McKenzie, en présence de l’ambassadrice américaine. La diplomate avait alors répondu que les États-Unis n’avaient pas reçu de la part du gouvernement libanais de demandes d’exemption. Au chef du législatif qui s’en ouvrait au Premier ministre, ce dernier avait justifié ce retard dans la formulation de la demande au fait que le ministre des Affaires étrangères, Nassif Hitti, s’était absenté du Liban. Le président du Conseil avait ensuite décidé de rencontrer l’ambassadrice et de lui en parler personnellement.

Épargner l’humanitaire
Mais si les États-Unis ont clairement signifié aux responsables libanais qu’ils ne pourront pas acheter du pétrole de l’Iran, comme l’a proposé le leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ils pourraient épargner le Liban en ne s’opposant pas à des aides humanitaires, alors que la situation économique devient « rapidement incontrôlable », selon la haute-commissaire aux Droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet. Cette dernière a averti hier que certains des Libanais les plus vulnérables « risquent de mourir de faim en raison de cette crise » (voir encadré).

C’est dans ce cadre que, selon notre correspondant Mounir Rabih, le ministre qatari des Affaires étrangères, cheikh Mohammad ben Abdel Rahmane al-Thani, serait attendu prochainement pour proposer des aides humanitaires, notamment en vivres. Sa visite à Beyrouth intervient, selon notre correspondant, à la suite de contacts du directeur général de la Sûreté générale Abbas Ibrahim avec l’Irak et le Qatar, qui avaient déjà permis l’arrivée d’une délégation ministérielle irakienne à Beyrouth la semaine dernière, comprenant les ministres du Pétrole, Ihsan Abdul Jabbar Ismaïl, et de l’Agriculture, Mohammad Karim Jassem, qui a proposé un échange de type « pétrole contre nourriture ». Or il est nécessaire pour de tels échanges d’obtenir des exemptions sur la loi César, entrée en vigueur le 17 juin, puisque les marchandises devront transiter par la Syrie et, sur ce plan, à condition que les tractations commerciales ne se fassent pas avec l’Iran, les États-Unis seraient prêts à fermer l’œil.

Mercredi chez Nabih Berry, les responsables américains avaient également évoqué la nécessité de procéder rapidement à la démarcation des frontières maritimes avec Israël, selon une source proche du dossier. Et le chef du législatif aurait averti ses interlocuteurs américains que leur conduite au Liban « renforce le Hezbollah et peut avoir des conséquences imprévisibles ». Au demeurant, on notait dans les milieux politiques que l’ambassadrice des États-Unis a baissé le ton de ses déclarations.

Notons pour finir que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, serait attendu la semaine prochaine au Liban. Le responsable français avait annoncé son intention de se rendre à Beyrouth après avoir constaté le retard mis par les dirigeants à engager les réformes promises à la conférence CEDRE. « Ces réformes ne sont pas au rendez-vous. On sait ce qu’il faut faire sur la transparence, la régulation de l’électricité, la lutte contre la corruption, la réforme du système financier et bancaire. Mais rien ne bouge ! » avait déploré Jean-Yves Le Drian, se disant « très inquiet » de la situation dans le pays.

Les pressions aussi bien économiques, diplomatiques que sociales et humanitaires, s’intensifient sur le gouvernement. Au lendemain de consultations régulières qui se tiennent entre les représentants de la France, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, les Libanais ont eu la surprise d’apprendre que l’ambassadrice des États-Unis au Liban, Dorothy Shea, a été longuement reçue hier...

commentaires (7)

Demandes d’exemptions???? Le liban n’est pas en position de demander des exemptions quand il ne respecte aucune demande depuis le tout début. Les dirigeants ne peuvent pas demander d’exemptions lorsqu’ils volent directement dans les coffres de l’état depuis 30 ans. Les libanais devraient oublier le rapatriement des fonds volés. Il faut tout d’abord se débarrasser des voleurs avant d’espérer un changement sérieux. Le liban est un pays contrôlé par des organisations terroristes, par conséquent l’occident ne donnera aucune aide. Et l’Iran a déjà assez de problème interne et n’a pas la capacité d’aider personnes. Donc la solution doit venir de l’interne. Espérons que les voleurs au pouvoir verrons que les coffres sont vides et qu’ils se sauveront avec ce qu’ils ont déjà pris, voici le meilleur espoir.

Montana

07 h 45, le 12 juillet 2020

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Commentaires (7)

  • Demandes d’exemptions???? Le liban n’est pas en position de demander des exemptions quand il ne respecte aucune demande depuis le tout début. Les dirigeants ne peuvent pas demander d’exemptions lorsqu’ils volent directement dans les coffres de l’état depuis 30 ans. Les libanais devraient oublier le rapatriement des fonds volés. Il faut tout d’abord se débarrasser des voleurs avant d’espérer un changement sérieux. Le liban est un pays contrôlé par des organisations terroristes, par conséquent l’occident ne donnera aucune aide. Et l’Iran a déjà assez de problème interne et n’a pas la capacité d’aider personnes. Donc la solution doit venir de l’interne. Espérons que les voleurs au pouvoir verrons que les coffres sont vides et qu’ils se sauveront avec ce qu’ils ont déjà pris, voici le meilleur espoir.

    Montana

    07 h 45, le 12 juillet 2020

  • "... les États-Unis ... pourraient épargner le Liban en ne s’opposant pas à des aides humanitaires ..." - Ah bon? Pourquoi, la "première démocratie du monde" aurait-elle à un moment envisagé de s’opposer à une aide humanitaire?... c’est humain, ça?

    Gros Gnon

    14 h 23, le 11 juillet 2020

  • Nous n'avons rien à attendre de bon des Etats-Unis , c'est horrible ! Ils tiennent à nous affamer afin de nous faire mendier quelques milliards en échange de l'implantation des réfugiés palestiniens et syriens . Mais il suffirait que quelques gros larrons qui ont volé la BDL rendent les millirads volés pour que nous n'ayons plus besoin de personne ! Quelle situation absurde !

    Chucri Abboud

    13 h 56, le 11 juillet 2020

  • LE LIBAN ET SON PEUPLE SOUFFRENT PAR LA FAUTE DE CERTAINS VENDUS BIEN CONNUS. QU,ON S,EN DEBARRASSE.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    13 h 11, le 11 juillet 2020

  • Je m’inquiète du transit des aides par la Syrie qui serait capable de mettre la main dessus et de nous envoyer des miettes avec l’accord du vendu HN. Il ne faut pas être dupe et exiger des conditions fermes pour que ces aides arrivent bien aux libanais ou alors les faire transiter par Chypre au moins nous seront sûrs de les avoir.

    Sissi zayyat

    11 h 14, le 11 juillet 2020

  • Le gouvernement libanais (du moins ce qui en reste) ne peut plus jouer sur tous les tableaux en continuant à se moquer de l’Occident. Monsieur Le Drian l’a clairement dit à l’Assemblée Nationale. Soit il déclare clairement la distanciation et écrit la neutralité du Liban dans la Constitution soit il s’aligne sur l’axe qu’il trouve le meilleur et assume ainsi sa décision. Assez de louvoiements, agissez en responsables une fois dans votre vie

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 48, le 11 juillet 2020

  • « Ces réformes ne sont pas au rendez-vous. On sait ce qu’il faut faire sur la transparence, la régulation de l’électricité, la lutte contre la corruption, la réforme du système financier et bancaire. Mais rien ne bouge ! » Exact! Malheureusement exact! Mais si on sait ce qu'il faut faire et qu'on ne le fait pas, c'est qu'on ne VEUT PAS le faire! La ruine du pays est donc le résultat d'une VOLONTÉ DÉLIBÉRÉE. Et il ne faut pas chercher les coupables chez des puissances étrangères: ils sont bien chez nous! L'exemple le plus flagrant est celui de la réforme de l'EDL réclamées tant par les pays étrangers que par les libanais et que l'on refuse de même envisager (je ne parle pas de la pseudo-réforme proposée qui n'est que la continuation de la politique désastreuse menée par Bassil et consorts).

    Yves Prevost

    06 h 58, le 11 juillet 2020

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