« Si la tendance actuelle se poursuit, le Liban ne tardera pas à entrer dans la phase quatre, celle de la transmission communautaire. » Par ces propos, Walid Ammar, président du Comité national de lutte contre les maladies infectieuses, tire la sonnette d’alarme face à la forte augmentation des cas de contamination au Covid-19 et à l’attitude irresponsable adoptée par certaines personnes rentrées au Liban avec la réouverture de l’aéroport, le 1er juillet. Celles-ci rechignent à observer la quarantaine exigée par le ministère de la Santé, dans l’attente des résultats des tests PCR.
Une mesure pourtant nécessaire, puisque le Liban a enregistré hier une remontée spectaculaire des cas avec 66 nouvelles contaminations, selon le bilan quotidien du ministère de la Santé. Sur ces nouveaux cas, 44 ont été signalés localement, contre 22 parmi les voyageurs arrivés à Beyrouth après la réouverture de l’aéroport le 1er juillet.
Parmi les 44 contaminations locales, 20 ont été enregistrées dans le caza de Aley, dont 10 à Choueifat-Amroussiyé, 5 à Kayfoun et 3 à Hay el-Sellom. Les autres cas locaux ont été détectés dans les cazas de Baabda (8), Tripoli (5) dans la localité de Mina, Zahlé (3) dans la localité de Taalabaya, du Metn (2), ainsi que dans les régions du Chouf (1), de Zghorta (1), Minié (1), Baalbeck (1) et Saïda (1).
Parmi les personnes rentrées le 7 juillet à l’Aéroport international de Beyrouth, onze personnes étaient porteuses du coronavirus, a annoncé le ministère de la Santé dans un communiqué. Ces personnes venaient de Pointe-Noire (4), Abidjan (5), Dubaï (1) et Doha (1). D’autres cas ont été détectés parmi des voyageurs en provenance du Nigeria, d’Éthiopie, d’Arabie saoudite, du Koweït et du Danemark.
Au total, 2 011 personnes ont contracté le virus depuis l’apparition de la pandémie au Liban le 21 février. Parmi elles, 36 sont décédées, 1 368 se sont rétablies et 607 sont toujours positives. Actuellement, 38 personnes sont hospitalisées, dont 10 aux soins intensifs.
« À quoi sert de détecter les cas positifs au Covid-19 si les personnes concernées ne sont pas isolées ? » se demande le Dr Ammar, qui insiste sur la nécessité de « mettre dans les centres d’isolement ou les hôpitaux, sous surveillance sécuritaire et dans les plus brefs délais, toutes les personnes contaminées ». « C’est maintenant que les centres d’isolement doivent être activés », insiste-t-il auprès de L’Orient-Le Jour, rappelant qu’il a déjà recommandé leur ouverture il y a un mois. « Lorsque les foyers ne pourront plus être identifiés et que notre capacité de contrôle sera dépassée, nous entrerons dans la phase quatre, celle de la transmission communautaire, ajoute le Dr Ammar. Cette phase atteinte, les centres d’isolement ne serviront plus à rien. »
Contactée par L’OLJ, Pétra Khoury, conseillère du Premier ministre pour les Affaires de santé et membre de la commission nationale de lutte contre le Covid-19, souligne qu’un « nouveau confinement n’est pas envisageable à l’heure actuelle ». « Nous sommes en train de recourir à des confinements partiels », poursuit-elle, soulignant que les foyers épidémiologiques seront désormais placés dans les centres d’isolement.
Un cas à l’UL
La commission nationale de lutte contre le Covid-19 qui s’est réunie hier devrait publier des recommandations aujourd’hui, selon Mme Khoury. De sources bien informées, il aurait été décidé lors de cette réunion de renforcer le contrôle dans les régions où des foyers épidémiologiques sont déclarés et de faire un dépistage au sein de toute institution où un cas est déclaré, notamment les institutions médicales.
Avant même la publication du bilan quotidien, le ministre de la Santé Hamad Hassan avait prévenu au cours d’une conférence de presse que le nombre de nouvelles contaminations pourrait être « choquant, car certains expatriés se sont réunis avec leurs proches, ont assisté à des mariages, sont allés à la piscine, sans prendre de mesures de prévention ». Rappelant la nécessité de se soumettre « à une quarantaine quand on rentre », M. Hassan s’est toutefois voulu rassurant soulignant que « jusqu’à présent, la situation reste sous contrôle ».
Le ministre s’exprimait après l’annonce par la faculté d’information de l’Université libanaise de la contamination d’une de ses étudiantes, qui présentait des symptômes lors d’une séance d’examens. Elle aurait été contaminée par sa sœur, employée dans un hôpital.
« Tous les étudiants présents dans le bâtiment seront testés et nous mettrons en place des protocoles sanitaires pour la prochaine année universitaire », a assuré le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur Tarek Majzoub, lui aussi présent lors de la conférence de presse. Commentant ces développements, le président de l’Université libanaise a assuré pour sa part que « l’année universitaire pourrait aller à son terme, car les mesures prises à l’UL sont audacieuses et exceptionnelles ».
commentaires (5)
Entièrement d'accord avec vous Sam. Aussi, ceux qui ont un test PCR en arrivant mais qui ne respectent pas l'isolement jusqu'à l'obtention du résultat du test fait à l'arrivée devraient être traduits en justice.
Tanzim Champollion
15 h 47, le 10 juillet 2020