Le Premier ministre libanais Hassane Diab a affirmé jeudi que son gouvernement n'avait pas l'intention de modifier le système économique libéral qui régit le Liban, dans ce qui ressemble à une réponse aux déclarations faites plus tôt dans la journée par l'ex-Premier ministre Saad Hariri à Bkerké.
"Le gouvernement n'a pas l'intention de modifier le système économique libéral, mais le problème est ce qu'on veut dire par cela. S'agit-il du chaos économique libéral qui prévaut dans le pays, ou d'un système de gaspillage libéral ?" s'est interrogé le Premier ministre qui a pris la parole au début du Conseil des ministres.
Plus tôt dans la journée, le leader du courant du Futur avait déclaré, à l'issue d'un entretien avec le patriarche maronite Mgr Béchara Raï, que "le Liban traverse la plus grave crise économique de son histoire, et le pouvoir, lui, réfléchit à modifier le système économique libéral. Ils nous disent que ce n'est pas le cas, mais leurs actions disent l'inverse".
L'ancien Premier ministre était également revenu sur le dossier du "forensic audit" (juricomptabilité) des comptes de la Banque du Liban que le gouvernement, depuis avril, dit souhaiter entreprendre, sur fond de divergences sur l'estimation des pertes accumulées par le pays qui ont entravé les négociations du Liban avec le Fonds monétaire international. "La BDL et les banques ne doivent pas être les seules accusées. L'audit doit également porter sur la façon dont les ministères ont utilisé les 90 milliards de dollars, notamment dans le secteur de l'électricité qui a avalé 46 milliards de dollars", a estimé M. Hariri. Le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, bénéfice du soutien indéfectible de Saad Hariri.
"Nous nous sommes orientés vers un 'forensic audit' (juricomptabilité) des comptes de la BDL dans une première étape. Je suis en faveur d'un élargissement de l'audit à l'ensemble des services de l’État", lui a indirectement répondu M. Diab. "Nous saluons la critique objective car elle oriente l'action du gouvernement, mais les critiques à notre encontre aujourd'hui ne sont pas dans cette logique. Elles adoptent une logique utopiste, a-t-il ajouté.
"L’État ne doit plus travailler comme il le faisait avant. Le Liban a besoin d'un gouvernement prenant des décisions difficiles, et de réformes", avait également déclaré Saad Hariri. "On mélange l’État et le pouvoir", a répondu Hassane Diab. "En réalité, à chaque fois que le pouvoir fait une erreur, c'est l’État qui en paie le prix. Ce n'est pas l’État qui s'est trompé dans ses politiques économiques qui ont conduit le pays à l’effondrement, c'est le pouvoir qui s'est endetté, qui a volé et qui a dilapidé l'argent de l’État", a-t-il poursuivi, assurant que son gouvernement continuera à travailler.
Par ailleurs, Saad Hariri est revenu, jeudi matin, sur les propos du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a insisté sur l'importance de l'agriculture et de l'industrie. "Cela est nécessaire, mais je pose la question : comment pouvons-nous faire de l'agriculture sans électricité ? Comment pouvons-nous transporter les produits agricoles et industriels sans routes ? Comment les exporter sans port et sans aéroport ?", s'est-il interrogé.
L'ex-PM est également revenu sur les déclarations du patriarche dimanche. "Mgr Raï a exprimé la souffrance des Libanais", a-t-il déclaré, alors qu'il était interrogé sur la formation d'un front d'opposition sous l'égide de Bkerké, ajoutant dans ce cadre qu'il avait des "divergences sur certains dossiers avec les Forces libanaises". "Nous avons toujours considéré le patriarcat comme un lieu de dialogue et de modération. Le Liban a besoin d'un dialogue constructif dans l'intérêt des Libanais", a-t-il ajouté.
Selon M. Hariri, "le Liban paie le prix des conflits régionaux". "Nous devons nous aider, connaître notre importance et notre place dans la région. Nous ne pouvons pas accepter que le monde joue avec nous", a-t-il estimé, et d'ajouter. "Nos jeunes quittent le pays, le chômage et tout cela pourquoi ? En raison de l'absence de stabilité". Le patriarche Raï n'a, de son côté, pas fait de déclarations à la presse à l'issue de son entretien avec M. Hariri.
Mercredi, Saad Hariri avait rendu visite au métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth Elias Audi. A l'issue de cet entretien, il avait affirmé aux journalistes ne pas vouloir être reconduit au poste de chef du gouvernement.
commentaires (9)
Il,est gentil Diab mais il ne sait pas que ça n’est pas lui qui dicte les décisions prises, il n’est qu’un exécutant de plus pour satisfaire les volontés des vendus qui l’ont nommé à ce poste. Si à ce stade il n’a toujours pas compris qu’il n’est qu’un pion su l’échiquier, c’est que c’est bien plus grave qu’on ne le croyait. .
Sissi zayyat
11 h 37, le 10 juillet 2020