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Société - Crise

« Notre profession est en danger », l’appel des dentistes aux autorités

Les chirurgiens-dentistes du pays ont organisé hier plusieurs sit-in, demandant aux autorités de subventionner leur profession et leurs produits médicaux.

« Notre profession est en danger », l’appel des dentistes aux autorités

À Tripoli, les dentistes entourant la présidente de l’ordre, la Dr Rola Dib Khalaf. Photo ANI

Les chirurgiens-dentistes du Liban tirent la sonnette d’alarme car leur profession est en danger. Confrontés à la hausse vertigineuse des prix des matériaux dentaires vu la chute incontrôlable de la valeur de la livre libanaise, contraints par les fournisseurs à acheter leurs produits en dollars frais ou en espèces, refusant de faire assumer aux patients les augmentations drastiques du prix des soins dentaires, ils appellent l’État à prendre ses responsabilités et à les soutenir. En les autorisant notamment à acheter leurs produits médicaux au taux de change officiel du dollar. Autrement, ils se verraient contraints de laisser des patients sans soins et, pire, de mettre la clé sous la porte, au risque de mettre en péril l’avenir de plus de 100 000 personnes (19 000 familles) qui vivent du secteur. C’est à l’appel de la Ligue des dentistes de la Montagne (PSP) d’abord puis de l’ordre des dentistes de Tripoli, présidé par la docteure Rola Dib Khalaf, que le mouvement s’est organisé. Aussitôt suivi de la Ligue des dentistes de la Békaa, de celles des Forces libanaises, du parti Kataëb, des diplômés en médecine dentaire de l’Université arabe de Beyrouth et des enseignants de la faculté de médecine dentaire de l’Université Saint-Joseph.


Le Dr Khaled Solh, président de la Ligue des dentistes de la Békaa, lors du sit-in devant le siège de l'ordre à Beyrouth. Photo DR


Mobilisation en force à Tripoli

Plusieurs sit-in se sont donc tenus hier, parallèlement, un premier à Tripoli, devant le siège de l’ordre, un deuxième à Beyrouth, également devant le siège de l’ordre, et un troisième dans les jardins de la faculté de médecine de l’USJ, rue de Damas. Avec pour mot d’ordre de faire pression sur le gouvernement pour qu’il subventionne les produits dentaires ou alors les dentistes eux-mêmes. Si, dans le tas, des partis de l’opposition (politiques ou thawra) ont ouvertement affiché leur participation, il n’en reste pas moins que l’objectif des manifestants était purement professionnel, lié aux grandes difficultés du métier en ces temps de crise inédite. « Les appels à manifester n’ont d’ailleurs pas été politiques. Car les dentistes veulent faire entendre leur souffrance », dit à L’Orient-Le Jour le Dr Ali Yaghi, représentant du soulèvement populaire au conseil de l’ordre des dentistes à Beyrouth, qui a pris part au sit-in. « Nous craignons aussi que la population arrête de se soigner les dents, au risque de voir s’aggraver les maladies chroniques, comme le diabète ou les maladies cardiaques », met en garde le dentiste. D’où l’effet domino qu’a pris le mouvement dès les premiers appels à manifester.

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Soutenu par les ingénieurs et les avocats de la capitale du Nord, l’ordre des dentistes de Tripoli s’est mobilisé en force dans la bataille. « Nous portons haut le cri de chaque dentiste qui a trimé pour bâtir son avenir et celui de ses enfants, de ces 100 000 personnes qui vivent de la profession et qui souffrent aujourd’hui de l’effondrement de la livre libanaise », déclarait la Dr Rola Dib Khalaf, proche du soulèvement populaire. « Il y va de la survie de la profession », a-t-elle ajouté. La syndicaliste a aussi agité « la menace de l’escalade au cas où les responsables continueraient de faire la sourde oreille ». Et invité le gouvernement « à soutenir le secteur sous forme de subventions aux produits médicaux ou aux dentistes ».

À la faculté de médecine dentaire de l’USJ, les professeurs ont également observé un sit-in symbolique dans les jardins de l’institution. « Nous sommes solidaires de nos collègues qui n’en peuvent plus des prix vertigineux des matières premières », explique à L’Orient-Le Jour le doyen de la faculté, le professeur Joseph Makzoumé. « Non seulement les fournisseurs exigent d’être payés en dollars et en espèces (ou en LL au prix du marché noir), mais la reprise postcoronavirus nous impose de nous doter d’équipements très chers », dénonce-t-il. D’où « la grande difficulté de pratiquer une politique de prix » car, d’une part, les patients subissent la crise économique et, d’autre part, « les dentistes sont dans l’incapacité de rentrer dans leurs frais et de renouveler leurs produits ». « Notre profession est en danger, la seule option reste donc de fermer », dénonce le doyen. Le centre de soins de l’USJ à but non lucratif est confronté aux mêmes difficultés. Lieu de stage des étudiants en médecine dentaire, soignant des patients qui ne peuvent se permettre de recourir aux cabinets privés, il se voit aujourd’hui dans l’impossibilité de pratiquer la moindre tarification ou d’acheter de nouveaux produits, vu le taux de change particulièrement volatil. « Nous avons fermé le centre, regrette le Pr Makzoumé. Nous ne traitons plus que les cas déjà entamés avant la pandémie. »

L’ordre des dentistes de Beyrouth s’abstient, mais soutient

Seul l’ordre des dentistes de Beyrouth n’a lancé aucun appel à manifester, mais affirmé son soutien aux manifestants. Pour le président de son conseil, le professeur Roger Rbeiz, ce silence s’explique par les « négociations avancées » qu’il mène avec les autorités. « L’ordre des dentistes de Beyrouth n’a appelé à aucun mouvement de protestation », affirme-t-il à L’Orient- Le Jour. « Tant que les pourparlers se poursuivent avec le gouvernement, l’ordre n’optera pas pour l’escalade. Cela ne l’empêche pas de soutenir les revendications des membres de la profession », ajoute-t-il, évoquant des rencontres quotidiennes avec les responsables étatiques pour exposer « la situation difficile des dentistes ». « Nous sommes contraints d’acheter nos produits en dollars, alors qu’il s’agit de soins de santé. Nous sommes à la fois contraints de ménager nos patients qui sont confrontés à la crise et qui ne peuvent assumer des hausses de tarifs », déplore-t-il.

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C’est dans ce cadre que le Pr Rbeiz a été reçu hier par le Premier ministre, Hassane Diab. Il était accompagné de sa consœur, présidente de l’ordre de Tripoli, du secrétaire général de l’ordre des dentistes de Beyrouth, le Dr Charles el-Harrache, et du Dr Wadih Hosni, membre du conseil d’administration. C’est aussi dans ce cadre qu’il sera reçu aujourd’hui par la commission parlementaire de la Santé et demain vendredi par le ministre de la Santé, Hamad Hassan. « Tous les indicateurs montrent que nous nous dirigeons vers un soutien étatique à la profession sous forme de subventions aux produits de soins essentiels, hormis l’orthodontie et les implants », indique Roger Rbeiz. Et si les pourparlers ont atteint « l’étape finale », il reste encore « à étudier les mécanismes de subvention, les modalités de contrôle du processus, la disponibilité des fonds ainsi que les moyens d’empêcher la contrebande vers la Syrie ». Même « à ce stade avancé », aucune promesse officielle n’a vu le jour pour l’instant. « Nous serons subventionnés ou pas, ce n’est toujours pas tranché », conclut le chirurgien-dentiste.

Les chirurgiens-dentistes du Liban tirent la sonnette d’alarme car leur profession est en danger. Confrontés à la hausse vertigineuse des prix des matériaux dentaires vu la chute incontrôlable de la valeur de la livre libanaise, contraints par les fournisseurs à acheter leurs produits en dollars frais ou en espèces, refusant de faire assumer aux patients les augmentations drastiques du...

commentaires (3)

ils ne vous reste qu une chose : descendre dans la rue avec les manifestants pour demander des reformes !!!!ca c est une autre histoires vous etes considérés comme des riches, de toute facon une subvention c est reculer pour mieux sauter car la situation continuera à se détériorer on peut appeler ca un gouvernement de bouche trous ne prévoit aucune reformes comme le précédent

youssef barada

18 h 25, le 10 juillet 2020

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Commentaires (3)

  • ils ne vous reste qu une chose : descendre dans la rue avec les manifestants pour demander des reformes !!!!ca c est une autre histoires vous etes considérés comme des riches, de toute facon une subvention c est reculer pour mieux sauter car la situation continuera à se détériorer on peut appeler ca un gouvernement de bouche trous ne prévoit aucune reformes comme le précédent

    youssef barada

    18 h 25, le 10 juillet 2020

  • REGARDONS LE BON COTE DES CHOSES: L'EQUILIBRE QUI EN RESULTERA. LA CARENCE DE L'ETAT SERA PROPORTIONELLE A LA CARIE DENTAIRE.

    SATURNE

    15 h 11, le 09 juillet 2020

  • Honnêtement, y a-t-il une profession qui ne soit pas en danger aujourd'hui?

    NAUFAL SORAYA

    08 h 47, le 09 juillet 2020

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