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Politique - diplomatie

Pompeo : Nous appelons tous les Etats à désigner le Hezbollah comme groupe "terroriste"

Washington va "aider le Liban à sortir de sa crise si les réformes se réalisent", affirme le secrétaire d'Etat américain.

Pompeo : Nous appelons tous les Etats à désigner le Hezbollah comme groupe

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, le 8 juillet 2020 lors d'une conférence de presse à Washington. Photo AFP / POOL / TOM BRENNER

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a appelé mercredi "tous les Etats" à désigner le Hezbollah comme "groupe terroriste", le parti chiite libanais étant déjà considéré ainsi par Washington depuis des années, dans un contexte de bras de fer régional entre l'Amérique et l'Iran, parrain du Hezbollah. Le chef de la diplomatie américaine a également affirmé que son pays allait aider le Liban, qui fait face à sa pire crise économique et financière, si celui-ci met en place les réformes nécessaires.

"Le Hezbollah est une organisation terroriste, et nous appelons tous les Etats à le désigner comme groupe terroriste", a affirmé M. Pompeo, lors d'une conférence de presse au siège du département d'Etat à Washington. "Nous tentons d'interdire à l'Iran de vendre du pétrole brut au Hezbollah, et nous faisons notre possible pour renforcer les sanctions contre les membres du Hezbollah", a ajouté le chef de la diplomatie américaine. Il a ensuite fait savoir que "les Etats-Unis vont aider le Liban à sortir de sa crise si les réformes se réalisent", soulignant que Washington "n'accepte pas que le Liban devienne un Etat affilié à l'Iran".

L'édito de Issa GORAIEB

Saintes colères

Depuis l'année dernière, le Liban ne cesse de s'enfoncer dans sa pire crise économique et financière et se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale, alors qu'il réclame une aide financière au Fonds monétaire international (FMI). Sur le plan libanais interne, plusieurs formations, à leur tête le Hezbollah, tiennent des propos de plus en plus hostiles à l'influence américaine dans le pays et dans la région. Ils appellent les autorités libanaises à se tourner "vers l'Est", en référence à la Chine, l'Iran, et même la Syrie, alors que Washington ne cesse de renforcer ses sanctions contre le Hezbollah et laisse planer la menace de sanctions contre des alliés du parti chiites, comme le Courant patriotique libre de Gebran Bassil. Parallèlement, l'entrée en vigueur le 17 juin de la loi américaine César, qui impose des sanctions sévères contre toute personne ou entité soutenant le régime syrien, dans certains secteurs économiques, suscite des craintes libanaises sur son impact sur le Liban.

Mardi soir, dans un discours télévisé, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a longuement critiqué la politique "de siège et d'étouffement" des Etats-Unis vis-à-vis du Liban ainsi que les "ingérences" de l'ambassadrice américaine à Beyrouth, l'accusant de chercher à "dresser les Libanais les uns contre les autres". "Se tourner vers l'Est ne signifie pas qu'il faut totalement se détourner de l'Occident", avait toutefois nuancé le chef du Hezbollah.

Tournée du général McKenzie à Beyrouth
Les propos de Mike Pompeo interviennent alors que le commandant du US Central Command (le commandement militaire américain en charge de la région du Moyen-Orient), le général Kenneth McKenzie, effectue mercredi une tournée à Beyrouth auprès des responsables libanais. Le président de la République, Michel Aoun, a ainsi reçu le haut-gradé américain au palais de Baabda, aux côtés de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban Dorothy Shea, ainsi qu'une délégation de militaires et de diplomates. 

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Au cours de la réunion, le général McKenzie a "réaffirmé l'importance de préserver la sécurité, la stabilité et la souveraineté du Liban, et souligné l'importance du partenariat solide entre les Etats-Unis et l'armée libanaise", selon un compte rendu publié par l'ambassade des Etats-Unis. Pour sa part, la présidence libanaise a également rapporté sur Twitter des propos du général McKenzie selon lesquels il a dit que les Etats-unis "continuent de soutenir l'armée libanaise qui défend l'indépendance et la souveraineté du Liban". Pour sa part, le président Aoun a appelé à "améliorer la coopération militaire entre les deux pays".

Le général McKenzie a également été reçu à Aïn el-Tiné par le président du Parlement, Nabih Berry. Il s'est également entretenu au Grand Sérail avec le Premier ministre, Hassane Diab. Les deux responsables ont évoqué les relations bilatérales et le soutien à l'armée, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Lors de sa visite au Liban, qui ne doit durer qu'une journée, le général McKenzie doit aussi s'entretenir avec des chefs militaires, des leaders politiques et des représentants du ministère de la Défense et des forces armées, toujours selon l'ambassade. Le haut-gradé américain doit également effectuer "un bref arrêt devant les mémoriaux qui rendent hommage à ceux qui sont tombés au service de leur pays", conclut l'ambassade, sans plus de précision.

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La venue du général américain mercredi matin à l'aéroport de Beyrouth a mobilisé des manifestants proches du Hezbollah, qui ont organisé un rassemblement sur la route de l'aéroport, accusant le haut-gradé de se rendre au Liban dans le cadre d'une cérémonie organisée pour commémorer l'attentat d'octobre 1983 qui avait coûté la vie à 241 personnes, dont 220 marines américains. Cet attentat avait été revendiqué par l'Organisation du jihad islamique, affilié au Hezbollah.

Libération de Tajeddine
Au même moment où se tenait cette manifestation, Kassem Tajeddine, un homme d'affaires libanais considéré comme un important contributeur financier du Hezbollah, et libéré par les États-Unis, arrivait à l'aéroport de Beyrouth. M. Tajeddine, 65 ans, a été libéré deux ans avant la fin de sa peine de prison de cinq ans, en raison de ses problèmes de santé et des risques d'être contaminé par le Covid-19. Cette libération a été décidée malgré un appel du département américain de la Justice, qui estimait que l'état de santé de Kassem Tajeddine qui souffre d'hypertension ne s'était pas gravement détérioré au point de devoir être libéré d'urgence pour des motifs humanitaires, selon un article publié sur le site de la chaîne américaine NBC News.

L'annonce d'une éventuelle libération de M. Tajeddine avait suscité des spéculations, certains lançant l'hypothèse qu'elle était intervenue en contrepartie de la libération par le Liban en mars du Libano-Américain Amer Fakhoury, un ex-milicien de l'Armée du Liban-Sud accusé de torture et de collaboration avec Israël alors qu'il dirigeait la prison de Khiam, durant l'occupation israélienne du sud-Liban. L'avocat de M. Tajeddine, William Taylor, avait rejeté ces allégations.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a appelé mercredi "tous les Etats" à désigner le Hezbollah comme "groupe terroriste", le parti chiite libanais étant déjà considéré ainsi par Washington depuis des années, dans un contexte de bras de fer régional entre l'Amérique et l'Iran, parrain du Hezbollah. Le chef de la diplomatie américaine a également affirmé que son pays allait...

commentaires (4)

Au final le Général US est quand même venu, a passé les messages dont il était en charge au su et au vu du Hezbollah et consorts. Pompeo a été clair et limpide comme de l'eau minérale. A bon entendeur salut!

Pierre Hadjigeorgiou

13 h 54, le 09 juillet 2020

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Commentaires (4)

  • Au final le Général US est quand même venu, a passé les messages dont il était en charge au su et au vu du Hezbollah et consorts. Pompeo a été clair et limpide comme de l'eau minérale. A bon entendeur salut!

    Pierre Hadjigeorgiou

    13 h 54, le 09 juillet 2020

  • "Pour sa part, le président Aoun a appelé à améliorer la coopération militaire entre les deux pays." (le Liban et les USA). Mr Aoun fait comme les dirigeants irakiens faiblards, il mendie l'aide des US tout en voulant maintenir sa collaboration avec l'Axe de l'Imposture et son silence complice et coupable vis-à-vis du statut "au-dessus de toute loi" carrément odieux que se sont octroyés les membres de l'Axe des armes illégales dans son pays. La présidence de la république n'aura jamais été aussi faible et asservie aux puissances étrangères que sous Michel Aoun.

    Citoyen libanais

    09 h 15, le 09 juillet 2020

  • "... accusant le haut-gradé de se rendre au Liban dans le cadre d'une cérémonie organisée pour commémorer l'attentat d'octobre 1983 qui avait coûté la vie à 241 personnes, dont 220 marines américains ..." - commémorer l’attentat d’ octobre ... en juillet?

    Gros Gnon

    21 h 08, le 08 juillet 2020

  • Il est culotté HN de dire que les américains se mêlent des affairs libanaises et les Ayattollah que font ils ?

    Eleni Caridopoulou

    18 h 59, le 08 juillet 2020

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