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Politique - Liban

Le gouvernement nomme les membres du conseil d'administration d'EDL

Le cabinet charge les services de sécurité "d'étudier et d'établir un rapport sur les sociétés Kroll et FTI afin de déterminer si celles-ci ont des liens avec Israël" avant de désigner la compagnie qui doit mener un "forensic audit" au sein de la BDL.

Le gouvernement nomme les membres du conseil d'administration d'EDL

Le gouvernement de Hassane Diab, réuni le 7 juillet 2020 sous la houlette du chef de l'Etat, Michel Aoun, au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

Le gouvernement du Premier ministre, Hassane Diab, réuni en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, sous la houlette du chef de l'Etat Michel Aoun, et qui a planché sur plusieurs dossiers épineux, a nommé mardi les membres du Conseil d'administration d'Electricité du Liban (EDL), l'office qui gère le réseau électrique du pays, tranchant ainsi un dossier en suspens depuis des années, alors que le Liban continue de s'enfoncer dans sa pire crise financière depuis des décennies. Le cabinet a en outre reporté à jeudi la question de la désignation de la société qui doit mener un "forensic audit", ou juricomptabilité, au sein de la Banque du Liban (BDL).

Les six membres nommés au conseil d'administration d'EDL sont : Tarek Abdallah (sunnite), Hussein Salloum (chiite), Samer Salim (druze), Karim Saba (orthodoxe), Habib Srour (catholique) et Chadi Kreidi (maronite). La porte-parole du gouvernement, Manal Abdel Samad, a toutefois indiqué que la nomination du président du conseil d'administration "nécessite un mécanisme différent" et qu'elle a donc été reportée en attendant une décision du ministre de l'Energie, Raymon Ghajar, dans ce sens.

"Foire d'empoigne"
Des sources ministérielles ont indiqué à la chaîne LBCI que les membres nommés sont les "six premiers au sein de leur communauté et dont les noms ont été avancés par le ministre de l'Energie, qui relève que "les dix-huit candidats dont les noms ont été proposés sont tous méritants". Selon la LBCI, un vif débat a eu lieu autour de la nomination du membre druze du conseil d'administration. Le leader druze Walid Joumblatt avait dénoncé, plus tôt en matinée, une "foire d'empoigne" au sujet des nominations au sein du gouvernement.

Le secteur de l’électricité est reconnu comme l'une des principales sources de gaspillage et de corruption au Liban. D’où les appels à le réformer dans les plus brefs délais, à commencer par nommer les membres du conseil d’administration d'EDL. Dans les milieux politiques, on redoute donc que ce train de nominations ne respecte que la logique de partage du gâteau, comme ce fut le cas lors des nominations financières il y a plus d’un mois. Certains observateurs déplorent en outre le fait que le mandat de ce conseil d'administration ait été vidé de sa substance et que ces nominations ne sont que de pure forme.

Sur Twitter, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, n'a pas tardé à critiquer ces nominations. "En ce qui concerne le dossier de l'électricité aujourd'hui : "Une déformation dès le départ allait sûrement déboucher sur une déformation sur le plan des résultats. A quoi sert une autorité de régulation si elle est dépourvue de prérogatives, comme ce qu'il est proposé. Elle devient une autorité consultative auprès du ministre de l'Energie", a-t-il déploré. "Ensuite, à quoi sert un nouveau conseil d'administration s'il sera similaire aux conseils d'administrations précédents, formés par nomination directe et non selon le mécanisme adopté (en mai dernier, ndlr) par le Parlement. C'est ce qui s'est passé aujourd'hui en Conseil des ministres. Un début déformé aboutit nécessairement à des résultats déformés", a conclu M. Geagea.

Pour sa part, l'ancienne ministre de l'Energie, Nada Boustani (CPL), s'est félicitée sur son compte Twitter de ces nominations, espérant que ce "pas réformateur, pour lequel nous avons longtemps œuvré, puisse contribuer à lancer le projet de reconstruction de cette institution".

En outre, l'étude du projet de loi sur le secteur de l'électricité, présenté par le ministre de l'Energie, a été reportée à la semaine prochaine, après plusieurs remarques formulées par certains ministres, selon la chaîne LBCI. Le syndicat des employés d'EDL, qui craignent que leurs acquis soient menacés si ce texte de loi est adopté, a annoncé une grève et un arrêt des travaux de maintenance. Les employés ont à cet effet tenu un sit-in aujourd'hui afin de mettre la pression sur les autorités.

Kroll et FTI
Sur un autre plan, le gouvernement a chargé les services de sécurité "d'étudier et d'établir un rapport sur les sociétés Kroll et FTI (Forensic Technologies International Consulting) afin de déterminer si celles-ci ont des liens avec Israël", pour que la décision convenable soit prise en conséquence avant la désignation de la société qui doit mener le "forensic audit" (juricomptabilité) au sein de la Banque du Liban. Cet audit est une étape cruciale, alors que le Liban s'enfonce toujours plus dans la crise et que les négociations avec le Fonds monétaire international pour débloquer une assistance financière sont virtuellement à l’arrêt.

“Après les soupçons de liens avec Israël concernant la compagnie Kroll, le gouvernement a examiné l’option de recourir à la compagnie FTI, mais il s’est avéré que cette société pourrait également avoir des liens avec Israël. Tous les responsables se sont mis d’accord pour examiner cette question jeudi après avoir obtenu le rapport sécuritaire en question”, a expliqué Manal Abdel Samad, lors d'un point de presse à l'issue de la réunion.

La ministre des Déplacés, Ghada Chreim, a confirmé que le gouvernement "a insisté sur le forensic audit, et à l'issue du prochain Conseil des ministres, nous déciderons quelle société sera en charge, en nous basant sur un rapport sécuritaire. De son côté, la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, s'est dite "en faveur d'un audit intensif au sein de la BDL et de toutes les institutions étatiques". "Il est du droit des Libanais de consulter le résultat de cet audit. Quant à la désignation de la compagnie Kroll, je maintiens ma position favorable à cela, tant qu'aucun soupçon qui pèse sur elle n'a été prouvé", a-t-elle fait savoir. 

Kroll est un spécialiste international de la juricomptabilité, dont la présélection fin avril a été contestée par une partie de la classe dirigeante, entre autres. Des dissensions latentes ont notamment transpiré lors de la réunion du Conseil des ministres du 30 juin dernier au cours de laquelle les ministres du mouvement Amal et ceux du Courant patriotique libre se sont opposés. Les premiers accusent Kroll d’être une agence "israélienne liée au Mossad", tandis que les seconds insistent pour que l’audit ait lieu le plus vite possible. Pour plusieurs sources concordantes, dont certaines se sont publiquement exprimées sur le sujet - à l’image du PDG de FFA Private Bank, Jean Riachi dans un tweet publié le 4 juillet -, la perspective d’un audit de la BDL qui puisse déborder sur les comptes bancaires d’une partie de la classe politique "terrifie" certains responsables dans un pays où le niveau de corruption est jugé élevé par la majorité des organisations et observateurs internationaux.

Diab optimiste
Au début de la séance, le président Michel Aoun a souligné l'importance de l'audit des comptes de la BDL, qui représente "un facteur essentiel dans l'examen de la situation financière et monétaire au sein de la Banque centrale, mais aussi un élément important dans les négociations avec le Fonds monétaire international".

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Pour sa part, le Premier ministre, Hassane Diab, s'est voulu optimiste, dans son intervention en début de séance. "(...) Je peux dire qu'aujourd'hui, il y a une lueur d'espoir qui grandit, et que dans les prochaines semaines, les Libanais vont ressentir les résultats des efforts que nous déployons. (...) Le plan de soutien au panier alimentaire qui sera annoncé aujourd'hui constitue la pierre angulaire de la solution à l'inflation. Ses résultats doivent se faire ressentir rapidement et le suivi de ce mécanisme doit être minutieux et continu, afin d'empêcher l'échec du plan ou les tentatives des commerçants de le dénaturer", a-t-il ajouté. "Nous misons sur la volonté des Libanais, sur le succès du plan du gouvernement et sur le soutien de pays frères arabes qui ont refusé de laisser le Liban seul. Cela commence par l'Irak, dont nous avons reçu une délégation ministérielle, et avec qui il y aura un suivi afin d'obtenir rapidement les résultats requis".

Démission d'Alain Bifani
Toujours sur le plan financier, l'examen de la démission du directeur général du ministère des Finances, Alain Bifani, a été reporté. Selon des sources ministérielles qui se sont confiées à la chaîne LBCI, il sera demandé à M. Bifani de se présenter la semaine prochaine devant le Conseil des ministres afin d'expliquer les raisons de sa démission, avant que celle-ci ne soit tranchée. Le gouvernement a deux mois pour le faire. Selon des médias locaux, le ministre des Finances, Ghazi Wazni, a informé le cabinet avoir proposé à M. Bifani de continuer à assister aux réunions de négociations avec le FMI, et le Premier ministre Diab a affirmé qu'il va lui aussi en parler à M. Bifani.

Ce dernier avait expliqué qu'il avait fait le choix de démissionner du poste qu'il occupe depuis 2000 car il "refuse d'être complice de ce qui se passe", estimant que le Liban était aujourd'hui dans une "impasse". En annonçant sa démission, il avait défendu le plan de sauvetage économique du gouvernement, sur la base duquel ce dernier sollicite une aide financière auprès du FMI.

Par ailleurs, la ministre de la Justice a annoncé que la nomination de trois inspecteurs judiciaires a été reportée à la séance de jeudi. "Il est nécessaire de les nommer afin d'améliorer le travail de l'Inspection judiciaire", a estimé la ministre.

Enfin, Raymond Ghajar a commenté la pénurie de carburant qui provoque un rationnement encore plus sévère du courant électrique ces derniers jours. "Un navire (transportant du fuel) est arrivé aujourd'hui et l'alimentation en courant augmentera de deux heures (quotidiennement) dès mercredi. Un autre navire est attendu en fin de semaine", a-t-il expliqué.

En outre, la ministre de l'Information a annoncé que le gouvernement a accepté "de manière exceptionnelle et temporaire" que les cimenteries reprennent leur travail, tout en fixant le taux de change de la livre par rapport au dollar entre 3 850 et 3 910 L.L. pour la vente du ciment. Ce travail devra respecter des critères précis sur le plan environnemental, a précisé la ministre. Fin mai, la Cimenterie nationale avait annoncé qu’elle allait mettre au chômage technique 95% de ses employés, avant de se rétracter. Cela fait des mois que de nombreuses carrières, notamment au Liban-Nord, ont vu leur activité interrompue en raison de cette annonce de fermeture. La semaine dernière, le gouvernement avait prolongé de deux mois l'autorisation accordée aux carrières de continuer à fonctionner.

Mme Abdel Samad a enfin fait savoir que le gouvernement a approuvé un projet de décret pour l'annulation des examens officiels du brevet, du baccalauréat libanais et des épreuves des diplômes techniques pour l'année 2020.

Le gouvernement du Premier ministre, Hassane Diab, réuni en Conseil des ministres au palais présidentiel de Baabda, sous la houlette du chef de l'Etat Michel Aoun, et qui a planché sur plusieurs dossiers épineux, a nommé mardi les membres du Conseil d'administration d'Electricité du Liban (EDL), l'office qui gère le réseau électrique du pays, tranchant ainsi un dossier en suspens depuis...

commentaires (6)

LE PARTAGE COMMUNAUTAIRE DU GATEAU ETAIT AU RENDEZ-VOUS CONTRE TOUTE LOGIQUE DE COMPETENCE COMME A L,HABITUDE. QUANT A AUTRE CHOSE ON VOIT LE SPECTRE D,ISRAEL PLANER MEME DANS SES PLATS DE NOURRITURE.

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 29, le 07 juillet 2020

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Commentaires (6)

  • LE PARTAGE COMMUNAUTAIRE DU GATEAU ETAIT AU RENDEZ-VOUS CONTRE TOUTE LOGIQUE DE COMPETENCE COMME A L,HABITUDE. QUANT A AUTRE CHOSE ON VOIT LE SPECTRE D,ISRAEL PLANER MEME DANS SES PLATS DE NOURRITURE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 29, le 07 juillet 2020

  • mais enfin !!!! le premier ministre nous avait certifié que dorénavant (à partie de maintenant, désormais)... nous aurons des technocrates à chaque poste ... donc pour ces nominations, ce gouvernement est parvenu à sortir de son chapeau un technocrate compétant et indépendant, dans chaque communauté, pour le conseil d'administration d' EDL... qui pourra enfin dégager des profits... désolé, je plaisante

    C…

    18 h 16, le 07 juillet 2020

  • Si vous voulez des societes blanche-neige, sans aucun lien avec Israel, je crois que vous les trouverez en Iran (bien que...)! Quel bande de branleurs!

    IMB a SPO

    17 h 41, le 07 juillet 2020

  • Les six membres nommés au conseil d'administration d'EDL sont : Tarek Abdallah (sunnite), Hussein Salloum (chiite), Samer Salim (druze), Karim Saba ( orthodoxe), Habib Srour ( catholique ) et Chadi Kreidi (maronite). c est dommage il n y a pas un kurde parmi eux tant on nomme les responsables de ce pays selon leurs religions le liban sera un pays bananié retrograde

    youssef barada

    17 h 36, le 07 juillet 2020

  • Rien qu’à voir la photo on se sent rassuré. Une brise d’optimisme souffle soudain, nous sommes certainement bien gouvernes et bientôt tous les petits problèmes actuels seront résolus haut la main ! Excusez moi, je faisais la sieste et je viens de me réveiller en lisant l’article que la valse aux c...... continue

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 09, le 07 juillet 2020

  • Soyez tranquilles et econimisez votre énergie et notre temps. Ils ont tous des relations avec Israël que ça plaise aux barbus ou non. S’ils veulent nous faire arriver à la conclusion Que ça serait des locaux vendus qui s'occuperaient de la mission ils peuvent courir. ALORS UN CONSEIL NE PRENEZ PLUS LA PEUNE DE FAIRE QUOI QUE CE SOIT. NOUS NOUS EN OCCUPERONS APRÈS VOUS AVOIR RÉGLÉ VOTRE COMPTE.

    Sissi zayyat

    16 h 53, le 07 juillet 2020

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