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Société - Éducation

Les élèves du Liban reçus haut la main au bac français

Outre le taux de réussite exceptionnel de 99,6 %, nos bacheliers ont battu de quatre points le taux de mentions obtenues, annonce à « L’Orient-Le Jour » le conseiller culturel adjoint de l’ambassade de France chargé de l’enseignement français, Henri de Rohan-Csermak.

Les élèves du Liban reçus haut la main au bac français

Un taux de réussite de 99,6 % pour les bacheliers du système français au Liban. Photo d’illustration Bigstock

C’est avec brio que les élèves du baccalauréat français au Liban ont obtenu il y a quelques jours leur diplôme de fin d’études secondaires. L’année scolaire était pourtant compliquée, pour cause d’interruptions liées à la crise économique, au soulèvement populaire et au coronavirus. « Avec un taux de réussite de 99,6 %, les bacheliers du système français au Liban ont battu un nouveau record et enregistré une progression de presque un point par rapport à l’année passée (98,8 %). » Et sur la cinquantaine d’établissements ayant présenté des candidats au bac français, « 39 présentent un taux de réussite de 100 % ». C’est ce qu’annonce à L’Orient-Le Jour l’ambassade de France, par la voix de son conseiller culturel adjoint chargé de l’enseignement français, Henri de Rohan-Csermak. Autre record battu de quatre points par rapport aux années précédentes, « le taux très élevé de mentions remportées, dont 27,5 % de mentions très bien et 30,2 % de mentions bien ». Ce qui place le Liban parmi les pays présentant « une proportion exceptionnelle de mentions très bien ».

Rappelons que c’est sur base des notes du contrôle continu, obtenues au cours des deux premiers trimestres, lors de l’apprentissage en présentiel, que les moyennes ont été calculées par les jurys d’examen. Et ce à l’issue d’un travail d’harmonisation des notes fournies par les établissements scolaires, par souci d’équité entre les élèves.


Alexandra Kurdian, bourse d’excellence au Collège protestant français et 17,65 au bac français.


La grande qualité de l’enseignement français au Liban
Parmi les 2 778 bacheliers du système français, une petite poignée de recalés auront quasiment tous (sauf un) la possibilité de passer les épreuves en septembre prochain, aux côtés des candidats individuels (dont les établissements non homologués n’ont pas bénéficié de la validation du bac par contrôle continu). « Cent trente candidats au total présenteront donc les épreuves de septembre », affirme M. de Rohan-Csermak, assurant qu’avec la session de septembre « les résultats friseront les 100 % de réussite ».

Pour le conseiller culturel adjoint, ces résultats « très cohérents » sont la preuve d’une « très grande qualité de l’enseignement français au Liban », qui scolarise quelque 60 000 enfants. « Les élèves étaient particulièrement bien préparés, d’autant qu’ils ont bénéficié de journées de rattrapage en remplacement des fermetures qui ont ponctué la thaoura », observe-t-il. À ceux qui seraient tentés d’évoquer l’avantage que représente le contrôle continu, il répond tout de go. « C’était un vrai bac, et non pas un diplôme au rabais, et ça nous rend optimistes pour le nouveau bac », insiste-t-il, évoquant la refonte des programmes qui sera mise en application dès l’année prochaine pour les classes de terminale. Et face à ses ambitions annoncées précédemment de doubler le réseau de l’enseignement français au Liban, la France n’en garde pas moins « le projet d’extension de ce réseau dans des régions où il est peu implanté ». Une partie des nouvelles homologations se situent déjà dans des régions éloignées de la capitale et du Mont-Liban, à Tripoli, au Akkar ou au Liban-Sud. « Une décision encouragée par des taux de réussite de 100 % dans les lycées de la Mission laïque française, Lamartine de Tripoli, Habbouche à Nabatiyé, Charles de Gaulle à Damas, mais aussi au Chouf National College », révèle, à titre d’exemple, M. de Rohan-Csermak.


Louis-David Merhi, avec 19,18 de moyenne au bac français, rêve d’un avenir dans la robotique.


La grande fierté des chefs d’établissement
Alors que l’enseignement privé traverse une crise sans précédent, depuis l’adoption en 2017 de la loi 46 qui a accordé hausses salariales et échelons exceptionnels aux enseignants, et que cette crise s’aggrave avec l’effondrement économico-financier du pays, l’excellence des résultats du bac fait l’effet d’un baume au cœur. Pour les chefs d’établissement d’abord, qui font part de leur grande fierté d’afficher un taux de réussite de 100 % et, qui plus est, en temps de crise aiguë. « Je suis ravie des résultats, ravie que les deux premiers trimestres aient été comptabilisés et que la France n’ait pas opté pour les attestations (solution adoptée par le ministre libanais de l’Éducation pour les candidats au bac libanais, NDLR) », confie à L’Orient-Le Jour la directrice du Collège Notre-Dame de Nazareth, sœur Magida Fheylé. Malgré 91 % de mentions, la responsable ne peut s’empêcher de regretter que les élèves n’aient pas passé les épreuves du bac. « Ils auraient eu de meilleures notes encore, assure-t-elle, car ils mettent les bouchées doubles aux examens. » Cela ne l’empêche pas de remercier la France pour « sa confiance dans les établissements scolaires du Liban ».

« Nous sommes heureux pour nos élèves, pour leurs familles et pour l’éducation qui tient la route malgré la situation », confie de son côté le père Charbel Batour, recteur du Collège Notre-Dame de Jamhour, qui révèle « un score historique de 94 % de mentions », d’autant que « les résultats scolaires sont souvent plus sévèrement notés que les épreuves du bac ». Saluant le choix « du contrôle continu qui s’est avéré formule optimale au vu de la situation », il insiste sur « la nécessité de croire au Liban, malgré le chaos ambiant ».

Au Collège Louise Wegmann, la fierté est d’autant plus grande que le taux de mentions est également de 100 %. « Nous maintenons ce taux depuis quelques années et n’en sommes pas étonnés, malgré le caractère chaotique, voire désespérant de l’année scolaire », souligne la directrice de l’établissement Tiba Geha. Et de préciser que « ces excellents scores sont l’aboutissement de quinze années de formation, les résultats de la terminale n’étant que le couronnement de ce travail ».

À cette fierté, s’ajoute pour le proviseur du Collège protestant français (CPF), Olivier Gautier, celle de n’exclure aucun enfant, surtout ceux qui présentent des difficultés d’apprentissage. « Nous avons accompli notre mission envers tous nos élèves sans exception, et restons conformes à notre étiquette d’excellence, cette année encore », note-t-il, faisant état d’un taux de mentions de 95 %. « Outre les dispositifs alternatifs mis en place cette année pour cause de thaoura et de Covid-19, un suivi professionnel a été développé pour ces élèves, pas à pas et de manière prolongée, jusqu’à les mener vers la réussite », soutient le responsable.

Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les chefs d’établissement homologués venaient d’être informés de la volonté de la France de soutenir financièrement l’enseignement français au Liban. Les détails de l’octroi de cette aide ne sauraient tarder.


Wajih Rafeï se prépare déjà à entamer des études de médecine à Paris. Photos DR


Des notes exceptionnelles, des rêves d’avenir et quelques regrets

Cette année encore, les notes de nombreux bacheliers du pays atteignent des scores exceptionnels. Parmi eux, trois jeunes, choisis au hasard, font part de leur joie d’avoir bien réussi, et de leurs regrets de terminer leur scolarité de la sorte. Mais déjà, ils tournent la page, pensent à leur aveni et rêvent d’un Liban meilleur. Un Liban qu’ils voudraient contribuer à reconstruire, si toutefois ils ne cèdent pas à la tentation de l’émigration. Louis-David Merhi, élève du Collège des Saints-Cœurs-Aïn Najm, a obtenu la note de 19,18 sur 20. Cet excellent élève se préparait à une année normale, clôturée par un mois de retraite avant les épreuves du bac. « Entre la révolution et le coronavirus, tout a été chamboulé », regrette-t-il. « Le 28 février est officiellement devenu notre dernier jour d’école. Il a alors fallu s’adapter aux techniques de l’apprentissage en ligne. Et nos résultats scolaires sont devenus plus importants que les épreuves du bac. » De cette expérience, le jeune homme retient « la nécessité de s’adapter à toutes les situations et de valoriser tout travail réalisé ». Parce que les choses ne se passent pas toujours comme on s’y attend. Avec en ligne de mire un parcours dans la robotique à travers les grandes écoles françaises, le bachelier débutera son parcours universitaire par deux années préparatoires à la faculté de génie de l’Université Saint-Joseph. « Je n’ai pas encore de vision claire, vu la situation volatile au Liban. Je pourrais rester à l’étranger pour quelque temps. Mais j’aimerais tant contribuer à relancer l’économie du pays », espère-t-il.

Le cœur gros
Avec une moyenne de 17,65 au bac français, Alexandra Kurdian se dit « heureuse de s’en être bien sortie ». « Nous avons vécu une année scolaire si difficile et vécu tant de chocs que je m’attendais au pire », avoue-t-elle. En même temps, la jeune major de sa promotion au CPF, qui vient d’obtenir une bourse d’excellence, regrette la fin de sa scolarité en queue de poisson. « Nous avons laissé en plan tant de projets que nous aurions aimé réaliser, dit-elle. Je regrette ces moments ratés, bons ou mauvais, avec mes camarades. Je regrette aussi de ne pas avoir pu passer les épreuves du bac, de ne pas avoir vécu cette fébrilité qui va avec. » Mais déjà la bachelière se tourne vers son avenir et les études de droit qu’elle poursuivra à Paris, à la Sorbonne. « Je prépare déjà mon dossier pour l’obtention de mon visa », dit-elle. Si elle reconnaît avoir le cœur gros de partir ainsi, elle promet de revenir, si la situation du pays ne s’aggrave pas. Entre-temps, elle tient à féliciter toute sa promotion. « Nous nous sommes bien débrouillés et j’en suis fière », dit-elle.

Wajih Rafeï vient d’obtenir les félicitations du conseil de classe au CPF, avec un 19 sur 20 au bac français. Abonné aux excellentes notes depuis sa plus tendre enfance, le bachelier se prépare à partir pour l’Université de Paris, où l’attendent de longues études de médecine. C’est pourtant avec une certaine « frustration » que le délégué de sa promotion prend son envol, pour n’avoir pas réalisé toutes les activités prévues en classe de terminale. « Je suis de ceux qui aiment s’engager dans la vie associative », explique-t-il. Et puis l’année académique était particulièrement difficile. « Nous étions surchargés. Sans oublier qu’en période de confinement, il était plus dur de se concentrer », explique-t-il. Son objectif? « Rentrer au Liban un jour », dit-il sans hésiter, mû par la responsabilité d’aider son pays à se développer. « Je voudrais le faire à la fois pour ma famille et pour mon pays », précise-t-il. C’est sur cette note « d’espoir » qu’il quitte donc le Liban, tout en invitant ses camarades « à garder espoir, à ne pas baisser les bras et à poursuivre leurs rêves ».

C’est avec brio que les élèves du baccalauréat français au Liban ont obtenu il y a quelques jours leur diplôme de fin d’études secondaires. L’année scolaire était pourtant compliquée, pour cause d’interruptions liées à la crise économique, au soulèvement populaire et au coronavirus. « Avec un taux de réussite de 99,6 %, les bacheliers du système français au...

commentaires (8)

Bravo la nouvelle génération brillante, fière de vous autres et de ce qui vous arrivera de beau et de bon. Et bravo les profs Une ancienne du collège Protestant Français.

MIRAPRA

22 h 54, le 06 juillet 2020

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • Bravo la nouvelle génération brillante, fière de vous autres et de ce qui vous arrivera de beau et de bon. Et bravo les profs Une ancienne du collège Protestant Français.

    MIRAPRA

    22 h 54, le 06 juillet 2020

  • Félicitations à toutes/tous les élèves pour leur réussite !

    Yeomans Roger

    16 h 48, le 06 juillet 2020

  • Bravo à tous. Je suis toujours étonnée de voir à quel points les libanais se battent envers et contre tout. Cette génération aussi... Bravo à tous ces élèves. Souhaitons leur le meilleur ici ou ailleurs. Une note d'optimisme...

    Sybille S. Hneine

    16 h 47, le 06 juillet 2020

  • Ce n'est NI en IRAN, NI en SYRIE, que de tels résultats sont possibles. N'en déplaise a ces 2 regimes corrompus et d'un autre siècle, le Liban est et restera culturellement SUPERIEUR à eux.....

    Tabet Karim

    15 h 36, le 06 juillet 2020

  • LA VERITE BRAVO A TOUS CES JEUNES UN REGRET NEANMOINS TOUS PARTIRONT BIENTOT VERS D'AUTRES PAYS CAR LE LIBAN EST DEVENU POUR NOUS TOUS UNE DICTATURE DIRIGEE PAR DES IGNORANTS ET DES CORROMPUS ET DES ASSOCIES A DES VENDUS A UN PAYS ENCORE PLUS DICTATORIAL QUE LE LIBAN

    LA VERITE

    14 h 38, le 06 juillet 2020

  • Du vrai beaume au coeur que ces réussites de la nouvelle génération pour l'avenir du Liban et de la Culture Française au pays du Cèdre.

    Remy Martin

    09 h 22, le 06 juillet 2020

  • Nos jeunes sont sans reproches. Nous par contre...

    Gros Gnon

    07 h 18, le 06 juillet 2020

  • BRAVO, BRAVO, BRAVO!!!! Des résultats qui nous remplissent le cœur de fierté, même si nous ne connaissons pas ces jeunes! Nous leur souhaitons le meilleur, vraiment!

    NAUFAL SORAYA

    07 h 16, le 06 juillet 2020

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