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Économie - Protestation

Les professionnels du tourisme menacent de fermer leurs établissements

Le secteur demande un arrêt du paiement des taxes et impôts étatiques, ainsi que l’instauration d’un « dollar touristique ».

Les professionnels du tourisme menacent de fermer leurs établissements

Les professionnels du secteur touristique lors d’une conférence de presse hier à Beyrouth. Photo M.A.

Après que plusieurs enseignes comme Mike Sport, Marie France, Brands for Less, ou encore Carter’s et OshKosh B’gosh eurent annoncé jeudi la fermeture, temporaire pour le moment, de leurs portes en signe de protestation contre l’inaction du gouvernement face à la crise économique et financière que subit le Liban de plein fouet depuis plusieurs mois, les acteurs du secteur touristique ont menacé de leur emboîter le pas « à partir du 3 août » si leurs revendications n’étaient pas entendues.

Lors d’une conférence de presse hier à Beyrouth, les principaux acteurs de la filière ont appelé les autorités à prendre des mesures afin d’aider le secteur, martelé tour à tour que c’est « la mauvaise gestion durant des années qui (les) a conduits à cette situation ». Les revendications ont été résumées en fin de conférence par Jean Beyrouthi, le président du syndicat des propriétaires d’établissements balnéaires. Le secteur touristique demande un arrêt du paiement des taxes et impôts étatiques et la baisse des taux d’intérêt sur les crédits bancaires, argumentant que « si vous (l’État) ne nous aidez pas, alors ne nous demandez rien ». Une autre revendication centrale concerne l’instauration d’un « dollar touristique, essentiellement pour payer l’Association internationale du transport aérien (IATA) », à un taux plus avantageux et stable, sans toutefois le préciser, que celui du marché noir qui a atteint hier 9 600 livres pour un dollar à l’achat et 10 000 livres à la vente selon le site Lebaneselira.org (8 000 livres selon d’autres sources). La livre a commencé à se déprécier à la fin de l’été 2019, sa chute s’accélérant le mois passé. Elle était encore aux alentours des 4 100 livres début juin.

Appel à une démission du gouvernement

Plus en détail, le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, a voulu mettre le gouvernement devant ses responsabilités. « Soit vous prenez des décisions rapides et efficaces, soit vous démissionnez », a-t-il martelé, mettant en relief les « demandes d’aide restées vaines ». Quant à Jean Beyrouthi, il a dévoilé que « beaucoup de stations balnéaires envisagent une fermeture définitive de leurs portes » et qu’elles « travaillent à perte en raison de l’instabilité du taux de change ». Dans ce contexte, il a mis en garde contre une émigration forcée d’une partie de la population « qui n’attend aujourd’hui qu’un vol ou un visa ».

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Le président du syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries, Tony Rami, a, pour sa part, rappelé la contribution à l’économie du pays de ce secteur « qui a apporté 80 milliards de dollars d’entrée de devises en dix ans et payé 40 milliards de dollars de taxes ». Le président du syndicat des agences de voyage, Jean Abboud, s’est, quant à lui, plaint des restrictions bancaires mises en place par les banques depuis la fin de l’été 2019, qui ne leur permettent pas de payer leurs contributions à l’IATA et à leurs partenaires commerciaux comme les compagnies aériennes et les hôtels. Il a en outre indiqué que, cette année, « il n’y aura que 10 % des transferts habituels ». Enfin, le président du syndicat des voitures de location, Mohammad Dakdouk, a demandé à pouvoir bénéficier des taux pratiqués chez les changeurs agréés fixés par la Banque du Liban depuis le 18 juin à 3 850 livres le dollar à l’achat et 3 900 à la vente, ou de celui en vigueur dans les banques, qui est passé ce lundi de 3 000 livres pour un dollar à 3 850 livres. « Les acteurs de ce secteur sont dans l’obligation de payer en dollars et en liquide les pièces de rechange des voitures », a-t-il expliqué.

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Selon les chiffres avancés par les professionnels du tourisme, ce secteur fait vivre « 160 000 personnes qui sont inscrites à la Caisse nationale de Sécurité sociale », sans oublier les « 300 000 étudiants » qui financent leurs études en travaillant dans cette filière. Ce secteur a constitué « 10 % du PIB » libanais de manière directe et « 15 % de manière indirecte ». Or, malgré toutes les crises qu’il a traversées, comme l’instabilité liée à l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en 2005, la guerre entre le Hezbollah et Israël en 2006 et le début de la guerre en Syrie en 2011, « c’est la première fois que ce secteur va si mal », ont souligné les intervenants.

En 2010, grâce au pic de plus de 6 millions de touristes ayant visité le Liban, non égalé depuis, ce secteur avait constitué « 30 % du PIB libanais », qui s’élevait alors à 38,44 milliards de dollars, selon la Banque mondiale. C’est ensuite qu’a commencé le déclin du secteur, « chaque année étant pire que la précédente ». En 2012 par exemple, ses revenus avaient diminué de « 50 % » par rapport à ceux de 2011. L’année 2017 leur a en revanche, contre toute attente, « offert une bouffée d’oxygène », en raison de l’entrée dans le pays de « deux millions de touristes ». Éclaircie de courte durée puisque l’activité est rapidement repartie à la baisse, « accélérée par le mouvement de contestation du 17 octobre 2019 », pendant lequel les principaux axes routiers ont été coupés durant plusieurs semaines. « Le coup fatal a été donné par les mesures de confinement liées à la lutte contre le Covid-19 », a encore dit Jean Beyrouthi.

En février, le syndicat des restaurateurs avait indiqué que 785 établissements avaient mis la clé sous la porte entre septembre 2019 et janvier 2020, dont 240 fermetures sur ce seul mois. Ces chiffres n’ont pas encore été mis à jour.

Après que plusieurs enseignes comme Mike Sport, Marie France, Brands for Less, ou encore Carter’s et OshKosh B’gosh eurent annoncé jeudi la fermeture, temporaire pour le moment, de leurs portes en signe de protestation contre l’inaction du gouvernement face à la crise économique et financière que subit le Liban de plein fouet depuis plusieurs mois, les acteurs du secteur touristique...

commentaires (1)

Frermeture de Stations balneaires : ESPERONS , de cette facon ils liberent la cote qu'ils se sont appropriés GRATUITEMENT....... Pour les taxes payées et NON payées ceci est une autre question vaut mieux qu'ils mettent ce desir pour plus tard. Vivement leur grève .

aliosha

13 h 11, le 04 juillet 2020

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Commentaires (1)

  • Frermeture de Stations balneaires : ESPERONS , de cette facon ils liberent la cote qu'ils se sont appropriés GRATUITEMENT....... Pour les taxes payées et NON payées ceci est une autre question vaut mieux qu'ils mettent ce desir pour plus tard. Vivement leur grève .

    aliosha

    13 h 11, le 04 juillet 2020

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