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Société - Liban

Vague de colère après deux suicides, dont un en pleine rue à Hamra

"Où sont les autorités ? Nous n'arrivons à acheter de la nourriture. Les gens meurent de faim", s'insurge une manifestante à Hamra.

Vague de colère après deux suicides, dont un en pleine rue à Hamra

Une manifestante tenant un panneau sur lequel on peut lire "Il ne s'est pas suicidé, le gouvernement l'a tué", à Hamra, le 3 juillet 2020. Photo Joao Sousa

Un sexagénaire s'est suicidé vendredi matin dans le quartier de Hamra, à Beyrouth sur le trottoir près d'un café, alors qu'un autre trentenaire a été retrouvé pendu chez lui dans le Sud, dans un contexte marqué par l'aggravation de la pire crise économique que connaît le Liban. Deux suicides qui ont choqué le pays, suscitant une vague de colère.

Selon des témoignages recueillis par L'Orient-Le Jour auprès d'une personne qui passait dans le quartier vers dix heures du matin et d'un homme qui travaille au théâtre al-Madina, cet homme, né en 1959 et originaire du Hermel, était assis sur une chaise en plastique à l'entrée de l'immeuble qui abritait le cinéma Saroula, près du café Dunkin Donuts. Il a sorti un pistolet et s'est tiré une balle dans la tête qu'il avait recouverte d'une pièce de tissu.  Sur sa poitrine, il avait accroché un extrait de son casier judiciaire, vierge, et une feuille sur laquelle était inscrite la phrase suivante : "Je ne suis pas un mécréant", reprenant les paroles d'une chanson de Ziad Rahbani qui commence par cette phrase : "Je ne suis pas un mécréant, c'est la faim qui est une mécréante". D'autres médias locaux, citant des témoins du drame, indiquent que l'homme a crié "Pour un Liban libre et indépendant" avant de commettre l'irréparable. Ils indiquent également que l'homme vivait dans la rue. Les forces de sécurité se sont rendues sur les lieux pour déterminer les circonstances de ce drame.

Plusieurs contestataires se sont rassemblés dans la rue Hamra pour crier leur colère et faire assumer la responsabilité de ce suicide au pouvoir, jusque là incapable d'enrayer l'effondrement économique du pays. "Où sont les autorités ? Nous n'arrivons à acheter de la nourriture. Les gens meurent de faim", a déclaré une manifestante à la télévision.

"Je ne suis pas un mécréant. C'est vous les mécréants", peut-on lire sur ce panneau que tient une manifestante sur la rue Hamra. Photo DR

"Non, évidemment, vous n'êtes pas un mécréant, cher bon frère citoyen. C'est le pouvoir qui l'est. C'est celui qui est incapable de défendre son honneur qui est le véritable suicidé et le paiera très cher de sa vie", a twitté le secrétaire général du bloc parlementaire des Forces libanaises, Fady Karam. Les FL sont des opposants déclarés au gouvernement.

Pour mémoire

Crise économique : en l'espace de quelques heures, deux hommes tentent de s'immoler par le feu au Liban-Sud

En fin de journée, des dizaines de personnes se sont rassemblées à Hamra, répondant à plusieurs appels lancés sur les réseaux sociaux. Les manifestants ont notamment appelé à "la chute du régime", sous forte surveillance des forces des sécurité, copieusement traitées de "chabbiha" (voyous à la solde du régime). Certains des manifestants portaient des gilets de couleurs vives sur lesquels était imprimé le numéro 1564, la hotline de l'organisation Embrace contre le suicide. "Il ne s'est pas suicidé, le gouvernement l'a tué", pouvait-on lire sur des pancartes brandies par d'autres contestataires. 

Des femmes brandissant des pancartes avec le numéro de téléphone de l'ONG Embrace contre le suicide, lors d'un sit-in à Hamra, le 3 juillet 2020. Photo D.R.

Un chauffeur de van retrouvé pendu non loin de Saïda
Par ailleurs, un homme, originaire de Saïda, a été retrouvé pendu dans la localité de Wadi el-Ziné, dans l'Iqlim el-Kharroub, non loin de Saïda, au Liban-Sud. Les forces de sécurité se sont rendues sur les lieux pour conduire une enquête. Selon notre correspondant Mountasser Abdallah, ce chauffeur de van et père d'une fille avait des difficultés financières. Interrogé par notre correspondant, l'oncle de la victime a indiqué avoir appris la triste nouvelle à six heures du matin. Selon ce témoignage, l'épouse du chauffeur a entendu des bruits suspects venant de l'intérieur d'une pièce de leur domicile, qui était fermée à clé. Elle a alors essayé d'y entrer par un autre accès et a découvert son mari.

Au nord-est de Saïda, dans le quartier de Charhabil, une cinquantaine de personnes ont organisé un sit-in en hommage aux deux hommes qui se sont suicidés dans la matinée, rapporte notre correspondant sur place, Mountasser Abdallah. "Non à la politique de la famine", pouvait-on notamment lire sur des pancartes brandies par des manifestants, qui ont également scandé le slogan, devenu symbolique, "Je ne suis pas un mécréant, c'est la faim qui est une mécréante".

La crise économique que traverse le Liban se traduit notamment par une chute vertigineuse de la livre libanaise face au dollar et une inflation galopante des prix, notamment des denrées alimentaires. Selon la Banque mondiale, près de la moitié de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté. Plusieurs suicides liés à la crise ont déjà eu lieu au Liban depuis octobre dernier.

Un sexagénaire s'est suicidé vendredi matin dans le quartier de Hamra, à Beyrouth sur le trottoir près d'un café, alors qu'un autre trentenaire a été retrouvé pendu chez lui dans le Sud, dans un contexte marqué par l'aggravation de la pire crise économique que connaît le Liban. Deux suicides qui ont choqué le pays, suscitant une vague de colère.Selon des témoignages recueillis par...

commentaires (11)

pour chasser les syriens du liban il y a eu 1 millions de libanais dans la rue à la mort de rafic hariri , il faut combien de mort parmi le peuple pour que quelque disaines de milliers de gens descendrent dans la rue?le peuple est aussi complice que les gouvernants C EST VRAI ILS OBEISSENT A LEURS ZAIMS si non ils n auront rien à manger

youssef barada

00 h 03, le 04 juillet 2020

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Commentaires (11)

  • pour chasser les syriens du liban il y a eu 1 millions de libanais dans la rue à la mort de rafic hariri , il faut combien de mort parmi le peuple pour que quelque disaines de milliers de gens descendrent dans la rue?le peuple est aussi complice que les gouvernants C EST VRAI ILS OBEISSENT A LEURS ZAIMS si non ils n auront rien à manger

    youssef barada

    00 h 03, le 04 juillet 2020

  • M. Fady Karam : Vous et vos semblables qu'ont ils fait depuis 1985 pour empecher ces drames . Maintenant LA FERME...

    aliosha

    20 h 59, le 03 juillet 2020

  • Deux morts par suicide, et ils ne seront pas les derniers. Leur mort nous interpelle. Condoléances à leurs familles. Et que les politiciens (quelques-uns, pas tous) s’abstiennent de réagir par Tweeter ou autre, ce n’est pas le moment de faire de la récupération…

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    19 h 37, le 03 juillet 2020

  • Et après ceci?? Ils ne veulent pas qu'on les insulte??? Mais ILS NE MERITENT QUE CECI !!!!!!!!!! TFEH .......................................

    LE FRANCOPHONE

    18 h 03, le 03 juillet 2020

  • Le Liban est devenu Venezuela, qui est derrière tout ca , la Syrie , Isreael ou l'Iran?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 48, le 03 juillet 2020

  • La mort de nos deux frères Libanais est la mort dans l'âme de chacun de nous Libanais!!! Allah yirhamoub.... Et qu'il nous donne la volonté et la force de remettre le pays sur pieds en leur honneur!!

    Wlek Sanferlou

    17 h 46, le 03 juillet 2020

  • Devant ces suicides qui choquent l’opinion publique la démission du gouvernement est devenue super nécessaire pour sauver ce qui reste du pays sauf si les ministres sont des crocodiles

    Antoine Sabbagha

    16 h 47, le 03 juillet 2020

  • MONSIEUR LE GENERAL EN CHEF DE L'ARMEE LIBANAISE TOUT LE MONDE SAIT QUE C'EST LES POLITICIENS QUI SONT RESPONSABLES DE CE SUICIDE DE PAR LEUR ACTES DE CORROMPUS QUI ONT AMENNE LE PAYS A CE STADE DE POURRITURE LA VERITE EN OBEISSANT AUJOURDH'UI A LEURS ORDRES SANS VOULOIR PRENDRE LA SEULE INITIATIVE PERSONELLE QUI PEUT SAUVER ENCORE LE LIBAN BEAUCOUP COMMENCE A PENSER QUE VOUS ETES AUSSI L'UN D'EUX LA REVOLUTION PACIFIQUE A BESOIN E VOTRE SOUTIENT POUR REUSSIR , REFLECHISSER A CELA AVANT DE DORMIR CE SOIR S'IL VOUS PLAIT POUR NE PAS AVOIR D'AUTRES SUICIDES SUR VOTRE CONSCIENCE

    LA VERITE

    16 h 37, le 03 juillet 2020

  • La chute de la livre libanaise ne peut être stoppée que par des mesures économiques que l'on attend en vain depuis 5 mois. Mais l'augmentation des prix est beaucoup plus facile à juguler. Que les commerçants revendent leurs produits avec des bénéfices qui vont jusqu'à 1000% est scandaleux. Que l'on mette en œuvre là police des prix qui nous a été promise. Aucun besoin d'une loi nouvelle : cette mesure peut être prise en 1/4 h. Mais bien entendu qui parmi nos dirigeants, s'en soucie ?

    Yves Prevost

    16 h 28, le 03 juillet 2020

  • OU EST LE PEUPLE LIBANAIS FIER ?!?!? OU EST LE PEUPLE POUR DESCENDRE PAR CENTAINE DE MILLIERS ET BLOQUER DE FACTO LES RUES DE PAR LEUR NOMBRE

    Bery tus

    16 h 14, le 03 juillet 2020

  • On ne peut commenter des informations aussi dramatiques. Il faut laisser ce soins à nos gouvernants

    Lecteur excédé par la censure

    15 h 59, le 03 juillet 2020

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