Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a accusé, jeudi en ouverture du Conseil des ministres consacré à la situation économique qui s'aggrave de jour en jour, "des parties locales et étrangères" de vouloir "assiéger les Libanais", alors que ses parrains accentuent la pression sur son cabinet.
"Des parties locales et étrangères ont œuvré et œuvrent à assiéger les Libanais et à impliquer le Liban dans les conflits de la région", a déclaré M. Diab dans une longue diatribe contre ceux qui entravent l'action de son cabinet. "Il s'agit d'un siège politico-financier destiné à affamer les Libanais alors que dans le même temps, ils disent vouloir aider le peuple libanais. Ils nous demandent des réformes, mais de l'autre côté, ils fournissent une protection à la corruption et aux corrompus, et nous empêchent d'avoir accès aux dossiers des fonds volés", a ajouté le Premier ministre, dénonçant des "intérêts personnels, politiques et communautaires". "Ils jouent sur la valeur du dollar américain et portent atteinte à la livre libanaise, et ils essaient d'empêcher la mise en œuvre des mesures du gouvernement pour tenter de régler cette question. Le jeu sur le dollar est devenu clair et flagrant pour tout le monde", a-t-il estimé. "Ils nous demandent des mesures financières, et ils sortent l'argent vers l'étranger et empêchent les transferts, ainsi que le déblocage des crédits pour le fioul, le mazout, les médicaments et la farine pour couper le courant, affamer les Libanais et les laisser mourir sans médicaments". "Nous nous sommes tus face à des agissements diplomatiques qui constituent d'importantes violations des usages internationaux afin de préserver les amitiés et les relations, mais un tel comportement défie les usages fraternels et diplomatiques", a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement fait référence à la polémique autour des propos hostiles au Hezbollah de l'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Dorothy Shea, après lesquels un juge de Tyr avait émis un jugement interdisant toute interview de la diplomate. A l'issue d'un entretien, lundi, avec le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, Mme Shea avait affirmé que la page avait été tournée.
Le Liban, où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, connaît sa pire crise économique depuis la guerre civile des années 1975-1990. Le mouvement de contestation entamé le 17 octobre visant la classe politique et la corruption a provoqué la chute du gouvernement d'union nationale de Saad Hariri, auquel a succédé celui de Hassane Diab, parrainé par le Hezbollah et ses alliés.
"Le rôle du gouvernement est-il terminé ?"
Lors de son intervention, M. Diab a défendu l'action de son cabinet qui semble être lâché par ses parrains, qui critiquent sa lenteur dans la mise en œuvre des réformes. "Nous savions que nous allions faire face à des accumulations et de grandes crises. Nous n'avons pas eu peur de livrer cette bataille pour sauver le pays (...) Nous n'avons aucune ambition politique ou électorale, et nous nous sommes plongés dans le travail, chantier après chantier, crise après crise. Ce sont des problèmes accumulés depuis des dizaines d'années qui ont explosé en même temps", a déclaré le Premier ministre. "Nous essayons de freiner l'effondrement et de réduire l'ampleur du choc et des dégâts sur le pays", a-t-il ajouté.
"Dans ce contexte, plusieurs questions se posent : ce gouvernement est-il devenu impuissant face aux défis auxquels il est confronté ? Avons-nous perdu la bataille ? Le rôle du gouvernement est-il terminé ?", s'est-il interrogé tandis que les rumeurs d'un remaniement et d'un changement de gouvernement se sont intensifiées ces derniers jours, alors que le cabinet de Hassane Diab. "Pour moi, la réponse est claire", a-t-il tranché.
Néanmoins, en coulisses, les contacts s'intensifient. Le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, s'est ainsi entretenu avec le président du Parlement et leader du mouvement Amal, Nabih Berry, qui sont, avec leur allié du Hezbollah, les principaux parrains du gouvernement. Et le vice-président du Parlement, Elie Ferzli, s'est entretenu avec le leader du courant du Futur, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, et a affirmé que "revoir la composition du gouvernement est devenu obligatoire". Quant à M. Hariri, il a affirmé qu'il avait ses conditions pour revenir à la tête du gouvernement, critiquant sévèrement le Premier ministre Diab et son équipe.
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"Des parties locales et étrangères ont œuvré et œuvrent à assiéger les Libanais et à impliquer le Liban dans les conflits de la région", a déclaré M. Diab dans une longue diatribe contre ceux qui entravent l'action de son cabinet. "Il s'agit d'un siège politico-financier destiné à affamer les Libanais alors que dans le même temps, ils disent vouloir aider le peuple libanais. Ils nous demandent des réformes, mais de l'autre côté, ils fournissent une protection à la corruption et aux corrompus, et nous empêchent d'avoir accès aux dossiers des fonds volés", a ajouté le Premier ministre, dénonçant des "intérêts personnels, avant d etre PM vous savez tout ca si votre tache est impossible qu est ce que vous attendez pour rendre votre tablier et laisser le peuple libanais dans sa merde
youssef barada
22 h 24, le 04 juillet 2020