Nous aurions voulu vous parler de la France, regretter sa frilosité inaccoutumée en cette période critique, déplorer son incapacité à soutenir les écoles francophones au Liban, confrontées à une crise existentielle, et à aider efficacement les importateurs de livres en français, comme si, défaitiste, elle avait renoncé à défendre la francophonie au pays du Cèdre... Mais les fautes récemment commises par nos dirigeants sont tellement énormes qu'on ne pouvait les passer sous silence. Par où commencer ? La nomination louche d'un directeur général par le Conseil des ministres réuni un jour plus tôt que prévu pour éviter qu'il ne franchisse la limite d'âge ; une table ronde consacrée au dialogue national qui n'aboutit à rien ; des poursuites pénales abusives et l'arrestation arbitraire d'une poignée de révolutionnaires inoffensifs alors que les casseurs du centre-ville courent toujours ; une ordonnance hérétique rendue par un magistrat impudent à l'encontre d'une diplomate et de la liberté d'expression ; les aveux d'un ministre qui admet calmement, en direct à la télévision, avoir abattu deux hommes pendant la guerre et bénéficié de la couverture magnanime de son supérieur devenu président ; la démission fracassante du directeur général des Finances ; sans compter le trafic en direction de la Syrie à travers des voies de passage « protégées », le problème des réfugiés syriens, la dégringolade historique de la livre, la pénurie alimentaire et dans les pharmacies, le scandale de l'électricité et la hausse hallucinante des prix. Le bilan autoproclamé du Premier ministre devrait être inversé : 97% de vent et de bévues pour 3% de réalisations. Ce gouvernement de faux technocrates aura échoué sur toute la ligne, victime de son manque d'imagination, de ses conseillers bornés, de sa léthargie et de sa dépendance à l'égard de ses mentors sulfureux qui le rendent suspect et indésirable aux yeux de la communauté internationale. Au vu de cet échec cuisant, une seule solution : la démission immédiate pour permettre la composition d'un gouvernement de salut national, efficace et réellement indépendant, capable de sauver le Liban moribond avant qu'il ne soit trop tard.
Édito
Fiasco
OLJ / Par Alexandre NAJJAR, le 02 juillet 2020 à 00h00
commentaires (11)
Tous les pays arabes sont en régression et les raisons sont multiples. La société ne peut pas être gérée par la religion. L’état ne peut pas être dirigé par des clans avec transmission des responsabilités de père en fils. L’éducation n’est pas assurée et un peuple sans éducation et sans culture est un peuple qui vote pour les corrompus... L’argent a coulé à flots grâce au pétrole mais ceci a-t-il amélioré les conditions de vie des peuples concernés ? A-t-il amélioré la gouvernance? Absolument pas. Pour le Liban, la fuite des cerveaux et de la jeunesse, l’incompétence des dirigeants et leur mépris du peuple ne laissent rien présager de bon. J’ai quitté mon pays en 1975, j’y reviens 1 à 2 fois par an, et je mesure le désastre sociétal, économique et culturel. Que je suis pessimiste, et il y a de quoi l’être. Bonne journée à tous ceux qui vont lire ce commentaire
mokpo
17 h 44, le 12 juillet 2020