La situation au Liban devient "alarmante" et la France redoute que le mécontentement social débouche sur une escalade de la violence, a déclaré mercredi le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
"La situation est alarmante avec une crise économique et financière, sociale et humanitaire renforcée par les risques du coronavirus", a dit le ministre lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. "A mesure que la crise sociale s'aggrave et que les réformes tardent à se concrétiser (...) les risques de violences augmentent", a souligné Jean-Yves Le Drian, en allusion à de récents affrontements "à caractère confessionnel (...) alors que, jusqu'à présent, le mouvement de mobilisation réunissait des Libanais de tous bords autour d'aspirations légitimes et de revendications économiques et sociales (...) pour moins de corruption, davantage de transparence, une meilleure gestion économique et une réforme des secteurs-clé de l'électricité et du secteur bancaire, considérés comme la chasse gardée de certains" . "C'est une dérive très préoccupante", a-t-il ajouté.
Jeudi dernier, le président Michel Aoun avait évoqué une "atmosphère de guerre civile" lors de récentes manifestations populaires organisées notamment à Beyrouth et le chef de l'Etat s'est inquiété de manœuvres visant à attiser les tensions entre communautés.
Le Liban, où près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, connaît sa pire crise économique depuis la guerre civile. Cette crise a été un des catalyseurs en octobre d'un soulèvement inédit contre l'intégralité de la classe politique, accusée de corruption et d'incompétence. Le Liban a sollicité début mai une aide du FMI, après avoir annoncé un plan de réformes et de relance économique qui n'a toujours pas été mis en œuvre. Mais les négociations avec le FMI piétinent et la directrice de l'institution Kristalina Georgieva a reconnu vendredi qu'il n'y avait aucune percée en vue.
"Nous disons aux autorités libanaises que les réformes sur lesquelles le gouvernement de Hassane Diab s'est engagé doivent être concrètement mises en œuvre pour que nous puissions nous-mêmes nous mobiliser financièrement et aider à ce que les réformes se mettent en place (...)", a-t-il ajouté. "Je vais me rendre prochainement au Liban pour le dire avec force", a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Interrogée par L'Orient-Le Jour, l'ambassade de France au Liban a déclaré qu'aucune date n'avait encore été fixée.
Il y a deux semaines, le Quai d'Orsay avait exprimé, par la voix de sa porte-parole, la préoccupation de la France face à la profonde dégradation de la situation économique et sociale du pays, tout en appelant les autorités libanaises à lancer les réformes.
Fonds de soutien aux écoles chrétiennes
Sur un autre plan, M. Le Drian a évoqué la situation des écoles chrétiennes francophones au Liban, au nombre de 333, et de la région, "vecteurs de pluralisme, relais d'influence et foyers de francophonie au Proche- et au Moyen-Orient", en difficulté financière. "Il importe que nous puissions nous mobiliser pour les aider (...) et nous allons agir dans ce domaine de manière très significative pour permettre à ces écoles de tenir le coup pour la rentrée prochaine", a déclaré M. Le Drian.
Dans ce cadre, le ministre a annoncé que la France allait mettre en œuvre un fonds de soutien aux écoles chrétiennes du Proche et du Moyen-Orient, opérationnel "dès cet été", baptisé du nom de famille de Charles Personnaz, directeur de l’Institut national du patrimoine et bénévole à l’Œuvre d’Orient, une association française active depuis plus de 160 ans au service des chrétiens d’Orient. M. Personnaz est l’auteur d’un rapport sur le renforcement de l’action de la France dans la protection du patrimoine du Moyen-Orient et le soutien au réseau éducatif des communautés chrétiennes de la région.La création d’un fonds de soutien pour les écoles chrétiennes au Moyen-Orient avait déjà été évoquée en janvier dernier par le président Emmanuel Macron, à l’occasion d’une visite à Jérusalem.
commentaires (4)
Tout le desordre au Liban c'est la mana aux Sionistes et les libanais un peuple intelligent n'a rien compris
Eleni Caridopoulou
18 h 38, le 02 juillet 2020