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Politique - Liban-USA

« La page est tournée », place à la désescalade

Le juge Mohammad Mazeh, convoqué par le CSM, entendrait présenter sa démission aujourd’hui.

« La page est tournée », place à la désescalade

Nassif Hitti et Dorothy Shea lors de leur entretien, hier. Photo ANI

« La page est tournée. » C’est en ces termes que l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Dorothy Shea, s’est exprimée hier à l’issue d’un entretien avec le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, à la suite de la polémique suscitée par la décision prise samedi par le juge des référés de Tyr, Mohammad Mazeh, interdisant aux médias opérant sur le territoire libanais de recueillir les déclarations de la diplomate américaine pendant un an. Dans une interview diffusée vendredi par la chaîne saoudienne al-Hadath, la diplomate américaine avait accusé le Hezbollah « d’empêcher toute solution économique » au Liban en crise, prévenant que des sanctions pourraient viser des alliés non chiites du parti pro-iranien. Une source proche du dossier a confié à L’Orient-Le Jour que la discussion entre M. Hitti et Mme Shea a principalement porté sur les relations bilatérales et la nécessité de préserver la liberté d’expression et de la presse au Liban.

À la veille de cet entretien, des médias avaient laissé entendre que le ministre des Affaires étrangères entendait convoquer la diplomate américaine pour lui signifier qu’elle ne devait pas inciter une partie des Libanais contre l’autre, en l’occurrence ceux qui sont hostiles au Hezbollah contre ceux qui le soutiennent, violant ainsi la convention de Vienne sur les relations diplomatiques. Toutefois, de source informée, on apprend que M. Hitti n’aurait pas formulé expressément une telle demande devant l’ambassadrice américaine et que le Liban officiel aurait, au contraire, manifesté sa volonté de calmer les esprits et d’éviter toute escalade pouvant mener à une crise diplomatique avec les États-Unis.

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À l’issue de son entretien avec Nassif Hitti, Dorothy Shea a donné lecture d’un communiqué préalablement rédigé, au ton extrêmement mesuré comparé à ses précédentes déclarations aux médias ces derniers jours, et principalement axé sur le maintien des bons rapports entre Beyrouth et Washington. Un geste interprété, dans certains milieux diplomatiques, comme une volonté de ne pas alimenter la polémique suscitée par la décision du juge Mohammad Mazeh. « Le ministre des Affaires étrangères et moi-même avons tenu une réunion positive, et insisté sur l’importance des relations bilatérales », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : « Parmi les questions que nous avons évoquées, le verdict rendu récemment (par le juge des référés de Tyr). Nous avons tourné la page de cet incident qui a détourné l’attention de la véritable crise, à savoir la situation économique qui se dégrade au Liban. » Et la diplomate d’assurer que « Washington continuera à aider le peuple libanais, tant que le gouvernement prendra les décisions à même de remédier aux causes de cette crise ». Louant « la collaboration visant à faire progresser les intérêts communs des deux pays », Dorothy Shea a assuré que « les rapports bilatéraux sont bons et nos deux peuples continueront à en profiter ».

De son côté, le ministère des Affaires étrangères a publié un communiqué succinct, dans lequel il apparaît que Nassif Hitti a insisté sur le fait que « la liberté d’expression et celle de la presse sont sacro-saintes ». Le texte indique aussi que la discussion a porté sur « les relations bilatérales et la coopération entre les deux pays dans tous les domaines, pour sortir le Liban de la crise actuelle ».

Séparation des pouvoirs

C’est donc loin de toute escalade que le volet politique de l’affaire a été réglé, sans la moindre réaction gouvernementale à la décision de Mohammad Mazeh. Un fait qu’a relevé hier l’ancien chef de l’État Michel Sleiman à l’issue de son entretien avec l’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Walid Boukhari. L’ex-président a exhorté le cabinet Diab à « prendre une position claire à ce sujet pour sauver la réputation du Liban en tant que pays des libertés ». S’indignant des « atteintes à la liberté de la presse », M. Sleiman a appelé le cabinet à rectifier le tir sur ce plan. Mais dans les milieux de l’exécutif, on ne semble pas l’entendre de cette oreille. On justifie le silence du cabinet par le respect du principe de séparation des pouvoirs, tout en confiant que, pour le moment, il n’est pas question d’envenimer les rapports avec Washington.

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Sur le plan judiciaire, le Conseil supérieur de la magistrature a convoqué Mohammad Mazeh pour une audition ce matin à 11 heures. Mais dans une déclaration à la presse, le juge des référés de Tyr a indiqué qu’il ne se rendra pas à l’audience fixée par le CSM, et présentera sa démission, sachant que les textes de loi en vigueur stipulent que tant qu’un magistrat exerce ses fonctions, il est tenu de se présenter à toute convocation de la part du CSM.

« La page est tournée. » C’est en ces termes que l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Dorothy Shea, s’est exprimée hier à l’issue d’un entretien avec le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti, à la suite de la polémique suscitée par la décision prise samedi par le juge des référés de Tyr, Mohammad Mazeh, interdisant aux médias opérant sur le...

commentaires (9)

Dommage il n’a fait qu’enfoncer encore plus le Liban et à participer encore plus à l’éloignement de l’aide de la communauté occidentale ... il doit être convoquer pour répondre de ces actes

Bery tus

16 h 14, le 30 juin 2020

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Dommage il n’a fait qu’enfoncer encore plus le Liban et à participer encore plus à l’éloignement de l’aide de la communauté occidentale ... il doit être convoquer pour répondre de ces actes

    Bery tus

    16 h 14, le 30 juin 2020

  • Quelles sont les sanctions qui seront prises contre ce personnage qui se croit au dessus des lois pour refuser de se représenter à l’audience du CSM alors qu’il exerce encore ses fonctions? Hein? Il ira se cacher dans les jupons de son maître comme les autres où il sera gratifié d’un poste loin des yeux mais plus important que celui qu’il occupait avant son outrage?

    Sissi zayyat

    10 h 41, le 30 juin 2020

  • De tels agissements se passent de tous commentaires! Quand au gouvernement qui soit disant respecte la liberté de presse et de la parole, qu'il nous explique les arrestations et le tabassage systématique d'une frange de la population pendant qu'il laisse libre cours a ceux du Hezbollah, Amal PSNS, et co. !

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 38, le 30 juin 2020

  • IL FAUT AMPUTER LE CORPS LIBANAIS DU CANCER ET DE LA GANGRENE QUI LE RONGENT. ET POUR CELA IL FAUT DES PATRIOTES AVEC LE SLOGAN : LEBANON FIRST !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 31, le 30 juin 2020

  • Elle doit bien se marrer l’ambassadrice en voyant tous ces guignols dit gouvernants, de cette république sous bananière, gigoter dans tous les sens pour énoncer de belles phrases totalement creuses.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 30, le 30 juin 2020

  • Mr Hitti semble meilleur diplomate que son invraisemblable prédécesseur. Bonne nouvelle !

    Yves Prevost

    07 h 17, le 30 juin 2020

  • Quand on lit ce beau titre : place à la désescalade, on pense au rêve d’un dollar à 1500 LL, d’un ‘ CÈDRE’ 4, de milliards qui entrent dans les coffres de l’ État, ... Que la vie est belle! Les États Unis ont finalement reculé. La crise des missiles entres les USA et le Liban grace à ce juge courageux, est désamorcée ! Hahahahaha....

    LeRougeEtLeNoir

    04 h 43, le 30 juin 2020

  • Liberté d expression au Liban de nos jours ? Allons donc , vous vous foutez de notre gueule? Arrêtez d insulter notre intelligence .

    Robert Moumdjian

    03 h 40, le 30 juin 2020

  • BALLASH BEL MAZEH OU TAAR BEL MAZEH.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 35, le 30 juin 2020

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