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Culture - La compagnie des livres

Nicole Hamouche : Quand je lis, je vois

Économiste de formation (IEP Paris), elle a longtemps été banquière d’affaires (fusions et acquisitions entre Paris et Beyrouth). Aujourd’hui, elle est consultante et journaliste, et accorde son temps à l’écriture, la littérature, la créativité et la nature. Parce que la lecture l’emmène toujours ailleurs, parce qu’elle est une musique, un moyen de préciser et de structurer sa pensée, une façon de se déconnecter du réel pour mieux le rejoindre. Parce qu’elle aime les romans par-dessus tout, la littérature du monde ; les Japonais, les Italiens et les Américains, les philosophes contemporains, la poésie arabe, la phrase de Marguerite Duras, courte et limpide. Pour toutes ces raisons, elle lit.

Nicole Hamouche : Quand je lis, je vois

Nicole Hamouche : « J’aimerais créer avec tous mes livres un espace de rencontre et de lecture. Avis aux mécènes ! » Photo DR

On vous lisait quoi avant de dormir ?

Ma mère était une grande lectrice (professeure de langues à l’ambassade des États-Unis depuis l’âge de 25 ans). Mais étonnamment, c’est moi qui lui lisais. Vers l’âge de 5 ou 6 ans, j’aimais qu’elle s’assoie à côté de moi et je lisais à voix haute.

À quel âge et comment la passion de la lecture est-elle née ?

J’étais très jeune quand un petit problème de santé m’entraînait chaque semaine chez le médecin pour qu’il me fasse une injection. À la sortie de chaque consultation, ma mère m’achetait un livre de la série Martine. Plus tard, j’ai eu au Collège protestant des professeurs de français exceptionnels, auxquels je dois en grande partie mon amour pour la littérature. En classe de quatrième, ma professeure m’avait donné à lire La vie devant soi de Romain Gary, qui était lu habituellement en classe de troisième. Je m’étais régalée. Mon père, qui lisait surtout en anglais et en arabe, m’a donné le goût pour la poésie arabe.

Le premier livre qui vous a donné envie de continuer ?

Je me souviens du Grand Meaulnes d’Alain-Fournier, d’un livre que j’avais lu en classe de 9e et qui m’avait marquée, et la série du Petit Nicolas. À l’adolescence, j’ai découvert André Gide et Nikos Kazantzakis.

Quel genre littéraire préférez-vous ? À quel rythme lisez-vous ?

Je lis beaucoup et de tout, mais le roman reste pour moi le genre privilégié. Je lis des philosophes contemporains, une philosophie inscrite dans l’actualité, je lis des livres d’entretiens, des biographies, des autobiographies, des livres de spiritualité et des essais. J’apprécie beaucoup la littérature du monde, je lis en anglais, en espagnol, en italien et en arabe. Quant au rythme, il m’arrive de lire 2 livres en même temps, et ma table de nuit ploie sous le poids des livres.

De combien de livres est composée votre bibliothèque ?

Je dois avoir plus de trois milles livres, et une de mes grandes craintes a toujours été : « Que ferais-je de mes livres si j’étais amenée à partir ? » En fait, j’aimerais créer avec tous mes livres un espace de rencontre et de lecture. Avis aux mécènes !

Lisez-vous encore sur papier ?

Je suis très résistante à la technologie, je ne lis que sur papier. Mais durant le confinement, j’ai joué la flexibilité, je participais à des Zoom d’écrivains qui m’ont conseillé certains livres qui n’existaient que sous format e-book. Mais définitivement, le plaisir ne peut être vécu qu’avec le froissement des pages entre mes doigts. Le livre est un vrai rapport, presque charnel.

Le livre que vous avez lu plus d’une fois ?

En général, je ne relis pas les livres, mais il m’arrive d’écouter des livres en audio. C’est ce que j’ai fait durant le confinement. J’ai redécouvert Le Petit Prince de Saint-Exupéry, que j’ai écouté en audio-book ; et relu Françoise Dolto, L’Évangile au risque de la psychanalyse, qui m’a procuré du confort et de la douceur.

Le genre que vous n’aimez pas du tout ?

La science-fiction.

Un livre découvert durant le confinement ?

Les neiges bleues de Piotr Bednarski, un auteur polonais qui raconte le goulag stalinien vu à travers les yeux de l’enfant qu’il était ; c’était une autre forme de confinement beaucoup plus violente. Mais aussi Le dérisoire tremblement des femmes de Salma Kojok et Sens dessus dessous de Milena Agus.

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Et vos plus belles découvertes dans le monde de la lecture ?

Parmi mes découvertes, les classiques italiens comme Italo Calvino, Cesare Pavese ou Antonio Tabucchi ; côté américain, Truman Capote, Ernest Hemingway et, pour les plus contemporains, Paul Auster et Philip Roth ; les Japonais Haruki Murakami et Aki Shimazaki, l’Indien Rabindranath Tagore ; la philosophe italienne Michela Marzano, la linguiste Andrea Marcolongo ; la psychanalyste Anne Dufourmantelle.

Une phrase qui revient comme un leitmotiv ?

« Au cœur de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été », d’Albert Camus, et « Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble… », de Charles Baudelaire.

Avez-vous initié quelqu’un à la lecture ?

Je ne pense pas avoir initié, mais j’ai certainement donné le goût de certains livres, que j’offrais à ceux avec qui je partage une certaine connivence intellectuelle, comme une main tendue.

Une héroïne ou un héros que vous auriez aimé être ou rencontrer ?

J’ai un faible pour les héroïnes qui sont entre deux mondes. Elles sont pour moi des exploratrices, et d’un monde interne et d’un univers différent. Il y a des héroïnes qui me touchent et auxquelles je m’identifie par certains aspects. Parmi celles-ci : l’héroïne de Mal de pierres de Milena Agus ; Isabel dans The Portrait of a Lady de Henry James. Comme je préfère les personnes réelles à celles fictives, j’aurais aimé rencontrer les écrivains de par ce qu’ils ont vécu.

Avez-vous déjà écrit un roman ?

C’est en cours. Et j’ai déjà écrit plusieurs nouvelles et pas mal de littérature aussi dans le cadre d’ateliers d’écriture.

Qu’est-ce que la lecture vous apporte ?

Un élargissement des horizons, un déploiement du champ des possibles, un voyage, une évasion, un rendez-vous, une plongée dans un univers particulier, se laisser porter. Quand je lis, je vois... La lecture me permet aussi de rentrer dans un rythme autre, que j’aime bien, celui d’un temps long, ininterrompu, sans perturbations, ondoyant, que je savoure. La beauté. Un souffle. Une plongée.

Quelques œuvres à lire absolument selon Nicole Hamouche

- Le Quatuor d’Alexandrie, Lawrence Durrell

- The Portrait of a Lady, Henry James

- La bête qui meurt, Philipe Roth

- Americanah, Chimamanda Ngozi Adichie

- Mal de pierres, Milena Agus

- La ballade de l’impossible, Haruki Murakami

- Pluie de juin, Jabbour Douaihy

- Tonbo, Aki Shimazaki

- Le vicomte pourfendu, Italo Calvino

- Le bel été, Cesare Pavese

- Ce pays qui te ressemble, Tobie Nathan

- Aral, Cécile Ladjali

- Et Nietzsche a pleuré, Irvin Yalom.

On vous lisait quoi avant de dormir ?Ma mère était une grande lectrice (professeure de langues à l’ambassade des États-Unis depuis l’âge de 25 ans). Mais étonnamment, c’est moi qui lui lisais. Vers l’âge de 5 ou 6 ans, j’aimais qu’elle s’assoie à côté de moi et je lisais à voix haute.À quel âge et comment la passion de la lecture est-elle née ? J’étais très jeune...

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