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Société - Déconfinement

La réouverture de l’aéroport risque d’être accompagnée d’une flambée de cas de Covid-19

Le relâchement continu dans les mesures de prévention suscite les inquiétudes d’experts de santé pour la période à venir.

La réouverture de l’aéroport risque d’être accompagnée d’une flambée de cas de Covid-19

Le ministre de la Santé, Hamad Hassan, qui a été le premier responsable à prôner la distanciation et le port de masque pour lutter contre la propagation du coronavirus, porté à bout de bras et entouré d’une grande foule lors d’une célébration dimanche soir en son honneur à Baalbeck, en hommage à son « succès » dans la lutte contre le coronavirus. Photo ANI

Les préparatifs vont bon train à l’Aéroport international de Beyrouth (AIB) qui doit reprendre officiellement ses activités à partir du 1er juillet, au terme de plus de trois mois de fermeture dans le cadre du confinement imposé depuis le 16 mars pour lutter contre la propagation du coronavirus. Les vols privés reprendront à partir du 24 juin. Le trafic aérien se limitera toutefois à 10 % de la capacité de l’AIB en comparaison avec la même période de l’année dernière.

Sur le terrain, des autocollants posés sur le sol dans les différentes sections (devant les tapis à bagages, devant les douanes, dans la zone franche…) rappellent aux passagers la nécessité de respecter la distanciation, l’une des principales mesures de lutte contre la transmission du virus. Des solutions hydroalcooliques ont été déposées devant les guichets et les comptoirs des services de douane. L’ensemble des employés sont tenus de porter un masque.

Si la réouverture de l’aéroport permet de donner un coup de pouce à l’économie du pays, elle inquiète tout autant les experts de la santé. « Les opérations de rapatriement ont contribué le plus à augmenter les cas de contamination au SARS-CoV-2 au Liban, affirme à L’Orient-Le Jour le Dr Walid Ammar, président du Comité national de lutte contre les maladies infectieuses. Nous sommes sérieusement inquiets, d’autant que notre capacité à contrôler les flambées est limitée. » Des inquiétudes légitimes, alors que le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a mis en garde hier contre la pandémie qui « continue de s’accélérer » à l’échelle mondiale. Lors d’une conférence de presse virtuelle organisée par l’émirat de Dubaï, il a expliqué qu’il a fallu « plus de trois mois pour enregistrer le premier million » de contaminations au Covid-19 et que « le dernier million a été signalé en seulement huit jours ».

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« Nous ne pouvons pas effectuer plus de 2 400 à 3 000 tests de dépistage PCR par jour, poursuit le Dr Ammar. Si nous recevons 2 500 passagers quotidiennement, la situation restera contrôlable. Mais si on envisage d’augmenter la capacité d’accueil de l’aéroport, il faudra parallèlement augmenter notre capacité à effectuer les tests PCR, ainsi que celle du département de surveillance épidémiologique à effectuer la traçabilité et les investigations relatives à chaque cas et qui sont limitées aujourd’hui à 1 500 au quotidien. Le jour où le nombre des passagers dépassera nos capacités à effectuer des tests, de nombreux cas de coronavirus nous échapperont, et la courbe de contaminations risque de s’élever de manière exponentielle. »

Aménager les centres d’isolement communautaire

Pour le Dr Ammar, il est nécessaire que les centres d’isolement communautaire, identifiés il y a plus de deux mois et qui auraient dû être aménagés pour recevoir les personnes contaminées par le coronavirus, mais dont le cas ne nécessite pas une hospitalisation, soient opérationnels avant la réouverture de l’aéroport. « S’ils l’étaient depuis trois semaines, nous serions aujourd’hui à zéro nouveau cas », insiste-t-il.

Contactée par L’OLJ, Petra Khoury, conseillère du Premier ministre pour les affaires de santé et membre de la commission nationale de lutte contre le Covid-19, explique que « ces centres n’ont pas été inaugurés parce que, jusqu’à présent, nous n’en avons pas eu besoin ». Elle rappelle que plus de cent locaux ont été identifiés dans les différents mohafazats, mais les communautés locales n’ont accepté d’en transformer que quarante en centres d’isolement. « En coopération avec le PNUD, nous sommes en train d’équiper un à deux centres dans chaque mohafazat, ajoute-t-elle. Un responsable pour chaque centre sera également nommé. » Les travaux devraient être achevés avant le 1er juillet.

Quid des mesures que doivent suivre les passagers ? Mme Khoury explique que les voyageurs sont appelés à effectuer un test PCR trois à quatre jours avant de prendre leur vol dans l’un des laboratoires accrédités par ces pays, sachant que les personnes dont le résultat est positif ne seront pas admises à bord de l’avion. Un autre test leur sera fait à leur arrivée à l’aéroport « aux frais des compagnies d’aviation », selon une circulaire publiée en soirée par le ministère des Travaux publics et des Transports. Ces passagers sont tenus de s’isoler jusqu’à l’obtention des résultats, précise Mme Khoury. En ce qui concerne les personnes qui viennent de pays où le PCR n’est pas effectué, « elles se feront tester à leur arrivée » et « un rendez-vous leur sera fixé pour un second test à faire 72 heures plus tard ». Ces personnes doivent rester en isolement jusqu’à ce que le résultat du second test PCR leur soit communiqué.

Selon la circulaire, seront exemptés du PCR les passagers en transit provenant de pays où ce test n’est pas disponible ainsi que ceux qui ont fait un aller-retour au Liban en l’espace d’une semaine. De plus, tous les passagers doivent avant leur arrivée au Liban remplir le formulaire du ministère de la Santé, disponible à l’adresse suivante : https://arcg.is/0GaDnG. Ils doivent également se doter d’une assurance qui couvre les frais du traitement du Covid-19 durant la totalité de leur séjour.

Risque d’un nouveau confinement

Tant Mme Khoury que le Dr Ammar s’inquiètent pour la période à venir, d’autant qu’un certain relâchement dans les mesures de prévention continue d’être constaté. « Je crains qu’avec la réouverture de l’aéroport, ce relâchement ne s’accentue, confie Mme Khoury. Cela montre que les gens se sentent rassurés, ce qui est bien. D’un autre côté, c’est dangereux parce qu’un seul cas peut entraîner une flambée de cas, comme nous l’avons observé à Majdel Anjar, à Beddaoui et à Ghobeiri. Ce qui est dangereux parce que ce sont des régions surpeuplées. » Elle souligne qu’avec le déconfinement, ce sont les régions où sont détectés des foyers épidémiques qui sont isolées, « mais si, avec la réouverture de l’aéroport et le relâchement dans les mesures de prévention, plusieurs autres foyers sont identifiés de manière simultanée, on risque de fermer de nouveau le pays ».

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Pour le Dr Ammar, le grand problème réside dans le fait que les gens « ne craignent plus le virus parce que le Liban a affiché de bons résultats ». « Si nous avons réussi à le faire, c’est parce que nous avons pu détecter le premier cas et que nous étions préparés et vigilants, insiste-t-il. Les gens doivent comprendre qu’il n’est pas vrai que la souche au Liban est moins virulente que celle observée dans d’autres pays. D’ailleurs, le virus a été introduit par des voyageurs venus d’Iran et d’Italie où de nombreux décès ont été constatés. De plus, les cas enregistrés au Liban ne sont pas assez nombreux pour permettre au virus de muter. Ce n’est pas vrai non plus que le Libanais a une immunité au virus. Des patients sont décédés. Si notre situation est bonne, c’est parce que nous arrivons à la contrôler dans le cadre de nos capacités. Mais une fois que celles-ci sont dépassées, elle pourrait nous échapper. »

Les préparatifs vont bon train à l’Aéroport international de Beyrouth (AIB) qui doit reprendre officiellement ses activités à partir du 1er juillet, au terme de plus de trois mois de fermeture dans le cadre du confinement imposé depuis le 16 mars pour lutter contre la propagation du coronavirus. Les vols privés reprendront à partir du 24 juin. Le trafic aérien se limitera toutefois à...

commentaires (4)

Il faudra faire attention et ne plus porter sur les épaules un chef de tribu et ne plus revoir cette photo choc ou ni la distanciation et ni le port du masque sont respectés .

Antoine Sabbagha

14 h 19, le 23 juin 2020

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Commentaires (4)

  • Il faudra faire attention et ne plus porter sur les épaules un chef de tribu et ne plus revoir cette photo choc ou ni la distanciation et ni le port du masque sont respectés .

    Antoine Sabbagha

    14 h 19, le 23 juin 2020

  • Est ce un ministre qu'on voit sur la photo ou un zaim..ou un caid ...ou un champion de l'ignorance...franchement plus ridicule que ca tu.....un bel exemple de nos responsables politiques ignards et sous developpes...

    Houri Ziad

    09 h 44, le 23 juin 2020

  • Ce qui propage le virus est parfaitement illustré dans la photo du technocrate de la santé entouré de personnes ne portant pas de masques et ne respectant aucune distanciation sociale. Si le Liban a été relativement épargné c’est parce que une immense majorité des libanais ont adopté rapidement les gestes barrières pour éviter la propagation de l’épidémie, ce n’est certainement pas grâce au technocrate porté à bout d’épaules. Quant à la réouverture de l’AIB, elle est INDISPENSABLE pour la survie du pays

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 14, le 23 juin 2020

  • AU LIBAN COMME PARTOUT AILLEURS. MAIS LES ECONOMIES DES ETATS PRIMENT AUJOURD,HUI CAR SINON LA FAMINE S,ETABLIRA PARTOUT DANS LE MONDE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 07, le 23 juin 2020

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