La BML est la première banque à engager un plan de départs volontaires, sur fond de crise sans précèdent.

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La Banque Misr Liban (BML) a annoncé un plan de départs volontaires pour ses employés, qui augure des difficultés à venir pour les 26.000 salariés du secteur bancaire libanais. Dans une communication datant du 17 juin, que Le Commerce du Levant a pu consulter, la banque a proposé à ses employés de partir avec une compensation allant de 6 à 18 mois de salaires, suivant l’âge et l'ancienneté dans l'entreprise. Si la BML est la première à officialiser la mise en place de cette mesure de réduction de personnel, tout semble indiquer que d’autres banques suivront.

Selon son directeur général exécutif, Fadi Daouk, la BML espère ainsi obtenir un départ « à l’amiable » de 15 à 20% de ses 353 employés. « Tôt ou tard, nous aurions dû nous séparer d’une partie de nos salariés dans le cadre de la restructuration annoncée du secteur bancaire. La décision que nous avons prise est dans l’intérêt de tous » rajoute-t-il.

Il insiste néanmoins sur « la bonne santé » de sa banque. « Nous avons toujours veillé à minimiser les créances douteuses et nous pouvons compter sur le support de notre maison-mère, la très solide Banque Misr, elle-même détenue par la banque centrale égyptienne », affirme-t-il. Fondée en 1929, la BML est l’une des institutions financières les plus vieilles du pays. En 2018, son bilan affichait des dépôts de l’ordre de 2 134 milliards de livres libanaises (1,42 milliard de dollars au taux officiel).

Pour Georges Hajj, le président du syndicat des employés du secteur bancaire, la proposition de la BML pourrait être bénéfique pour certains employés. « Ceux qui ont une opportunité ailleurs ou qui veulent lancer leur propre projet auraient intérêt à opter pour un départ volontaire » dit-il. Le syndicaliste souligne toutefois que dans le cadre d’une restructuration du secteur bancaire, trois scénarios sont envisageables : l'auto-liquidation, la fusion ou la faillite, et que les implications sont différentes pour le personnel.

En cas d’auto-liquidation, la loi requiert que les actifs de la banque puissent compenser les passifs, y compris les indemnités des salariés. Le montant de celles-ci serait alors débattu avec le syndicat lors de négociations qui « ont toujours abouti à des conditions de départ favorables aux employés » affirme-t-il.

Quant aux fusions, la loi sur la facilitation des fusions bancaires prévoit des dédommagements aux personnels allant de 6 à 36 mois de salaire, soit jusqu’à deux fois plus que l’offre de la BML. « Nous avons même souvent négocié des indemnités encore plus généreuses que cela » renchérit le syndicaliste.

Cependant, dans le cas où la banque fait faillite, les employés ne recevront aucune compensation. « La faillite des banques est un scénario peu probable, car la BDL ne veut pas que les déposants perdent leur argent, et se précipitera pour sauver les institutions en danger », nuance toutefois George Hajj.