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Politique - Nominations

La société civile « ne s’attendait pas à autre chose »...

Activistes et universitaires stigmatisent le non-respect de la nouvelle loi concernant le mécanisme de désignation.

La société civile « ne s’attendait pas à autre chose »...

Le gouvernement réuni le 10 juin au palais de Baabda pour adopter le train de nominations. Photo Dalati et Nohra

Comme si rien ne s’était passé depuis le 17 octobre… Le gouvernement de Hassane Diab, qui se veut un cabinet issu du mouvement de contestation et composé de spécialistes indépendants des protagonistes politiques, a porté un sérieux coup aux protestataires lors de la séance du Conseil des ministres tenue mercredi à Baabda. Ceux-ci ne s’attendaient pas d’ailleurs à autre chose.

Au lieu de répondre favorablement à l’une des demandes fondamentales de la révolte populaire, à savoir en finir avec la logique de partage du gâteau, le gouvernement a emprunté le chemin inverse. Comme de coutume, et à la faveur d’une entente politique qui aurait été conclue loin des feux de la rampe, les composantes gouvernementales se sont partagé les nominations financières et administratives, les postes vacants (au moins dans leur écrasante majorité) ayant été accordés à des personnes proches des forces politiques en présence. Même si les milieux proches du Premier ministre s’efforcent d’assurer que le dernier train de nominations est conforme à la loi votée récemment au Parlement, qui détaille un mécanisme bien précis pour pourvoir aux postes vacants de l’administration.

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Citées par la chaîne LBCI, des sources proches du Sérail ont ainsi assuré hier que le Conseil des ministres a respecté ladite loi avant même son entrée en vigueur. Et de rappeler que des interviews ont été faites avec tous les candidats et que le gouvernement a choisi, parmi trois noms qui lui avaient été proposés, un pour chaque poste.

C’est à partir de ce point que Ziyad Baroud, ancien ministre de l’Intérieur, critique les nominations. Interrogé par L’Orient-Le Jour, il déplore le fait que le cabinet ait désigné des fonctionnaires de première catégorie, « sans attendre le sort de la loi votée récemment au Parlement concernant le mécanisme de ce genre de nominations. Assurant que certaines personnes choisies lors de la réunion de mercredi sont « compétentes », il estime qu’« il est vrai que les vacances dans les administrations publiques et les instances financières sont inacceptables, mais la procédure aurait gagné à être respectée, d’autant que la nouvelle loi prévoit les mêmes modalités que celles prévues dans le mécanisme approuvé par le Conseil des ministres, en 2010 ».

De même Karim Bitar, professeur à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, déplore le fait que l’on « continue de travailler dans les cuisines comme s’il ne s’était rien passé depuis le 17 octobre, et comme si le pays n’était pas ravagé par une pauvreté galopante ». À L’OLJ, il explique que « ces nominations viennent jeter une lumière crue sur le fait que le gouvernement reste entièrement prisonnier des vieilles pratiques avec lesquelles il était plus que jamais nécessaire de rompre ».

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Quoi qu’il en soit, toutes les justifications du gouvernement ne semblent aucunement convaincre les activistes et académiciens du mouvement de contestation, qui assurent que ce comportement n’est pas étonnant de la part des partis décriés par la révolution.

C’est ainsi que Jad Chaaban, activiste et professeur universitaire, commente pour L’Orient-Le Jour la toute dernière séance gouvernementale. « Je ne m’attendais pas à ce que le cabinet opte pour une autre démarche, parce que ses composantes ne font que protéger leurs intérêts », déclare-t-il.

M. Chaaban adresse par la même occasion une sévère critique à l’équipe ministérielle. « Ce gouvernement est le pire. Et pour cause : il a menti aux gens, dans la mesure où il était censé être un cabinet d’indépendants et de spécialistes. Mais il a fait preuve d’échec et devrait démissionner dans les plus brefs délais, afin que soit mis sur pied un gouvernement réellement indépendant, qui élaborerait une nouvelle loi électorale dans la perspective de législatives anticipées », dit-il.

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Tout comme Jad Chaaban, Mona Fayad, également académicienne et chercheuse, affirme à L’OLJ qu’elle n’a pas été surprise de voir les nominations obéir au principe du partage du gâteau, « dans la mesure où il est normal de voir ce gouvernement exécuter les intérêts de ses parrains, notamment le Hezbollah qui en contrôle totalement la décision politique ».

Prochains défis

Selon Mme Fayad, « il est grand temps que le mouvement de contestation comprenne qu’il affronte un pouvoir dont le Hezbollah contrôle les décisions ». Elle rappelle dans ce cadre que le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, avait défini les limites du mouvement de contestation, le lendemain de son éclatement. « Il avait assuré qu’il n’est pas question de faire tomber le mandat de Michel Aoun, encore moins le gouvernement (de Saad Hariri, à l’époque, qui a fini par démissionner, NDLR), et s’était opposé à la tenue d’élections législatives. »

« Aujourd’hui, le cabinet est celui du Hezbollah, le mandat Aoun est toujours en place et rien ne prête à croire que des législatives auront lieu prochainement », déplore Mme Fayad, appelant les protestataires à plaider dans la prochaine phase pour la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité, notamment la 1559 (2004), pour en finir avec l’hégémonie du Hezbollah. Mais pour Karim Bitar, le mouvement de révolte devrait surtout « sortir des incantations stériles et transformer l’espoir de changement en vaste coalition structurée et professionnelle, pour construire une alternative crédible et convaincre les abstentionnistes de se mobiliser. D’autant que les leaders traditionnels auront toujours un électorat captif ».


Comme si rien ne s’était passé depuis le 17 octobre… Le gouvernement de Hassane Diab, qui se veut un cabinet issu du mouvement de contestation et composé de spécialistes indépendants des protagonistes politiques, a porté un sérieux coup aux protestataires lors de la séance du Conseil des ministres tenue mercredi à Baabda. Ceux-ci ne s’attendaient pas d’ailleurs à autre chose. Au...

commentaires (7)

Un cabinet issu de la rue ???. De quelques opportunistes gourmands qui caracolent depuis le 17 octobre dans l'espoir d'arriver à s'arracher un portefeuille ministériel dans un éventuel nouveau gouvernement qui pourrait insérer lors de sa formation une ou deux figures les plus en vue et les plus bavards parmi les contestataires...peu importe le portefeuille ....pourvu qu'on ait l'ivresse ... d'un un salaire gras et copieux ..

Hitti arlette

21 h 53, le 12 juin 2020

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Commentaires (7)

  • Un cabinet issu de la rue ???. De quelques opportunistes gourmands qui caracolent depuis le 17 octobre dans l'espoir d'arriver à s'arracher un portefeuille ministériel dans un éventuel nouveau gouvernement qui pourrait insérer lors de sa formation une ou deux figures les plus en vue et les plus bavards parmi les contestataires...peu importe le portefeuille ....pourvu qu'on ait l'ivresse ... d'un un salaire gras et copieux ..

    Hitti arlette

    21 h 53, le 12 juin 2020

  • UN ADAGE DIT : EJRE BEL ARD OU RASSOU BEL HAWA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 15, le 12 juin 2020

  • AVEC TANT DE DRAPEAUX ETALES ON EST EN NIVEAU ESTIVAL... TROP D,AIR Y PASSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 09, le 12 juin 2020

  • Un seul drapeau libanais suffit. Moins de drapeaux et plus de sérieux pour stopper le projet pharaonique de la centrale électrique inutile de Selaata qui ruinerait le Trésor public pour remplir les poches du ministre occulte. C'est cela le patriotisme véritable et non la multiplication des drapeaux "à la soviétique".

    Un Libanais

    17 h 34, le 12 juin 2020

  • Le cabinet de Hassane Diab est un cabinet issu du CPL et du Hezbollah-Amal. Toute autre considération est nulle et non avenue. Vous, le peuple du 17 octobre, attendiez-vous à autre chose ? Tant que la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l'ONU n'est pas appliquée, c'est le bunkeriste qui commande selon l''Accord de Mar-Mikhaël à Chiyah.

    Un Libanais

    14 h 53, le 12 juin 2020

  • "Le changement et la réforme " nous avait-on promis, mais plus ça change et plus c'est toujours la même chose!

    Yves Prevost

    13 h 34, le 12 juin 2020

  • MESSIEURS VOUS VIVEZ DANS UN BORDEL ET LES BORDELS SONT GERES BORDELLIQUEMENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 10, le 12 juin 2020

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