Député de Hasbaya et membre du bloc parlementaire du président de la Chambre, Nabih Berry, Anouar Khalil a adressé hier une lettre ouverte au président Michel Aoun. Une missive au ton incisif, dans laquelle il reproche sans ambages au chef de l’État de ne pas avoir respecté les engagements pris lors de son discours d’investiture, le 31 octobre 2016.
D’emblée, le parlementaire précise que c’est en son nom propre qu’il s’adresse au chef de l’État, après avoir passé en revue le discours d’investiture du président. Il rappelle ainsi que Michel Aoun y avait souligné que « la stabilité politique représente le premier pas vers une stabilité générale qui ne peut être assurée que par le respect des lois et de la Constitution et le partenariat national, celui-ci étant au cœur de notre système et représentant le trait marquant de notre entité ». « Monsieur le Président, la Constitution, les lois et le partenariat national ont été continuellement bafoués depuis le début de votre mandat (…) puis vous dites que “la stabilité au niveau de la sécurité est seulement accessible à travers une coordination totale entre les institutions de sécurité et la justice qu’il faudrait soustraire aux ingérences politiques” », poursuit M. Khalil, en accusant le chef de l’État de s’être mêlé des affaires de la magistrature « au service de ses objectifs et de ceux de son mandat ». « Le dernier exemple est toujours là : que sont devenues les nominations judiciaires approuvées par le Conseil supérieur de la magistrature et bloquées par la ministre de la Justice ? » Le député reproche vivement au président de « n’être pas intervenu auprès du gouvernement pour le pousser à entériner les nominations alors qu’il s’était mobilisé pour l’obliger, en dépit d’un premier vote défavorable en Conseil des ministres, à revenir sur sa décision et à donner la priorité à la construction d’une centrale électrique à Selaata, ce qui a constitué un douloureux revers pour le gouvernement ». « Selaata serait-elle plus importante que la justice alors que des soupçons de gaspillage et d’intérêts privés liés à l’achat de terrains pèsent sur ce dossier ? » s’interroge encore Anouar el-Khalil, avant de dénoncer l’effondrement économique et financier du pays et de rappeler la promesse de « réformes économiques fondées sur la planification », faite lors du discours d’investiture.
Le député demande alors au chef de l’État de « faire une tournée dans plusieurs quartiers du pays, mais à l’insu de ses conseillers et en se déguisant, pour demander à la population ce qu’elle pense de son mandat ». « Vous seriez sidéré par la réponse des gens qui vous diront que c’est le pire mandat, et c’est ce que vos conseillers et vos proches vous cachent », assène-t-il encore. En conclusion, Anouar el-Khalil met en garde contre « une explosion sociale imminente ».
commentaires (8)
Et dans vos fiefs?? Ils sont ravis aussi?? De leur chef du Parlement? Que chacun balaie devant sa porte... Et parle déjà pour lui-même.
Sybille S. Hneine
19 h 17, le 03 juin 2020