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Moyen-Orient - Éclairage

Iyad Hallak : le George Floyd palestinien, l’indignation collective en moins

Le meurtre d’un jeune Palestinien autiste à Jérusalem résonne d’une manière particulière après celui d’un Afro-Américain à Minneapolis, les deux cas étant liés à des violences policières nourries par le racisme des deux systèmes.

Des Palestiniens portent le cercueil de Iyad Hallak lors des funérailles à Jérusalem, le 31 mai 2020. Photo AFP

À quelques jours d’intervalle, la mort de George Floyd, afro-américain de 46 ans, au sud de Minneapolis, et celle de Iyad Hallak, palestinien de 32 ans, dans la vielle ville de Jérusalem, ont ravivé d’anciens débats et suscité l’indignation. Dans des proportions différentes néanmoins.

Samedi matin, deux officiers de la police aux frontières israéliennes tirent plus de dix balles sur Iyad Hallak, certifiant qu’il était en possession d’une arme – ce qui se révélera être faux. Il succombera de deux blessures à la poitrine suite à l’impact des balles. Le jeune homme, autiste, résidant dans le quartier Wadi Joz à Jérusalem-Est, se dirigeait vers la vieille ville afin de se rendre au Elwyn Centre, centre spécialisé dans les soins aux handicapés. La mort de Iyad Hallak vient allonger la liste des handicapés mentaux victimes des forces israéliennes – Mohammad Jabari en mars 2018, Mohammad Habali en décembre 2018, ou encore Arif Jaradat en juin 2016.

Les deux officiers en cause dans l’affaire ont été mis en détention suite à l’incident. Depuis, l’un d’entre eux a été remis en liberté, tandis que le second est assigné à résidence. Dimanche, l’un d’eux déclarait aux enquêteurs avoir été appelé à intervenir suite à une alerte concernant « un terroriste armé allant en direction de la porte du Lion ». La police aux frontières, connue sous le nom de Magav, est une unité spécialisée qui assiste l’armée israélienne dans certaines opérations de maintien de l’ordre et de lutte contre le terrorisme, notamment à Jérusalem et dans les territoires occupés de Cisjordanie. Cette police est connue pour la brutalité de ses méthodes d’intervention.

« Justice pour Iyad, justice pour George »

Les funérailles de Iyad Hallak, qui se sont déroulées dimanche soir sous surveillance policière, ont rassemblé plusieurs dizaines de personnes. Selon les déclarations de la famille, les funérailles auraient été repoussées par les autorités à une heure tardive afin d’éviter un large rassemblement pouvant mener à une escalade violente. Le même soir, parallèlement aux funérailles, la police dispersait par la force des dizaines de Palestiniens rassemblés pour protester contre le meurtre de Iyad Hallak, à l’entrée de la vieille ville de Jérusalem, devant la porte de Damas.

La mort du jeune Palestinien a en effet provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et la mobilisation de centaines de jeunes Israéliens et Palestiniens, dès samedi, dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem autour de slogans tels que « Justice pour Iyad, justice pour George » ou « Palestinian Lives Matter », en référence à la campagne de défense des droits afro-américains, « Black Lives Matter ».

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Le parallèle entre les deux victimes vise à dénoncer les violences policières et l’injustice, ou encore l’idée que naître noir, ou palestinien, équivaut à une « condamnation à mort ». « La violence policière à Jérusalem-Est est une politique, tout comme la politique qui est à l’œuvre contre les Noirs aux États-Unis », estime Shahaf Weisbein, l’un des organisateurs de la manifestation de Jérusalem, avant d’ajouter que « la violence policière et la politique d’occupation contre les Palestiniens sont devenues une triste routine ».

Des personnalités, parmi lesquelles des membres de la Knesset, ont également fait part de leur indignation, établissant un lien entre l’incident de Minneapolis et celui de Jérusalem. « Minneapolis est ici », déclare le député Ahmad Tibi, de la Liste unie des partis arabe, sur son compte Twitter, tandis que la députée Aida Touma-Sliman, également de la Liste unie, appelait « tous ceux qui s’indignent du meurtre aux États-Unis à regarder près d’eux – une nation entière est en train de suffoquer sous l’occupation, empêchée de respirer ».

Après la mort de Iyad Hallak, l’un des enjeux des prochaines semaines sera le suivi judiciaire de l’affaire. Dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux, la mère de Iyad Hallak demande « la justice, la justice de la part de l’État d’Israël ». Selon Jad Qadmani, l’avocat en charge de la défense de la famille, l’enquête en cours favoriserait la piste criminelle pour les officiers.

Mais pour beaucoup d’observateurs, l’issue judiciaire de l’affaire est connue d’avance. « Dans beaucoup d’incidents similaires, justice n’a jamais été rendue. L’État d’Israël va être embarrassé par le cas, il y aura peut-être quelques changements administratifs ou de très légères punitions contre les soldats responsables. Mais le problème ne vient pas seulement du fait que des soldats réagissent au quart de tour, le problème vient du système », estime le Dr Samah Jabr, en charge de l’unité de santé mentale au sein du ministère de la Santé palestinien.

Malgré la profusion des comparaisons et la similarité des incidents, les retombées judiciaires des meurtres de Minneapolis et de Jérusalem pourraient ainsi révéler l’ampleur des différences de réactions entre les deux pays. Aux États-Unis, les quatre officiers de police ont été renvoyés et font l’objet d’enquêtes. Le maire de Minneapolis a présenté ses excuses officielles et le pays est secoué par une vague de violentes manifestations. « Là-bas aux États-Unis, ils tirent sur les Noirs, dont le sang ne vaut pas grand-chose ; en Israël, ils tirent sur les Palestiniens, dont le sang vaut encore moins. Mais ici, le meurtre nous endort ; là-bas, il déclenche des manifestations », remarque le journaliste Gideon Levy dans les pages du Haaretz.


À quelques jours d’intervalle, la mort de George Floyd, afro-américain de 46 ans, au sud de Minneapolis, et celle de Iyad Hallak, palestinien de 32 ans, dans la vielle ville de Jérusalem, ont ravivé d’anciens débats et suscité l’indignation. Dans des proportions différentes néanmoins. Samedi matin, deux officiers de la police aux frontières israéliennes tirent plus de dix balles...

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Les mêmes tortionnaires pour des victimes différentes, sous les mêmes lois racistes sur des peuples jugés inférieurs.

FRIK-A-FRAK

16 h 22, le 02 juin 2020

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Commentaires (1)

  • Les mêmes tortionnaires pour des victimes différentes, sous les mêmes lois racistes sur des peuples jugés inférieurs.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 22, le 02 juin 2020

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