Rechercher
Rechercher

Politique - Beyrouth-Riyad

La diplomatie saoudienne au Liban, entre pragmatisme et constance

Walid Boukhari projette une tournée auprès des chefs de file et personnalités proches du royaume pour les sonder sur l’actualité politique et économique.

Quatre jours après sa visite à Saad Hariri, l’ambassadeur d’Arabie saoudite s’est entretenu jeudi avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Photo ANI

Mise en mode pause depuis quelques mois du fait de la double crise sanitaire et économique au Liban et en Arabie saoudite, la diplomatie saoudienne s’extirpe peu à peu de sa torpeur, imposée par ces circonstances. Riyad a ainsi choisi d’inaugurer son come-back diplomatique par deux visites remarquées de son ambassadeur Walid Boukhari : l’une au chef du courant du Futur, Saad Hariri, dimanche dernier ; l’autre quatre jours plus tard, jeudi, à Aïn el-Tiné pour y rencontrer le chef du Parlement, Nabih Berry.

Bien que rapprochées, ces deux rencontres avaient des motifs bien distincts à en croire des sources informées. Si l’entretien de M. Boukhari avec M. Hariri était destiné à rassurer ce dernier sur la position de Riyad par rapport aux tentatives de son frère Baha’ de percer sur la scène politique, la rencontre avec M. Berry, un partenaire privilégié de Riyad, semble avoir une toute autre dimension. Le tête-à-tête qui a eu lieu la Maison du Centre visait donc à rassurer l’ancien chef du gouvernement sur la position saoudienne par rapport au bras de fer familial, alors que l’ancien ministre Wi’am Wahhab et Nabil Halabi, nouveau conseiller de Baha’, avaient laissé entendre que la tentative du frère de Saad de s’installer dans le paysage politique libanais ne se ferait pas « sans la bénédiction du royaume ». « L’un et l’autre avaient fait croire, par médias interposés, que Baha’ a reçu un soutien de Riyad pour investir la scène sunnite libanaise et remplir le vide laissé par son frère », assure Radwan Sayyed, un analyste politique proche des milieux saoudiens et ancien conseiller de l’ex-Premier ministre assassiné Rafic Hariri. Ce message, destiné à tranquilliser le chef du courant du Futur, a également été confirmé par l’ancien député Farès Souhaid, également connu pour sa proximité avec le royaume. « Ils sont venus dire à Saad Hariri que l’Arabie saoudite ne contribuera en aucun cas au jeu de l’effritement de la rue sunnite. Autrement dit, ne nous attribuez pas des intentions que nous n’avons pas et ne nous impliquez pas dans vos histoires », déclare à L’Orient-Le Jour M. Souhaid en allusion aux informations distillées par MM. Wahhab et Halabi.

Il s’agit pour Riyad de réaffirmer sa politique traditionnelle en faveur de l’unité de la rue sunnite, seul moyen selon le royaume de faire face au resserrement des rangs au sein de la communauté chiite, même si certains analystes se sont récemment faits écho de l’existence de quelques dissonances au sein du tandem chiite (Hezbollah-Amal) sur fond de lutte contre la corruption.

En dehors de ce message ciblé, on apprenait que la diplomatie saoudienne entend reprendre son cours normal après ce temps de répit forcé. C’est ainsi qu’il faut comprendre la visite de M. Boukhari effectuée jeudi à Aïn el-Tiné, marquant le début d’une tournée auprès de plusieurs personnalités politiques considérées comme proches de Riyad, notamment le chef des Kataëb, Samy Gemayel, l’ancien chef d’État Michel Sleiman et d’autres personnalités politiques, dont des figures indépendantes. Des visites destinées à sonder ces interlocuteurs privilégiés au sujet de l’actualité politique et économique, et à préserver le socle des relations édifiées par le royaume avec ses partenaires politiques pour réaffirmer sa présence sur la scène libanaise.

Dans les bonnes grâces de Riyad
Ainsi, la visite de M. Boukhari à Nabih Berry, « qui fait partie des responsables libanais toujours bien perçus en Arabie saoudite », comme le note M. Souhaid, serait destinée à renouer les liens avec celui qui reste en définitive un acteur-clé ayant toujours tenu à garder les contacts avec le royaume.

« Pour l’Arabie saoudite, Nabih Berry représente une garantie des intérêts saoudiens au Liban, dans la mesure où sa politique à l’égard du sexennat de Michel Aoun (le président) et de Gebran Bassil (chef du Courant patriotique libre) rejoint celle du royaume, à condition bien entendu que les Saoudiens s’abstiennent d’évoquer le sujet ultrasensible des armes du Hezbollah », dit M. Souhaid. Toujours selon l’ancien député, Nabih Berry, qui représente l’aile modérée du chiisme politique au Liban et dans la région, se livre à un jeu subtil, dans la mesure où il se garde d’avaliser le jeu iranien du Hezbollah au Liban. Mais le chef du législatif reste conscient des limites de cette réserve et des lignes rouges qu’il ne saurait dépasser. Une position dont Riyad est bien conscient qu’elle est délicate.

Lire aussi

"L’aide des pays du Golfe est peu corrélée à des questions économiques"

Depuis l’affaire de la séquestration de Saad Hariri en Arabie saoudite en novembre 2017 et les déboires qui s’ensuivirent, Riyad a relativement atténué sa guerre acharnée contre le parti chiite, renouant avec un pragmatisme politique imposé par le contexte libanais et régional. Un réalisme reflété, selon M. Souhaid, par la nouvelle équation qui consiste à écarter désormais du débat public le sujet de l’arsenal du parti pour mieux se concentrer sur les priorités imposées par la double crise économique et sanitaire, et l’urgence des réformes et de la lutte contre la corruption. Autant de dossiers devenus plus pressants que les considérations d’ordre stratégique mises en sourdine pour l’instant.

Les tests à passer
Si la visite de l’ambassadeur saoudien à Hariri et sa prochaine tournée attendue ne semblent pas surprendre outre mesure les milieux familiers avec les rouages de la diplomatie du royaume, c’est le silence radio observé par Riyad par rapport au chef du gouvernement, Hassane Diab, qui suscite des interrogations.

Le Premier ministre, qui aurait sollicité il y a plus d’un mois maintenant une rencontre avec les responsables saoudiens, n’a toujours pas obtenu de réponse. « Ils n’ont pas dit oui, ils n’ont pas refusé sa requête non plus », commente Radwan Sayyed. De toute façon, avec l’épidémie de coronavirus, il n’était pas possible pour Riyad de donner suite à cette affaire. La mauvaise presse qu’a eue il y a trois mois le gouvernement qu’il préside – qualifié par les médias saoudiens officiels de « gouvernement du Hezbollah » – n’a certes pas aidé. Cette situation n’est toutefois pas irréversible, croit savoir M. Sayyed. L’Arabie saoudite attend de voir comment le Premier ministre va gérer deux dossiers principaux : d’une part, les tractations avec le Fonds monétaire international (FMI) et, d’autre part, les réformes requises par la communauté internationale, dans le cadre de la CEDRE notamment, dont la lutte contre la corruption. « Ce sont les deux tests que doit passer M. Diab avant que l’Arabie saoudite ne décide de la politique à adopter à son égard », ajoute l’analyste qui laisse entendre qu’il est impossible d’émettre pour l’instant un jugement quelconque sur la qualité de sa gouvernance.

Certains signes avant-coureurs risquent toutefois de décourager l’Arabie saoudite qui s’abstiendrait alors de donner son quitus au nouvel exécutif. « Il s’agit notamment des tergiversations dans les nominations judiciaires, intimement liées au chantier de réformes et au redressement économique », conclut M. Sayyed.

Mise en mode pause depuis quelques mois du fait de la double crise sanitaire et économique au Liban et en Arabie saoudite, la diplomatie saoudienne s’extirpe peu à peu de sa torpeur, imposée par ces circonstances. Riyad a ainsi choisi d’inaugurer son come-back diplomatique par deux visites remarquées de son ambassadeur Walid Boukhari : l’une au chef du courant du Futur, Saad...

commentaires (2)

l ambassadeur de l arabie Seoudite il ferai mieux de s occuper de ses journalistes à Istamboule au lieu de venir allumer le feu au liban entre les sunites et les chiites il a pas compri qu au Liban il n y aura plus de chiites et des sunites et des chrétiens il aura que des libanais et tous ceux qui le recoivent au non d une communauté ils n ont qu aller vivre en arabie saoudite c est normal que Saad Hariri recoit un saoudien entre compatriote ils doivent bien s entendre comment fonctionne une démocratie

youssef barada

16 h 07, le 16 mai 2020

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • l ambassadeur de l arabie Seoudite il ferai mieux de s occuper de ses journalistes à Istamboule au lieu de venir allumer le feu au liban entre les sunites et les chiites il a pas compri qu au Liban il n y aura plus de chiites et des sunites et des chrétiens il aura que des libanais et tous ceux qui le recoivent au non d une communauté ils n ont qu aller vivre en arabie saoudite c est normal que Saad Hariri recoit un saoudien entre compatriote ils doivent bien s entendre comment fonctionne une démocratie

    youssef barada

    16 h 07, le 16 mai 2020

  • AVEC LE HEZBOLLAH SUR FOND DE PANORAMA N,ATTENDEZ POINT D,AIDE D,AUCUN PAYS DU MONDE ET SURTOUT DES PAYS ARABES ET DE LA REGION A L,EXCEPTION DE LA SYRIE ET DE L,IRAN TOUS DEUX EN FAILLITE, POUR QUI AIDE VEUT DIRE INTERVENTION DANS TOUTES LES AFFAIRES DU LIBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 40, le 16 mai 2020

Retour en haut