La startup Dim, qui propose une plateforme de suivi des chantiers en temps réel, a remporté jeudi 30 avril la première édition du « prix Entrepreneur HEC », avec à la clé un chèque de 10 000 dollars offerts par la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIABML) et une incubation de trois mois à Station F, assurée par l’incubateur HEC à partir d’octobre prochain. Les frais du voyage et d’hébergement à Paris seront pris en charge par l’Ambassade de France au Liban.

Ce concours, né d’une collaboration entre L’Orient-Le Jour et l' ESA Business School en partenariat avec HEC Paris, la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIABML), l’incubateur Smart ESA et l’association des anciens de HEC au Liban, était ouvert aux jeunes pousses libanaises, basées au Liban ou à l’étranger, ayant moins de deux ans, un produit en cours de développement et un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 dollars.

Pandémie oblige, c’est par visioconférence que les 10 finalistes ont défendu leur projet face à un jury composé exclusivement d’anciens HEC : Nabil Fahed (Vice président la Chambre de commerce de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIABML)), Antoine Leprêtre (Directeur de l’Incubateur HEC), Jean Riachi (Directeur de FFA Private Bank), Hala Labaki (Cofondatrice de shahiya.com) Karine Labaki (Directrice générale de Sanofi Levant), Michel Helou (Directeur exécutif de L’Orient-Le Jour), et Jihad Bitar (Directeur de Smart ESA). Les projets ont été évalués en fonction de la créativité, l’innovation, la viabilité et la rentabilité du produit sur le long terme ainsi que sa capacité à créer de l’emploi au Liban.

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Des critères remplis par Dim, anciennement Maj solution, une start-up basée au Liban qui a développé un outil d’optimisation de la gestion des chantiers, en capitalisant sur la longue expérience dans le secteur du bâtiment de sa fondatrice, Michella Abou Jaoudé. « Sur un chantier, on navigue toujours un peu à vue : il est difficile d’évaluer l’impact instantané des taches réalisées au quotidien, et ce n’est que lorsqu’on accumule les retards où l’on prend conscience du problème », explique-t-elle. Avec la technique de Dim, « tout est numérisé : le conducteur des travaux collecte sur sa tablette ou son téléphone les informations liées aux chantiers : descriptions des tâche, le temps passé dessus, la personne en charge, le pourcentage de ce qui a été exécuté… En fonction de ces données, la plateforme fournit une analyse détaillée instantanément, ce qui permet au chef de projet d’avoir à sa disposition des données fiables, afin de mettre en place les rectificatifs nécessaires et anticiper les étapes à venir afin de tenir ses engagements en matière de budget et de calendrier ».

Autre projet qui a séduit le jury : celui de Bassem Makarem et Ghassan Achi, qui se sont vu offrir aussi une place pour trois mois d’incubation à la station F de Paris, dont les frais seront entièrement couverts pendant toute la durée du séjour par l’ambassade de France. Les deux développeurs ont créé Myceleum, un logiciel qui facilite la vie de leurs pairs. « Développer, c’est un peu comme cuisiner, il faut préparer tous les ingrédients nécessaires avant de se lancer. Or en informatique, la configuration de l’environnement peut prendre plusieurs jours. C’est une perte de temps et d’argent importante, surtout dans les grandes entreprises, qui sont notre cible principale, même si on vise aussi les travailleurs indépendants », explique Bassem Makarem. Le logiciel Myceleum propose dès lors de configurer en un clic les outils appropriés « cela permet aussi d’harmoniser les pratiques au sein des entreprises », ajoute l’entrepreneur. La startup a déjà signé avec un groupe informatique libanais en novembre dernier, et mise sur son incubation à Paris pour cibler une nouvelle clientèle.

Quant aux dix autres finalistes, ils ont remporté une bourse d’études couvrant la moitié des frais du programme Masters in Innovation and Entrepreneurship (MENT) à l’ESA, réalisé en partenariat avec HEC Paris.

Lancé le 13 juin 2019, le prix Entrepreneur HEC devait être attribué à l’issue des trois phases de sélection qui ont permis de départager la centaine de start-ups ayant participé. La remise des prix initialement prévue en novembre a toutefois été reportée à cause des différentes crises qu’a traversées le pays. Aujourd’hui, malgré les circonstances, les organisateurs ont voulu créer « une lueur d’espoir dans un ciel gris », selon les termes du président de l’association des anciens de HEC au Liban, Nicolas Boukather. « Il faut continuer, abonde Antoine Leprêtre. Le monde a plus que jamais besoin d’entrepreneurs ».