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Moyen Orient et Monde - Yémen

Les séparatistes du Sud proclament l’autonomie

Le bras de fer met en lumière les divisions entre Riyad et Abou Dhabi.

Des séparatistes encerclent le palais présidentiel à Aden, en août 2019. Nabil Hasan/Archives AFP

Les séparatistes du sud du Yémen ont proclamé hier l’autonomie après l’effondrement d’un accord de paix avec le gouvernement, compliquant le conflit qui sévit depuis des années dans ce pays exsangue théâtre d’une grave crise humanitaire. Le principal affrontement armé au Yémen oppose les rebelles houthis, soutenus par l’Iran et qui contrôlent notamment le nord du pays dont la capitale Sanaa, aux forces gouvernementales, appuyées militairement par une coalition emmenée par l’Arabie saoudite. Mais le camp loyaliste est aussi le théâtre de profondes divisions, entre le gouvernement en exil à Aden et un mouvement séparatiste, le Conseil de transition du Sud (STC). Si un accord avait été trouvé à l’automne pour geler ce différend, le STC a accusé hier le gouvernement de ne pas avoir rempli ses obligations et d’avoir « conspiré » contre la cause du Sud.

Il a en conséquence déclaré que « l’autonomie » de la région était effective à 00h00, dans la nuit de samedi à dimanche.

« Un comité d’autonomie commencera ses travaux sur la base d’une liste de tâches assignées par la présidence du Conseil », a ajouté le STC dans un communiqué.

« Catastrophique »

Cette proclamation a aussitôt été condamnée par le gouvernement : les séparatistes, mobilisés de longue date pour l’indépendance dans le Sud, seront responsables du résultat « catastrophique et dangereux » de cette démarche, a-t-il jugé. La rupture entre ces ex-alliés intervient alors que la coalition dirigée par Riyad a prolongé un cessez-le-feu unilatéral vis-à-vis des houthis, afin, selon elle, de freiner la pandémie de nouveau coronavirus. Cette offre a toutefois été rejetée par les houthis, et les combats se sont poursuivis dans ce pays ravagé par la guerre, qui a engendré ce que l’ONU a qualifié de pire crise humanitaire au monde.

L’accord entre le gouvernement yéménite et le STC avait été signé le 5 novembre à Riyad, après la prise de contrôle d’Aden par les séparatistes. Il prévoyait, selon des sources politiques yéménites et saoudiennes, d’intégrer des membres du STC au gouvernement, et en contrepartie le retour de celui-ci à Aden. Ce pacte a toutefois vite été jugé caduc, en raison de la non-application dans les temps de mesures-clés, notamment la formation d’un tel gouvernement. Peu après l’annonce de la dénonciation de cet accord dimanche, des habitants d’Aden ont fait état de déploiements massifs de forces du STC dans la ville.

Une source séparatiste a déclaré que des postes de contrôle avaient été établis « dans toutes les installations gouvernementales, y compris la banque centrale et le port », alors que des véhicules militaires sillonnent la ville avec des drapeaux du mouvement. Signe que le paysage politique sudiste est complexe, certaines villes ont toutefois déclaré qu’elles ne reconnaissaient pas l’appel à l’autonomie. Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Mohammad al-Hadhrami, a, lui, déclaré que la décision du STC était « une extension de la rébellion ». La coalition militaire dirigée par Riyad n’a pas encore commenté l’annonce des séparatistes.

Calamités

Des dizaines de milliers de civils ont été tués au cours des cinq dernières années dans la guerre entre forces progouvernementales et houthis. Plus tôt ce mois, le Yémen a en outre signalé son premier cas de nouveau coronavirus, dans l’Hadramaout, une province du Sud contrôlée par le gouvernement, faisant craindre une propagation.

Et une calamité en cache une autre : au moins 21 personnes ont été tuées cette semaine dans des inondations, lorsque les rues d’Aden ont été submergées par les pluies.

Le bras de fer pour le contrôle du Sud met en lumière des divisions internes à la coalition intervenant en soutien au gouvernement : l’Arabie saoudite soutient le gouvernement d’Abd Rabbo Mansour Hadi, alors que les Émirats arabes unis ont un temps formé et financé le STC. Les Émirats, comme le STC, ont une politique de tolérance zéro à l’égard des Frères musulmans et du parti yéménite al-Islah, influencé par cette confrérie, qui a des représentants au gouvernement.

En août 2019, des affrontements meurtriers avaient éclaté à Aden. Les forces du STC avaient encerclé le palais présidentiel, s’emparant de trois casernes. Le gouvernement avait accusé les Émirats d’être « responsables » d’un « coup d’État ».

Les combats avaient fait en quatre jours une quarantaine de morts, selon l’ONU.

Riyad et Abou Dhabi avaient par la suite travaillé longuement à apaiser ce front interne, jusqu’à l’accord de Riyad, alors salué comme empêchant l’éclatement complet du Yémen. Mais les fissures étaient vite apparues, avec des plaintes concernant les pénuries alimentaires dans le Sud, une forte dépréciation de la monnaie et un manque de fonds pour payer les fonctionnaires.

Dans sa déclaration dimanche, le STC a déploré la poursuite de la détérioration des services publics, accusant le gouvernement d’utiliser ses pouvoirs comme « une arme pour amener les Sudistes à s’agenouiller ».

Selon le chercheur au Centre d’études stratégiques de Sanaa, Houssam Radman, le royaume saoudien va probablement essayer de contenir la situation dans le but de sauver l’accord de Riyad. « Les séparatistes contrôlaient déjà l’armée et la sécurité à Aden, où ils ont un soutien populaire », a-t-il indiqué.

Source : AFP

Les séparatistes du sud du Yémen ont proclamé hier l’autonomie après l’effondrement d’un accord de paix avec le gouvernement, compliquant le conflit qui sévit depuis des années dans ce pays exsangue théâtre d’une grave crise humanitaire. Le principal affrontement armé au Yémen oppose les rebelles houthis, soutenus par l’Iran et qui contrôlent notamment le nord du pays dont la...

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