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Société - Drame

La tuerie de Baakline, un crime passionnel ayant viré à l’hécatombe ?

Les associations de défense des femmes dénoncent « le machisme meurtrier et le concept de l’honneur qui continue d’être lié aux femmes et aux filles ».

Manal, 32 ans, tuée mardi dans ce qui semble être un crime passionnel. Photo tirée de Twitter

La ville de Baakline a enterré hier sept des dix victimes tuées mardi dans cette paisible localité du Chouf, dans ce qui semble être un crime passionnel ayant rapidement tourné à la tuerie sauvage. Le tueur présumé, M. H., a été arrêté dans la nuit de mercredi à jeudi dans le village voisin de Aïnbal, par la police municipale. De courtes vidéos qui circulent en ligne le montrent au moment de son arrestation assis par terre, en treillis militaire et le regard vide. Interrogé par les agents municipaux, le suspect affirme tout simplement dans une des vidéos : « C’est quelque chose qui est arrivé. »

Dans les faits, M. H., 42 ans, aurait d’abord tué son épouse Manal en lui portant 13 coups de couteau car il la soupçonnait de le tromper avec son frère Fawzi H., selon une source proche du dossier ayant requis l’anonymat. Il aurait ensuite abattu son frère, avant de s’en prendre à son second frère, Karim H., qu’il soupçonnait d’être au courant de l’affaire. Aveuglé par une rage meurtrière, M.H. a également abattu sept autres personnes croisées en chemin, dont un ouvrier syrien et ses enfants, et un ouvrier agricole originaire de Ersal, avant de prendre la fuite. Initialement au nombre de neuf, les victimes sont passées à dix hier, après la découverte hier du corps de Fawzi H., porté disparu depuis deux jours.Selon la même source, Manal était victime de violences conjugales, ce qui l’avait poussée à se réfugier chez sa mère quelques jours plus tôt et à y emmener ses filles. « Cet homme n’a pas de casier judiciaire. Le crime a eu lieu pour des motifs personnels. M.H. était persuadé que sa femme le trompait, et c’est ce qu’il a déclaré quand il a été arrêté. Mais il faudra attendre les résultats de l’enquête officielle », indique la source à L’Orient-Le Jour.


Problèmes psychiques

Manal, 32 ans, était enseignante de mathématiques et son époux était gardien dans une université de la région. Le couple a deux filles en bas âge qui sont actuellement gardées par leur grand-mère maternelle. La jeune femme a été inhumée hier à Baakline, ainsi que son beau-frère Karim et cinq ressortissants syriens ayant trouvé la mort lors de cette tuerie. Le chef du groupe parlementaire affilié au Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt, Taymour Joumblatt, a assisté aux funérailles, ainsi que des responsables de la formation du leader druze et des élus locaux. Les funérailles de l’autre frère du tueur présumé, Fawzi, dont le corps a été retrouvé hier, se tiendront aujourd’hui. Contacté par L’OLJ, le président du conseil municipal de Baakline, Abdallah Ghossaïni, était encore sous le choc hier. « Je connais bien la famille. M. H. était venu me voir il y a un an pour postuler un emploi à la municipalité. Il était dans une situation financière difficile », se rappelle-t-il. « Cet homme avait clairement des problèmes psychiques. Il a tué sa femme de sang-froid et s’en est pris à ses frères. Il s’est ensuite rendu dans un champ où il a abattu un employé agricole puis des ouvriers syriens, se désole M. Ghossaïni. Il pensait que sa femme le trompait, or l’analyse des données téléphoniques de cette dernière montre qu’elle n’a jamais contacté son beau-frère. Cet homme était en train de s’imaginer des choses. »

Colère face au « crime d’honneur »

Les associations de défense des droits de la femme sont pour leur part montées au créneau hier après l’évocation d’un « crime d’honneur » dans le cadre de cette affaire, surtout que la famille de Manal s’est vue dans l’obligation de rejeter les accusations d’adultère portées par le mari pour préserver l’honneur de la victime.

Ainsi, la présidente de la Commission nationale pour la lutte contre les violences faites au femmes, Laura Sfeir, a critiqué « la culture de la violence contre la femme qui continue d’être présente dans nos sociétés ». « Nous continuons à souffrir du machisme meurtrier et le concept de l’honneur continue d’être lié aux femmes et aux filles », a-t-elle souligné dans un communiqué.

La Commission nationale pour la femme libanaise a pour sa part rappelé que « la loi 562 du code pénal, qui trouvait des circonstances atténuantes aux auteurs des crimes d’honneur, a été abrogée en 2011 et (que) cette terminologie n’est plus utilisée par les textes de lois libanais ».

« Non aux justifications machistes dégoûtantes. Cet homme est un meurtrier, et ceux qui essayent de lui trouver des excuses sont eux-mêmes sans honneur », a pour sa part tweeté Hayat Mirchad, responsable au sein du Rassemblement démocratique des femmes libanaises.


Pour mémoire

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commentaires (6)

C'est vraiment terrible... Que des innocents qui ont été envoyés à la mort. De la folie.

Sybille S. Hneine

17 h 06, le 24 avril 2020

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Commentaires (6)

  • C'est vraiment terrible... Que des innocents qui ont été envoyés à la mort. De la folie.

    Sybille S. Hneine

    17 h 06, le 24 avril 2020

  • Allez: la potence! Vite fait. Aussi vite que les crimes eux-memes. Pas de circonstances atténuantes...pas de blabla...

    LeRougeEtLeNoir

    13 h 37, le 24 avril 2020

  • RIP petite Manal.

    Christine KHALIL

    10 h 12, le 24 avril 2020

  • ALLAH YERHAMA.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 51, le 24 avril 2020

  • A tous ceux qui ont précédemment commenté que ce crime était lié à la présence de réfugiés syriens, je vous dis TFEH!

    Gros Gnon

    09 h 18, le 24 avril 2020

  • "Mazen était persuadé que sa femme le trompait, et c’est ce qu’il a déclaré quand il a été arrêté. Mais il faudra attendre les résultats de l’enquête officielle". Oui nous voulons savoir si elle le trompait vraiment! C'est très important!

    M.E

    00 h 38, le 24 avril 2020

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