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Santé - Dermatologie

La peau également affectée par l’épidémie de coronavirus

Les mesures de protection et d’hygiène préconisées pour se protéger du virus se traduisent chez de nombreuses personnes par des éruptions cutanées. Des solutions existent.


Alessia Bonari, une infirmière italienne, a posté sur son compte Instagram cette photo de son visage meurtri par le port du masque.

Lavage des mains à répétition, recours aux solutions hydroalcooliques de manière fréquente, port de gants, de masques et, dans le cas des corps médical et soignant, d’équipements de protection personnelle, stress accru par la crise économique et le confinement prolongé... Autant de facteurs, physiques ou psychologiques, qui peuvent favoriser les problèmes cutanés. Le Dr Boutros Soutou, dermatologue, chargé d’enseignement à la faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph, fait le point pour L’Orient-Le Jour.


Les personnes n’ayant pas ou plus de problèmes de peau majeurs :

– Ces personnes risquent principalement de développer une dermite d’irritation au niveau des mains causée par les lavages excessifs à l’eau chaude et aux nettoyants antiseptiques. Cette affection douloureuse peut être prévenue par un moyen simple qui consiste à appliquer de manière régulière, à raison d’au moins trois fois par jour, une crème émolliente sans parfum. Il est conseillé de privilégier l’eau tiède, les pains de savon doux, ou mieux encore éviter les lavages excessivement fréquents et/ou l’utilisation exclusive de solutions hydroalcooliques.

– Le stress du confinement peut faire revenir des dermatoses jusque-là bien contrôlées, comme un prurit chronique, un psoriasis, ou encore une dermatose faciale de type dermite séborrhéique (affection cutanée se traduisant notamment par des plaques rouges, recouvertes de squames souvent prurigineuse, NDLR), rosacée ou acné. Dans ces cas, une optimisation du traitement avec son dermatologue est nécessaire.

– Une irritation du visage due à l’humidité piégée à l’intérieur du masque de protection est de plus en plus rapportée avec l’usage du même masque pendant plus de quatre heures. Une solution tout récemment proposée par des chercheurs chinois consiste à plier une serviette en papier et à l’insérer au milieu du masque face à la bouche. Cette serviette absorbante peut être changée toutes les demi-heures pour maintenir un degré d’humidité minimal à l’intérieur du masque.


Le personnel médical

– Les bonnets médicaux et les charlottes peuvent, à la longue, occasionner des démangeaisons et des infections du cuir chevelu. Dans ce cas, il est conseillé d’utiliser des shampoings adaptés, sur avis médical évidemment.

– Le port continu de masques et de lunettes de protection cause en fin de journée une irritation faciale, pouvant évoluer rapidement vers des érosions au niveau des zones de frottement. Des démangeaisons peuvent être aussi ressenties. Dans plusieurs cas, l’aggravation d’une acné ou d’une rosacée est également notée. L’usage préventif d’un pansement protecteur pourrait être utile pour minimiser les frottements. L’optimisation du traitement sur avis médical permettra un meilleur contrôle des dermatoses du visage.

– Le lavage répété des mains, le lavage chirurgical et le port prolongé de gants peut provoquer une dermite d’irritation. Contrairement aux idées reçues, les solutions hydro-alcooliques n’aggravent pas la sécheresse des mains, qui sont particulièrement irritées par le lavage à l’eau et au savon au-delà d’une dizaine de fois par jour. Aussi, dans ses dernières directives, la Société française de dermatologie (SFD) recommande-t-elle l’utilisation exclusive des solutions hydro-alcooliques dans les services de soins. Si les mains sont souillées, il est conseillé d’effectuer exceptionnellement un lavage à l’eau tiède avec un savon surgras, jamais antiseptique, suivi d’un rinçage parfait, d’un séchage par tamponnement doux et d’une hydratation par crèmes émollientes.


Les patients atteints de Covid-19

Des données très parcellaires concernant une éruption cutanée survenant chez une minorité des patients ont été publiées lors des premiers mois de l’émergence de l’épidémie en Chine. Avec la progression du Covid-19 en Italie, un exanthème (éruption cutanée) non spécifique, plus rarement une urticaire, a été décrit chez presque 20 % des patients atteints de la maladie. Chez la moitié de ces patients, l’éruption cutanée a précédé l’apparition de la fièvre et de la toux et n’a résulté d’aucune prise médicamenteuse.

Le 6 avril, le syndicat national des dermatologues de France a publié un communiqué alertant sur de nouvelles manifestations cutanées de type engelures, notamment au niveau des orteils. Ces lésions venaient d’être décrites particulièrement chez des sujets jeunes en très bon état de santé, sans aucune confirmation, à ce jour, de leur origine virale. L’alerte formulée par le syndicat national des dermatologues de France avait pour objectif de dépister le plus rapidement possible ces patients, qui ne présentent aucun symptôme du Covid-19, mais qui sont potentiellement contagieux.

D’autres signes comme une rougeur du visage et un livédo des cuisses (réseau veineux bleuâtre visible) ont été également rapportés chez des patients atteints de Covid-19. Dans son dernier point d’étape daté du 15 avril, la SFD a annoncé reporter son avis sur la question, les prochains jours devront apporter davantage d’informations à ce propos.


Les patients avec des maladies de peau

Tout patient atteint d’une maladie de peau encore active et visible, le psoriasis ou l’eczéma à titre d’exemple, doit prendre des mesures de protection stricte, la peau lésée facilitant la transmission du virus par contact indirect. Ces patients doivent donc bien couvrir les parties atteintes de la peau, appliquer régulièrement une crème émolliente et réduire au strict minimum les contacts sociaux.

L’enjeu est plus important quand il s’agit de patients traités par un médicament immunosuppresseur ou immunomodulateur. Ceux-ci ne doivent pas interrompre leur traitement sans avoir concerté leur médecin, sachant qu’une incertitude médicale continue de prévaloir, le virus n’ayant pas encore dévoilé tous ses secrets. De ce fait, les médecins, ne trouvant pas de recommandations basées sur les preuves, s’appuieront sur les consensus temporaires d’experts afin de maintenir le plus haut niveau de soins à leurs patients. Comme le montre la controverse sur l’interruption ou non du médicament immunosuppresseur chez un patient atteint de Covid-19 : au moment où l’immunosuppression est capable de décupler la susceptibilité au virus, sa levée peut précipiter le fameux choc cytokinique (la cytokine est une substance produite par le système immunitaire pour réguler l’activité des cellules, NDLR) des formes graves de la maladie.


Lavage des mains à répétition, recours aux solutions hydroalcooliques de manière fréquente, port de gants, de masques et, dans le cas des corps médical et soignant, d’équipements de protection personnelle, stress accru par la crise économique et le confinement prolongé... Autant de facteurs, physiques ou psychologiques, qui peuvent favoriser les problèmes cutanés. Le Dr Boutros...

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