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Société - Epidémie

Jusqu’à présent épargnés par le coronavirus, des villages de la Békaa se barricadent

Routes bloquées devant les étrangers aux localités, barrages de contrôle... Les autorités de certaines municipalités et leurs habitants n'hésitent pas recourir aux grands moyens.

Un barrage de contrôle à l'entrée du village de Majdel Anjar dans la Békaa. Photo Sarah Abdallah

Alors que le coronavirus continue de se propager dans plusieurs régions libanaises, des habitants de la Békaa-Ouest et de la Békaa centrale ont décidé de se barricader et d’interdire tout accès aux personnes étrangères à leurs localités, dans l’espoir de rester à l’abri de l’épidémie qui les a épargnés jusque-là.

Pendant que la majorité des habitants de la région se confinent chez eux, des volontaires, en coopération avec les autorités municipales, ont ainsi érigé des blocs de béton et des remblais de sable sur les routes secondaires menant aux villages, ne gardant ouverts que les accès principaux. Mais les entrées et sorties de ces localités y sont contrôlées.

Aux entrées principales des villages, des jeunes ont dressé des barrages de contrôle, vérifiant l’identité des personnes souhaitant entrer et prenant leur température. Ces mesures touchent notamment les villages de Majdel Anjar, el-Marj, Ammiq, Sohmor, Yohmor, Qaraoun, Machghara et Kamed el-Loz dans la Békaa-Ouest, ainsi que Jdita, Maksé, Qabb Élias, Bar Élias, Taalabaya et Saadnayel dans la Békaa centrale.

Selon des sources locales, les habitants cherchent à se protéger surtout après avoir entendu que des personnes originaires d’autres régions du Liban chercheraient à se réfugier dans les villages de la Békaa et de la région de Rachaya parce qu’aucun cas de Covid-19 n’y a encore été signalé.

« Les municipalités prennent des initiatives individuelles pour faire face au coronavirus, et bloquent les routes secondaires menant aux villages. Les accès principaux, eux, restent ouverts », explique à L’Orient-Le Jour le caïmacam de la Békaa-Ouest, Wissam Nassabaih. Il indique suivre de près ces initiatives et surtout la décision des jeunes volontaires de prendre la température des personnes voulant entrer dans les villages. « Il est possible qu’une des personnes contrôlées soit porteuse du virus, mais que les symptômes ne soient pas encore apparus, ce qui expose ces volontaires à un danger », souligne-t-il.

De son côté, Saïd Yassine, président de la municipalité de Majdel Anjar, l’un des premiers villages à avoir décidé de se barricader, explique à L’OLJ que « la municipalité s’est employée, avec la police municipale, la Défense civile et une centaine de volontaires, à bloquer 15 accès secondaires à la localité sur un total de 17. Deux routes sont restées ouvertes, ajoute-t-il, celle reliant Majdel Anjar à Rachaya, et celle menant à Anjar, pour permettre aux habitants de pouvoir assurer le nécessaire ».

« Les volontaires prennent la température de tous ceux qui veulent entrer dans le village, et permettent seulement à ceux qui apportent des vivres, du lait ou des produits de première nécessité aux habitants de la localité d’y entrer, précise M. Yassine. Quant à ceux qui viennent pour rendre visite à leurs proches, ils leur interdisent de passer ».

Bloquer les routes et interdire le passage à des automobilistes est-il légal, surtout que les forces de sécurité avaient rouvert par la force les routes bloquées pendant le soulèvement populaire au nom de la liberté de circulation? Les municipalités concernées affirment que l'article 74 de la loi sur les municipalités leur permet d'« entreprendre certaines activités et mesures urgentes concernant la santé publique et la sécurité publique ». Mais le mohafez d'une autre région, le Mont-Liban, où certaines localités ont pris des mesures similaires, a récemment souligné dans une circulaire qu'il était interdit de bloquer les routes.


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Les jeunes de la révolution se mobilisent

Dans le même temps, la municipalité de Majdel Anjar se mobilise pour venir en aide aux personnes dans le besoin, et quelque 130 volontaires demandent actuellement aux familles démunies de remplir des formulaires qui leur permettront d’obtenir des aides.

Car beaucoup de familles, confinées chez elles depuis bientôt deux semaines, sont désormais sans ressources. C’est pourquoi un grand nombre de volontaires de la région, notamment les jeunes qui étaient actifs dans le soulèvement populaire du 17 octobre, œuvrent à recueillir des aides alimentaires pour les plus démunis. « Des jeunes de la révolution de Taalabaya rassemblent des aides alimentaires, qu’ils distribuent sous forme de rations aux familles les plus nécessiteuses pour qu’elles restent confinées chez elles et qu’aucun membre de la famille ne soit obligé de sortir pour gagner sa vie », explique à L’OLJ Melhem, un des jeunes militants du village, qui a activement participé au soulèvement.

Par ailleurs, des patrouilles des Forces de sécurité intérieure, en coordination avec les municipalités et des ONG de la région, ont mené des opérations de désinfection des camps informels de réfugiés syriens du secteur, dont les habitants vivent dans des conditions sanitaires précaires. L’opération a englobé 35 camps près de Qab Élias, quatre à Nabi Chit, quatre autres à Sariine, quatre à al-Khodr et huit dans la région plus éloignée du Hermel.


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commentaires (3)

Ils font très bien mais ceux qui entrent clandestinement de Syrie ?

Eleni Caridopoulou

13 h 26, le 26 mars 2020

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Commentaires (3)

  • Ils font très bien mais ceux qui entrent clandestinement de Syrie ?

    Eleni Caridopoulou

    13 h 26, le 26 mars 2020

  • ILS FONT BIEN DE SE BARRICADER MAIS ILS PEUVENT LE FAIRE AVEC DES MOYENS POLIS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 26 mars 2020

  • Bonjour la solidarité nationale. Pareil ici où dans certaines villes, on a crevé les pneus des voitures "étrangères" qui s'y étaient réfugiées et qui "apportent avec elles le virus". Une honte!

    Marionet

    09 h 12, le 26 mars 2020

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