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Lifestyle - Un peu plus

« Locked down »

Patrick Baz. Photo/AFP

Nous sommes à genoux. La Terre nous a fait plier. Toutes et tous. En un clin d’œil, elle nous a signifié qu’il fallait que ça s’arrête. Et c’est ce que nous avons fait. Le monde s’est arrêté. Pourtant, elle nous avait prévenus. Tsunamis, ouragans, inondations, tremblements de terre, incendies, canicules, rien n’y a fait. Elle nous a remis à notre place et nous voilà soumis à la nature qui nous fait un très beau doigt d’honneur. Nous avons eu beau penser depuis des décennies, voire des siècles, que nous étions tout puissants, eh bien non. L’être humain n’est rien qu’une espèce comme une autre. Dieu aurait dû nous envoyer un déluge sans Noé, c’est la Terre qui s’en est chargée.

Nous sommes en train de vivre le reboot de l’Humanité. En espérant que cette prise de conscience soit planétaire. Que cette pause que l’on subit bon gré mal gré aura été nécessaire pour réaliser un tas de choses. Depuis notre venue au monde, nous sommes en action et en contact avec les autres. Naissance, garderie, école, université, boulot, mariage, divorce, maladie, mort… Et nous voilà, aujourd’hui, à l’arrêt, confinés dans nos espaces clos. Seuls ou à plusieurs, c’est selon. Nous voilà face à nous-mêmes, obligés de ne rien faire. Parce que télétravail, télé- études, Netflix, lecture, peinture, cuisine, jeux ou pas, le reste du temps nous appartient. Un temps doux et angoissant à la fois. Les crises de panique ou de claustrophobie sont légion. Ennui, insomnies, symptômes imaginaires. Impression de fièvre, de migraine, de rhume, comme lorsqu’on se gratte la tête dès qu’on parle de poux. Notre santé mentale est autant en danger que notre santé physique, et cela ne fait qu’une dizaine de jours qu’au Liban, nous sommes en quarantaine. Les pronostics ne sont pas très rassurants. Quelques longues semaines de confinement nous attendent.

Mais force est de constater que nous vivons quelque chose d’exceptionnel et de très intéressant. Rien de déjà-vu. Même pendant les pires moments de la guerre, nous sortions, accompagnés par le bruit. Celui des bombes, des tirs, des cris, des sirènes d’ambulances. Là, c’est le silence qui s’est imposé. Depuis le début de ce locked down, on n’a pas entendu un klaxon. Pas un cri. Pas une rixe entre commerçants. Pas un chantier en ébullition. Parfois, une voiture, des joggeurs ou des marcheurs passent dans la rue. C’est tout. Pas de restaurants, pas de bars, pas de snacks, pas d’attroupements. Pas âme qui vive. Et nous, en face à face avec notre âme, à la merci du destin.

L’avantage que nous avons au Liban, comparé aux autres pays, c’est que nous étions, en quelque sorte, préparés. Nous étions en quarantaine depuis quelques mois. Au début de la thaoura, les gens sortaient peu. Puis vint la crise économique. Les restrictions bancaires. Le manque d’argent. L’absence de travail. L’impossibilité, pour beaucoup, de voyager, faute d’accès aux dollars. Nous étions déjà cantonnés, à l’exception près que nous pouvions voir des gens. Rester entre nous. Certains, qui ont eu la chance de se voir au début du confinement, peuvent donc continuer à se rencontrer. Les autres, coincés, seuls ou en famille ont affaire à plus de stress et d’inquiétude. Le stress des gamins qui ont la bougeotte, des conjoints présents 24 heures sur 24, des parents qui scrutent les moindres faits et gestes. Nous sommes finalement dans un laboratoire. Un laboratoire où la nature joue avec les expériences. Ce sont les souris qui doivent être contentes de nous voir valser dans une roue. Nous sommes des lions en cage, contraints de vivre ces expérimentations. On s’essaye à des nouveautés. Jeûner pendant 5 jours, faire du sport avec YouTube, inventer des blagues, faire des montages photos, parler à plusieurs sur Zoom ou sur WhatsApp, créer un podcast. Pendant cette pause obligée, cette 3e Guerre mondiale, on se teste. Et même si la solitude s’écrase parfois sur nos épaules, nous ne sommes définitivement pas seuls. Nous sommes avec le reste du monde. Comme le reste du monde. Et pour la première fois de notre vie, nous sommes le monde.

Nous sommes à genoux. La Terre nous a fait plier. Toutes et tous. En un clin d’œil, elle nous a signifié qu’il fallait que ça s’arrête. Et c’est ce que nous avons fait. Le monde s’est arrêté. Pourtant, elle nous avait prévenus. Tsunamis, ouragans, inondations, tremblements de terre, incendies, canicules, rien n’y a fait. Elle nous a remis à notre place et nous voilà soumis...

commentaires (3)

Il y a quelques jours un uléma du Moyen-Orient avait déclaré qu'Allah avait envoyé le coronavirus à la Chine pour la punir parce qu'elle massacre les musulmans en Chine. Nous sollicitons l'aide de ce même uléma afin qu'il demande de toute urgence à Allah de permettre aux chercheurs de l'Institut Pasteur de trouver un vaccin anti-coronavirus le plus tôt possible pour finir avec notre confinement. D'avance Merci.

Un Libanais

19 h 55, le 21 mars 2020

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Commentaires (3)

  • Il y a quelques jours un uléma du Moyen-Orient avait déclaré qu'Allah avait envoyé le coronavirus à la Chine pour la punir parce qu'elle massacre les musulmans en Chine. Nous sollicitons l'aide de ce même uléma afin qu'il demande de toute urgence à Allah de permettre aux chercheurs de l'Institut Pasteur de trouver un vaccin anti-coronavirus le plus tôt possible pour finir avec notre confinement. D'avance Merci.

    Un Libanais

    19 h 55, le 21 mars 2020

  • Moi je ne pense pas (et plusieurs indications factuelles sont repérables à ce sujet) que ce soit le fait de la nature. C'est encore une belle c***erie humaine, cette histoire de virus. Déjà, son endroit d'origine est suspect. Mais je vous laisse faire votre travail d'investigation, c'est juste le sous-entendu du billet que je souhaite contredire.

    Warman69

    13 h 00, le 21 mars 2020

  • Étrange sentiment que j'ai. Ma famille au sens strict est confinée à l'endroit où elle vit . Ma famille au sens large mère frère soeurs est aussi confinée dans un autre pays, un autre continent. Mes cousins oncles tantes etc... confinés au Liban. Moi je suis dans un pays où on a pas ( encore ? ) décidé de confiner les gens. Et pourtant je me sens confiné à cause de ce que subissent mes parents amis et familles. On est le monde à nous tout seul .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 35, le 21 mars 2020

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