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Société - Épidémie

Policiers et militaires nullement confinés, mais tous mobilisés contre le coronavirus

Les forces de l’ordre sont soumises à des mesures strictes d’hygiène et de respect des distances.

Les agents de l’ordre prennent très au sérieux les consignes d’hygième et de désinfection. Photo Mountasser Abdallah

La contamination, il y a deux jours, d’un adjudant des Forces de sécurité intérieure (FSI) par le coronavirus n’a pas manqué de susciter l’émoi au sein de la population. Parce que les forces de l’ordre, armée libanaise et FSI, ont l’obligation de rester à leur poste pour faire régner l’ordre, la sécurité et la paix dans le pays. Parce qu’elles doivent poursuivre leurs missions, ce qui implique la nécessité de travailler en patrouilles, loger sur place, dans les casernes, postes de police, prisons, avec la promiscuité qu’impliquent ces obligations. Parce que aussi, en ces temps de coronavirus, elles ont pour défi majeur de faire appliquer le confinement imposé par le gouvernement dans le cadre d’une mobilisation générale mise en place le 16 mars, afin d’éviter une propagation plus importante du virus. Sachant que l’officier atteint est hospitalisé à l’hôpital Rafic Hariri et qu’il est sous contrôle, qu’en est-il dans ce cadre des mesures adoptées par les forces de l’ordre pour protéger leurs membres et la population du nouveau virus qui a déjà fait 149 atteintes au Liban dont 4 morts ?


(Lire aussi : Ça baigne..., le billet de Gaby NASR)


Restez chez vous, pour protéger vos proches et la nation

« Nous ne sommes pas confinés, mais tous mobilisés contre le coronavirus, affirme à L’Orient-Le Jour une source sécuritaire qui requiert l’anonymat. À l’instar des médecins, des secouristes et des journalistes notamment, les forces de l’ordre font partie de ces professionnels à risque, fortement impliqués sur le terrain pour empêcher une propagation plus large du virus. » Après avoir bénéficié de formations, délivrées par la Croix-Rouge libanaise notamment, des patrouilles sillonnent régulièrement les régions, invitant la population à rester chez elle, interdisant les rassemblements et même les balades, fermant les commerces et les entreprises, désinfectant les lieux publics jusqu’aux prisons, distribuant des imprimés explicatifs. Sur le site officiel de l’institution, des vidéos, images et slogans multiplient les conseils liés à la campagne de prévention « Restez chez vous, pour protéger vos proches et la nation ». Et pas plus tard qu’hier, une première contravention dont le montant devrait être fixé par le juge d’instruction a été dressée à l’encontre d’un jeune homme à Aïn Mreïssé (voir p. 2).

Cette mobilisation n’implique-t-elle pas des contacts, une proximité, un risque ? « Nous travaillons en patrouilles et sommes certes proches physiquement les uns des autres, mais nous avons désormais l’obligation de respecter une distance minimale de deux mètres, lorsque c’est possible, de porter masques et gants, d’adopter des mesures strictes d’hygiène », précise la source, évoquant le lavage des mains, l’usage d’antiseptiques et la décontamination régulière des locaux, des équipements et des transporteurs de troupes. « L’objectif étant d’atteindre le risque zéro et d’éviter ne serait-ce qu’une seule atteinte », précise le responsable. « Si une seule contamination a été confirmée au sein des FSI (le patient semble aller bien), d’autres membres de l’institution sont en quarantaine », révèle-t-il. Une fois rentrés chez eux, les membres des forces de l’ordre doivent donc « suivre les instructions comme n’importe quel citoyen responsable ». « Nous ne pouvons demander à nos éléments de rester loin de leurs familles. Mais nous leur imposons le respect des normes de sécurité », insiste-t-il. Parmi ces mesures nécessaires, l’hygiène personnelle, le lavage systématique des uniformes, leur séchage au soleil… « Nous prenons la question très au sérieux, car elle est liée à la vie de nos troupes. À eux d’être responsables à leur tour », conclut-il, tout en reconnaissant que les choses ne sont pas simples.


L’armée réduit de moitié ses effectifs de permanence

Si l’armée libanaise n’a pas la délicate charge pour l’instant de veiller au confinement de la population, elle a le devoir d’assurer la bonne santé de ses troupes pour la sécurité militaire du pays. « Le confinement est hors de question au sein de l’armée. En revanche, nous prenons toutes les dispositions nécessaires en coordination avec les autorités et la CRL, et nous préparons une prochaine coordination avec le ministère de l’Information », affirme à L’OLJ une source militaire informée. Outre les mesures quotidiennes de sécurité, d’hygiène et de décontamination, une campagne de sensibilisation et de prévention est menée parallèlement au sein de la troupe. « Il est désormais interdit de se saluer, nous sommes tenus de porter masques et gants, et tous les équipements et locaux sont désinfectés deux fois par jour », note la source. Mais au-delà de ces gestes quotidiens devenus indispensables, « l’institution militaire a réduit de moitié les effectifs de permanence dans les casernes », pour limiter la promiscuité et respecter les distances physiques requises, entre un mètre et demi et deux mètres. Elle a également mis en place des rotations de 14 jours. « La moitié des soldats est mobilisée pendant 14 jours consécutifs. Entre-temps, l’autre moitié est au repos pour 14 jours », explique le responsable, précisant que cette rotation ne s’applique pas aux officiers, qui sont mobilisés quotidiennement. « Si certains continuent de prendre le risque à la légère, ces mesures sont généralement respectées par l’ensemble des militaires », souligne la source.

Confirmant les dires des deux responsables sécuritaires, le secrétaire général de la Croix-Rouge libanaise, Georges Kettaneh, fait état d’une étroite collaboration entre les forces de l’ordre et la CRL, sachant que les institutions sécuritaire et militaire sont toutes dotées d’équipes médicales et sanitaires. « La coopération est totale avec l’ensemble des services concernés, sur le plan des politiques adoptées, des protocoles de travail, de la décontamination des locaux, prisons et véhicules, et même de la sensibilisation et de la prévention », assure-t-il.


(Lire aussi : Coronapolitik, le commentaire de Anthony SAMRANI)


Une convocation incongrue

Dans ce cadre, la mère d’un soldat, dont nous respecterons l’anonymat, ne peut que saluer les mesures de sécurité et d’hygiène mises en place dans l’armée, notamment la limitation de la proximité physique et la réduction des effectifs. « Mon fils est mobilisé durant 14 jours d’affilée. Il dort sur place et lorsqu’il rentre à la maison pour 14 jours, il se déshabille sur le pallier avant de rentrer directement à la douche », raconte-t-elle. Elle lave et désinfecte alors ses habits et équipements, jusqu’à sa couverture. « Je peux dire que je suis tranquille. Je sais qu’on leur prend régulièrement la température, que les mesures d’hygiène sont strictes, qu’on leur impose une distance physique de deux mètres au moins et qu’ils n’ont pas le droit de se regrouper, même lorsqu’ils sont de garde », dit-elle, soulagée.

Ces mesures de confinement qui durcissent au fil des jours n’empêchent pas pourtant certains couacs administratifs, au sein même des forces de sécurité. Alors que la population est désormais interdite de circuler, sauf en cas d’urgence, le directeur responsable de L’Orient-Le Jour, notre confrère Michel Touma, était convoqué hier par la police de Achkout, pour retirer une convocation à comparaître liée à la publication d’un article dans les pages du quotidien. « Ils m’ont demandé de me présenter avec des gants et un masque, ce que j’ai fait », raconte M. Touma. Mais la porte du commissariat est restée close, pour cause de coronavirus. Et l’agent de faction, qui portait masque et gants, a remis au directeur responsable la convocation par la fenêtre. Sauf que, chose surprenante, cette convocation est prévue pour le 24 mars, date à laquelle le confinement sera toujours en vigueur.



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LES MILITAIRES DOIVENT BOUCLER LES FRONTIERES.

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 25, le 20 mars 2020

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Commentaires (1)

  • LES MILITAIRES DOIVENT BOUCLER LES FRONTIERES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 25, le 20 mars 2020

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