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À La Une - Syrie

Idleb, la "ville oubliée" et la vindicte du régime syrien

Selon Taleb al-Dougheim, l'accueil que Hafez el-Assad a reçu au début des années 1970 à Idleb "a laissé une trace tenace dans sa mémoire et cela se traduit par la répression et la marginalisation".



Vue aérienne de la ville d'Afis, dans le nord-ouest d'Idleb, le 12 mars 2020. AFP / Omar HAJ KADOUR

Ses habitants la surnomment "la ville oubliée", car ils se sentent délaissés depuis une visite houleuse dans les années 1970 de Hafez el-Assad, père du président actuel. Dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie, Idleb est aujourd'hui dans la ligne de mire de son fils.

Cette région du nord-ouest du pays en guerre a subi depuis décembre une campagne de bombardements d'une rare violence menée par le régime de Bachar el-Assad et son allié russe, faisant des centaines de morts et causant des destructions massives qui ont poussé une grande partie de la population à fuir vers la frontière turque.

A la faveur d'un cessez-le-feu en vigueur depuis le 6 mars, Malek Haj Khalil est retourné dans le village de Sarmine, à l'est de la ville d'Idleb, chef-lieu de la province du même nom, espérant pouvoir récupérer quelques affaires dans les décombres de la maison familiale. Des barres de fer à béton, un climatiseur et quelques casseroles cabossées émergent des ruines.

"On est revenus pour essayer de rapporter certaines de nos affaires, comme des meubles ou des couvertures, mais on n'a rien pu récupérer", se désole M. Khalil. Ses voisins ont eu plus de chance, chargeant matelas et canapés dans des camionnettes stationnées à l'entrée de ce qui reste de leurs maisons. L'une d'elles a l'embrasure de la porte comme seul vestige. "Quand l'armée a avancé, elle a déversé toute sa haine (...) et visé les civils et les maisons", ajoute-t-il.


(Lire aussi : Poutine et Erdogan saluent la « baisse des tensions » à Idleb)


"Haine"

Cette "haine" que le régime Assad vouerait à Idleb revient souvent dans la bouche de ses habitants pour expliquer la violence des bombardements.

Assaad Falaha affirme que le régime a bombardé à trois reprises une école gérée par une association humanitaire qu'il dirige à Binnich, à l'est de la ville d'Idleb. "Elle a été détruite à 70%. Viser une école de cette manière montre la haine que ce régime nourrit contre Idleb."

Idleb a été l'une des premières provinces à rejoindre en 2011 la révolte contre le régime syrien, qui cherche à récupérer une région dont près de la moitié est aujourd'hui contrôlée par des groupes armés pro-turcs et par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche d'el-Qaëda en Syrie. Elle compte trois millions d'habitants, dont la moitié sont des déplacés ayant fui d'autres régions de Syrie.

Selon habitants et chercheurs, Hafez el-Assad avait essuyé des jets de tomates lors d'une visite au début des années 1970 dans la ville, déjà frondeuse, après son accession au pouvoir.

"Hafez el-Assad n'est jamais retourné dans la ville. Elle a depuis été délaissée et cela a eu un impact, notamment sur les infrastructures et l'éducation", explique Mohammad Sarmini, directeur du centre de recherches syrien Jusoor, basé à Istanbul. "C'est cette marginalisation qui a poussé Idleb à rejoindre la révolution dès le début" du soulèvement, dit-il.

Selon Taleb al-Dougheim, spécialiste de l'histoire moderne de la Syrie, l'accueil que Hafez el-Assad a reçu à Idleb "a laissé une trace tenace dans sa mémoire et cela se traduit par la répression et la marginalisation".


(Lire aussi : A Idleb, on ne croit pas à la trêve)

"La mort"

Le régime syrien n'a pas oublié non plus, d'après M. Dougheim, que des manifestations avaient eu lieu dans les années 1980 à Jisr al-Choughour et Jabal al-Zawiya, dans la province d'Idleb, en soutien aux Frères musulmans alors en rébellion contre Hafez el-Assad dans la région de Hama.

"Quand Bachar el-Assad s'est rendu à al-Habit dans la province d'Idleb en octobre, il a personnellement supervisé les tirs d'artillerie contre Maaret al-Noomane", alors aux mains des rebelles, affirme le chercheur. "Le régime se comporte comme si les habitants d'Idleb n'étaient pas des Syriens."

Le régime a reconquis en février la ville de Kafranbel, dans le sud de la province d'Idleb, qui était l'un des derniers symboles de la révolte avec ses slogans à l'ironie mordante déclinés sur des pancartes et des dessins à l'humour bien senti.

Mais cette ingéniosité se manifeste aussi ailleurs dans la province. Comme sur la façade d'une école à Binnich partiellement détruite dans des bombardements et sur laquelle ont été inscrites des consignes pour se protéger du nouveau coronavirus. Avec le visage de Bachar el-Assad en guise de virus.

Peint sur le mur d'une salle de classe éventrée, un dessin semble résumer la récente histoire d'Idleb. On y voit un char et un avion de combat bombardant des enfants avec ce texte comme légende: "Date: l'époque des dictateurs. Cours: révolution. Titre de la leçon: la mort".


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commentaires (1)

Regardez moi ces quelques lignes écrites dans le ridicule du style d'un manque total discernement entre une ville infectée par des terroristes wahabites importées et une population syrienne prise en otage par ces terroristes à dénomination multiples. Comment peut on encore soutenir ces criminels dans leur déroute. Honteuse moralité.

FRIK-A-FRAK

23 h 34, le 13 mars 2020

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Commentaires (1)

  • Regardez moi ces quelques lignes écrites dans le ridicule du style d'un manque total discernement entre une ville infectée par des terroristes wahabites importées et une population syrienne prise en otage par ces terroristes à dénomination multiples. Comment peut on encore soutenir ces criminels dans leur déroute. Honteuse moralité.

    FRIK-A-FRAK

    23 h 34, le 13 mars 2020

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