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Moyen-Orient - Crise

Migrants : la Grèce accusée de recourir à la manière forte

Plusieurs organisations internationales et ONG reprochent à Athènes de contrevenir au droit international et européen.

Des migrants à la frontière turco-grecque hier. Bulent Kilic/AFP

Refoulement en Turquie, utilisation de gaz lacrymogènes, confiscation de biens : la Grèce est accusée de recourir à la manière forte avec les migrants qui tentent d’entrer en Europe et Ankara lui attribue même la mort de trois personnes. « Des soldats grecs (...) nous ont pris notre argent, nos téléphones. Il est arrivé la même chose à nos amis », raconte Resul, un jeune Afghan, rencontré le long de la longue frontière terrestre qui sépare la Turquie et la Grèce sur plus de 200 km. Nombreux sont les récits, rapportés par la presse grecque, de migrants repoussés vers la Turquie après avoir été interceptés par les policiers grecs. D’autres candidats malheureux à l’exil rencontrés sur les routes affirment qu’ils ont été rossés par les forces de l’ordre grecques, déjà montrées du doigt pour avoir utilisé des gaz lacrymogènes aux ogives potentiellement mortelles. Depuis que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a ordonné l’ouverture des frontières pour laisser passer les migrants désireux de se rendre dans l’Union européenne, Athènes est la cible de nombreuses critiques, le gouvernement n’ayant pas hésité à fermer complètement sa frontière terrestre tout en renforçant ses forces déployées le long du fleuve Evros.

« Push-back »

Ces pratiques présumées de « push-back », qui consistent à repousser les personnes qui voudraient entrer sur un territoire, sont dénoncées par plusieurs organisations internationales et des ONG, qui reprochent également au gouvernement grec de contrevenir au droit international et européen en décidant de suspendre les demandes d’asile pendant un mois. Quel sera ainsi le traitement réservé aux réfugiés, notamment syriens, qui, en raison du conflit qui ensanglante leur pays, ne peuvent pas être renvoyés en Syrie ? « Le principe fondamental de non-refoulement » stipule que « personne ne peut être renvoyé dans un pays où sa vie ou sa liberté seraient en péril », a souligné mardi Stella Nanou, la responsable de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Grèce, lors d’une visite au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule côté turc). L’ONG allemande de défense des droits des réfugiés, Pro Asyl, a elle aussi tancé les autorités grecques, jugeant « illégaux » les renvois vers la Turquie « sans que les procédures d’asile n’aient été enclenchées ».

État de siège

À la frontière, la région reculée de terres agricoles et de villages assoupis offre le spectacle d’une zone en état de siège : camions militaires et véhicules de police quadrillent la zone du nord au sud et d’est en ouest. La Turquie accuse aussi les gardes-frontières grecs d’avoir tué trois migrants lors de heurts à la frontière, ce qu’Athènes a fermement démenti, rejetant de « fausses informations ». Des journalistes ont vu le long de la frontière des soldats grecs cagoulés embarquant des migrants dans des véhicules militaires. Certains réfugiés se trouvaient aussi à bord de fourgonnettes sans plaques d’immatriculation. Les policiers et les militaires ont systématiquement refusé d’indiquer la destination de ces personnes interpellées. « On les livre à la justice pour entrée illégale sur le territoire », se contente d’indiquer un policier qui refuse de décliner son identité, à Tychero, un bourg collé à la frontière. Des forces de l’ordre grecques sont également soupçonnées d’avoir dépouillé des réfugiés de leurs effets personnels. À Tychero, des paires de chaussures souillées de boue sont entassées à côté de l’entrée du poste de police, ainsi que des téléphones portables. De l’autre côté de la frontière, des migrants marchent pieds nus et affirment que les policiers grecs leur ont pris leurs chaussures. Ces soupçons interviennent dans un climat d’hostilité grandissante des locaux. Quand ils parviennent à entrer en Grèce, les migrants sont livrés à eux-mêmes, soumis à une errance dans le froid et sans assistance. À la différence des îles de la mer Egée, aucune organisation humanitaire n’est déployée dans cette vaste région.

Yannick PASQUET/AFP

Refoulement en Turquie, utilisation de gaz lacrymogènes, confiscation de biens : la Grèce est accusée de recourir à la manière forte avec les migrants qui tentent d’entrer en Europe et Ankara lui attribue même la mort de trois personnes. « Des soldats grecs (...) nous ont pris notre argent, nos téléphones. Il est arrivé la même chose à nos amis », raconte Resul, un...

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