Rendez-vous incontournable, la semaine de la mode parisienne lancée le 24 février accueille les présentations du prêt-à-porter automne-hiver 2020-21 jusqu’au 4 mars. Malgré quelques annulations, l’événement a fait fi de l’épidémie du Covid-19 qui paralyse le monde cette saison et n’a apporté aucun changement à son calendrier officiel, adoptant une attitude à la fois « responsable et optimiste ».
Si la semaine précédente, à Milan, certains défilés, dont celui d’Armani, se sont déroulés à huis clos, les professionnels du luxe à Paris s’en sont tenus à la prudence, sans panique. Peu de masques, mais pas de bises, sachant que par ailleurs, à l’entrée de son défilé, Paco Rabanne distribuait du gel désinfectant et des protections qui ont été majoritairement boudées. Les défilés des créateurs chinois ont été annulés ainsi qu’un événement organisé à l’ambassade de Grande-Bretagne sur le thème « Sustainable Future for Fashion ». LVMH a annulé le cocktail prévu pour l’annonce de la nouvelle édition du LVMH Prize, mais la rencontre entre les candidats s’est maintenue en présence des membres du jury dont Jonathan Anderson (directeur artistique de Loewe), Delphine Arnault (présidente) ou Gigi Hadid. Il est à noter que LVMH avait enregistré en 2019 une croissance record de 15 % et que son président Bernard Arnault avait dit s’attendre pour 2020 à une conjoncture tout aussi favorable pour la mode et annoncé une contribution de la maison à hauteur de 2 millions d’euros à la Croix-Rouge chinoise.
En attendant, comme l’indiquent certaines prévisions, que l’épidémie commence son déclin au printemps, la semaine de la mode parisienne a été marquée jusqu’à présent par des défilés puissants, confirmant les tendances globales de la décennie : renforcement de la femme, recyclage et surcyclage, respect des sources et des ressources. Guy Laroche présentait ainsi des pièces retrouvées et rachetées de ses anciennes collections, les réinterprétant avec de nouvelles matières. Chez Kenzo, la très attendue collection du nouveau directeur artistique Felipe Olivera Baptista venu de chez Lacoste n’a pas déçu, offrant une nouvelle lecture de l’esprit « jungle urbaine » cultivé par la marque depuis plusieurs années. Le défilé a été chaleureusement applaudi par le fondateur Kenzo Takada, invité d’honneur de la présentation. Chez Saint Laurent, Anthony Vaccarello a privilégié une scénographie très « film noir », faisant défiler ses modèles très épaulés dans l’obscurité, de manière à les faire apparaître et disparaître dans des faisceaux de lumière. Le latex, matière érotique, est omniprésent dans cette collection sulfureuse, très « maîtresse », où s’associent par ailleurs vestes de tailleur et sages lavallières dans une palette de couleurs vives. Dior, de son côté, sous la houlette de Maria Grazia Chiuri, poursuivait sa campagne féministe en affichant des slogans idoines, le tout dans un esprit 70’s qui évoque pour la créatrice son enfance romaine.
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