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À La Une - Liban

"Les gens meurent de faim, vous pensez qu'on va avoir peur du coronavirus ?" : nouvelle mobilisation à Beyrouth

Devant le Parlement, dans une ambiance tendue, les contestataires réclament la chute du gouvernement de Hassane Diab. 

Un manifestant brandissant un drapeau libanais, le visage protégé par un masque en papier, à Beyrouth, le 29 février 2020. Photo Joao Sousa

Des centaines de personnes se sont mobilisées samedi, lors d'une marche au départ du quartier Barbir, dans le sud de Beyrouth, en direction du centre-ville, et dans la rue longeant le Parlement, afin de crier leur refus de la classe dirigeante actuelle, clamant que c'est aux responsables et non aux citoyens de "payer le prix" des politiques financières de l’État. Cette mobilisation, devenue traditionnelle le samedi après-midi, était marquée par la présence de nombreux protestataires portant des masques sanitaires comme mesure préventive, alors que sept cas de coronavirus ont été détectés au Liban


Un sit-in organisé dans la rue longeant le Parlement, dans le centre-ville de Beyrouth, le 29 février 2020. Photo Joao Sousa


"Michel Aoun (le président de la République) est comme le corona", chantaient les contestataires, appelant le chef de l’État à démissionner. Comme lors des sit-in organisés régulièrement depuis le début du mouvement le 17 octobre, les protestataires ont réclamé la fin du confessionnalisme et du "règne des banques", accusées de couvrir la corruption des responsables politiques au détriment des déposants. La mobilisation a été lancée sous le titre "Vous paierez le prix", rejetant tout paiement que doit rembourser l’État de la série d'eurobonds arrivant à échéance le 9 mars. Le Liban traverse la plus grave crise économique et financière qu’il a connue depuis les années 1990. Cette crise a poussé de nombreux Libanais à se retrouver au chômage et les prix ont flambé, parallèlement à une forte dévaluation de la livre. Dans ce contexte, Beyrouth a officiellement demandé l'aide du Fonds monétaire international et envisage de restructurer sa dette publique. La marche a dans ce cadre observé des haltes devant les ministères des Finances et de l’Économie, avant de s'arrêter devant le Sérail gouvernemental.

"Voleur, voleur, Nabih Berry est un voleur", ont également scandé les manifestants, en référence au président de la Chambre. Pour faire face au mauvais temps, les drapeaux libanais bariolant habituellement les rassemblements de la contestation avaient été remplacés par des parapluies. 



(Lire aussi : Sit-in devant le Conseil supérieur chiite contre le système patriarcal au Liban)




Tensions
Un sit-in a en parallèle été organisé devant la rue menant au Parlement entièrement barricadé, afin de réclamer "la chute du gouvernement" de Hassane Diab. Quelques personnes se sont rassemblées lors d'un sit-in sous tension, selon notre journaliste sur place Matthieu Karam.

Des jeunes se trouvant sur les lieux, au niveau de la rue Weygand ont lancé des projectiles, notamment des pierres et des pétards en direction des forces de l'ordre déployées sur les lieux, qui ont répliqué en projetant du gaz lacrymogène. Selon notre photographe Joao Sousa, présent sur place, une jeune femme a été blessée, probablement par une bombe de gaz et a été emmenée vers un hôpital beyrouthin par une ambulance. Le calme est toutefois revenu après 19h30, notamment en raison des fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale.


Un manifestant lançant un projectile en direction des forces de l'ordre, à Beyrouth, le 29 février 2020. Photo Joao Sousa


Élie, un trentenaire dont les traits semblent tendus derrière son masque sanitaire est au chômage depuis trois mois. Il déclare à L'Orient-Le Jour être "venu réclamer des législatives anticipées". "Nous, les jeunes, nous sommes diplômés mais nous restons cloîtrés chez nous sans emploi", s'indigne-t-il. "Si nous avons peur du coronavirus ? Mais les gens meurent de faim. Vous pensez qu’on se soucie du coronavirus ?".

De son côté, Marie-Rose, une femme au foyer d'une soixantaine d'années estime que "les législatives anticipées sont une nécessité car la population ne fait pas confiance aux responsables qui sont en place". "Évidemment que les dirigeants font la sourde oreille, mais notre devoir est d’être là aujourd’hui. C’est notre seule chance, nous devons la saisir", lance-t-elle. Interrogée sur sa volonté de manifester malgré les craintes du Covid-19, elle affirme : "Que Dieu guérisse tous ceux qui ont été contaminés par le coronavirus. Mais qu’il guérisse aussi nos dirigeants de leurs tares mentales. Moi, je ne crains rien, car le peuple libanais est bien préparé. Nous sommes un peuple uni”, ajoute-t-elle. 

Depuis plus de quatre mois, les protestataires réclament la formation d'un cabinet de technocrates, complètement indépendants des formations politiques traditionnelles. Ils rejettent dans ce contexte le nouveau gouvernement, formé au mois de janvier, qui comporte de nombreux représentants de ces partis.



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commentaires (3)

Les contestataires doivent redonner un nouveau sang aux manifestations pour ne pas plonger dans la routine qui ne porte pas ses fruits .

Antoine Sabbagha

20 h 22, le 29 février 2020

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Commentaires (3)

  • Les contestataires doivent redonner un nouveau sang aux manifestations pour ne pas plonger dans la routine qui ne porte pas ses fruits .

    Antoine Sabbagha

    20 h 22, le 29 février 2020

  • LES MESURES PRISES SURTOUT A L,ENCONTRE DES VOLS ARRIVANT D,IRAN ET D,IRALIE SONT DE LA BLAGUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 02, le 29 février 2020

  • La révolution allait réussir mais les Chiites ont écouté leurs chefs ,ont abandonné la place et il y a eu flop !Les plus malheureux seront Les plus malheureux!

    PROFIL BAS

    19 h 35, le 29 février 2020

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