Depuis quelques jours, c’est le branle-bas de combat sanitaire contre le coronavirus dont les premières effluves sont arrivées jusqu’aux cercles politiques. Pour une fois, les gougnafiers habituels retiennent leur respiration et évitent de se postillonner à la figure. Ce qui a foutu la poisse dans une classe dirigeante habituée à saliver et se peloter en toutes circonstances. Mais ça ne les empêche pas de se lâcher sur Twitter, une bonne occasion de rester dans la diatribe, puisque la psychose du virus permet de changer de sujet tout en marinant dans le même bouillon de culture.
Menace d’épidémie ou pas, les rumeurs vont bon train : à Beyrouth, on a localisé un pauvre hère qui reniflait. Raté, son problème ne venait pas de Chine ou d’Iran, mais des plantations haschichisées de Baalbeck-Hermel ; au Liban-Nord, un malade s’est présenté dans un hôpital. On a craint une grippe corona, on a fait des examens, et puis soulagement général : c’était seulement un cancer.
Évidemment, personne n’a pensé à expliquer tout bêtement que la grippe saisonnière fait proportionnellement beaucoup plus de morts par an à travers le monde que le corona. Mais bon, le virus de la désinformation ne s’arrête pas à ce genre de détail.
À ce stade, on attendait l’ânerie habituelle. Elle est venue de la barbe numéro deux du Hezbollah, Naïm Kassem, qui conformément à la loi de la pesanteur ouvre la bouche plus facilement qu’il ne la ferme. Pour cet homme qui a réussi la gageure de rendre Hassan Nasrallah sympathique, la messe (si l’on peut dire) est dite : le coronavirus est une invention américaine pour faire passer le plan trumpiste consistant à implanter les Palestiniens. Un bel exemple de delirium tremens avant même la fièvre grippale.
Autre bipède inspiré : le Basileus. Lui exonère complètement le coronavirus et fait porter le chapeau du complot, à la diabolisation du Courant agrume. Comprendre : dans le cas où le CPL n’obtient pas son QG au plus près des stèles historiques de Nahr el-Kalb, cela fera à terme le lit de l’implantation des Palestiniens… et des Syriens en guise de bonus.
Si ces deux-là n’ont pas encore vu que les deux millions de réfugiés présents chez nous sont déjà bel et bien implantés, c’est qu’il faut absolument qu’ils consultent d’urgence un ophtalmo. Y en avait bien un excellent à Londres, mais dommage qu’il ait mal tourné puisqu’il est entre-temps devenu président de la République à Damas.
Vivement une bonne épidémie de grippe pour qu’on leur colle un masque à la figure !
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (11)
personne n’a pensé à expliquer tout bêtement que la grippe saisonnière fait proportionnellement beaucoup plus de morts par an à travers le monde que le corona. article delicieux.mais une petite correction: mortalite par corona en moyenne 2 % par grippe :0.1 % le corona a un pouvoir lethal 20 fois la grippe saisonniere.
SATURNE
22 h 17, le 02 mars 2020