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Économie - Les mots/maux de la crise

II. Qu’est-ce qu’une restructuration de la dette ?

Le ministère des Finances, à Beyrouth. Photo ANI

Aujourd’hui, la plupart des responsables libanais des sphères politique et économique, hormis les banques, évoquent la nécessité pour le pays du Cèdre de restructurer sa dette. Notamment en raison de l’échéance, le 9 mars, d’une série d’eurobonds dont le remboursement contribuerait à amenuiser le peu de réserves en dollars encore en possession de la banque centrale. Une restructuration de la dette est donc, naturellement, le deuxième terme de notre rubrique à caractère pédagogique inaugurée avec les eurobonds, sur les mots associés aux maux de la crise. Une notion d’autant plus importante que le Liban vient de faire un premier pas vers ce processus en sélectionnant un cabinet de conseil financier – Lazard – et un cabinet d’avocats – Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP – pour l’épauler dans cette étape cruciale de la gestion de la crise actuelle.


Qu’est-ce que cela signifie ?
Il arrive qu’un État se retrouve dans une situation financière tellement difficile qu’il ne peut plus honorer ses engagements auprès de ses créanciers. C’est-à-dire qu’il ne peut plus rembourser à temps une partie ou la totalité de ses emprunts dans les conditions initialement convenues avec les créanciers : des banques, des fonds d’investissement, des États, des institutions internationales ou des particuliers. Il est donc contraint de prendre un certain nombre de dispositions.

Première option : il peut décider unilatéralement de faire un défaut de paiement, c’est-à-dire de ne plus rembourser ses créanciers. Ce qui n’est pas sans risque car ces derniers peuvent lancer des poursuites judiciaires à son encontre. Deuxième option : il peut choisir de négocier. Dans ce cas, plusieurs pistes peuvent être envisagées.

Option 1 : le moratoire
L’État peut demander de repousser la date des échéances les plus proches. À ce moment, il ne s’agit pas d’une restructuration de la dette. Cette option nécessite néanmoins un certain délai avant l’échéance.

Option 2 : le rééchelonnement
L’État peut renégocier les conditions du remboursement (des intérêts plus bas et des maturités plus longues). Le principe de cette opération est de différer le remboursement de la totalité ou d’une partie des intérêts et/ou du principal de la dette, souvent en réduisant également les intérêts à payer.

Option 3 : une réduction (haircut) de la dette
Cette opération est la plus drastique. Elle consiste en une réduction ou une annulation (effacement) du principal ou des intérêts de la dette. On parle alors de haircut sur la dette. Cette option peut être privilégiée par certains créanciers confrontés à des problèmes de liquidité et préférant obtenir une partie de leur capital le plus tôt possible, plutôt que la totalité plus tard. En revanche, dans le cas où cette réduction est supérieure aux fonds propres des banques – qui sont les principaux créanciers de l’État libanais –, celles-ci seraient contraintes de répercuter la perte enregistrée sur les déposants, en ponctionnant leurs dépôts. On parle alors de haircut sur les dépôts.

Les créanciers
Dans le cas du Liban, et plus précisément si une restructuration de la dette contractée en dollars est décidée, les principaux détenteurs d’eurobonds se regroupent au sein d’un comité pour en négocier les termes avec l’État. Tout comme l’État, les créanciers cherchent actuellement un (ou plusieurs) cabinet international d’avocats pour les représenter dans ce processus. Une fois un accord conclu, les termes de la restructuration doivent être approuvés par une majorité de 75 % des détenteurs de chaque série, votant série par série.


Dans la même rubrique :

I – Qu’est-ce qu’un eurobond ?

L'avis des experts

Les conséquences d’une restructuration de la dette du Liban, par Oussama A. Nasr
Comment se déroule une restructuration de dette, selon Camille Abousleiman

Les enjeux juridiques de la restructuration de la dette, selon Nasri Diab et Karim Daher

Plutôt qu’une restructuration de la dette, mettons en place une contribution unique de « solidarité nationale », par Samir el-Daher

Aujourd’hui, la plupart des responsables libanais des sphères politique et économique, hormis les banques, évoquent la nécessité pour le pays du Cèdre de restructurer sa dette. Notamment en raison de l’échéance, le 9 mars, d’une série d’eurobonds dont le remboursement contribuerait à amenuiser le peu de réserves en dollars encore en possession de la banque centrale. Une...

commentaires (2)

gageons que ce sera l'option 3 , particulierement" les banques seraient contraintes de répercuter la perte enregistrée sur les déposants, en ponctionnant leurs dépôts" n'est ce pas ainsi que les banques preserveraient LEURS PROPRES INTERETS /LES INTERETS DE LEURS ACTIONNAIRES ???

Gaby SIOUFI

11 h 25, le 26 février 2020

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Commentaires (2)

  • gageons que ce sera l'option 3 , particulierement" les banques seraient contraintes de répercuter la perte enregistrée sur les déposants, en ponctionnant leurs dépôts" n'est ce pas ainsi que les banques preserveraient LEURS PROPRES INTERETS /LES INTERETS DE LEURS ACTIONNAIRES ???

    Gaby SIOUFI

    11 h 25, le 26 février 2020

  • EN CAS DE HAIRCUT CETTE OPTION DOIT ETRE IMPOSEE SUR LES PROPRIETAIRES DES BANQUES ET NON SUR LES DEPOSANTS. CE SONT LES PROPRIETAIRES DES BANQUES QUI PRETAIENT A L,ETAT PROBLEMATIQUE ET PROFITAIENT ET NON LES DEPOSANTS. LA CONTESTATION DEVRAIT PRENDRE AU SERIEUX CETTE ALTERNATIVE ET LA COMBATTRE DES MAINTENANT. UN COMITE D,AVOCATS DEVRAIT VOIR LE JOUR DES AUJOURD,HUI POUR COMBATTE UNE TELLE SUGGESTION. BAS LES MAINS DES ECONOMIES D,UNE VIE DES DEPOSANTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 38, le 26 février 2020

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