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Environnement - Ressources hydrauliques

« Le cas de Bisri est emblématique des politiques de surendettement »

Un rassemblement hostile au projet de barrage se tient aujourd’hui devant les bureaux de la Banque mondiale, dans le cadre d’une contestation plus large de politiques économiques indifférentes au coût social et écologique.

Le projet du barrage de Bisri a longtemps alimenté une contestation populaire active. Ici, une manifestation qui date de février 2019 organisée par la Campagne pour la protection de la vallée. Photo d’archives du Mouvement écologique libanais

Toutes les protestations des militants écologistes contre le projet de barrage de Bisri, dans le caza de Jezzine (Liban-Sud), qui se sont intensifiées depuis le début du soulèvement populaire, n’ont pas changé la position de la Banque mondiale (BM), qui lui est toujours favorable. Ses adversaires se sont donc donné une nouvelle fois rendez-vous à 18 heures devant le siège de la BM à Beyrouth, cette institution étant le principal bailleur de fonds de ce projet, avec un prêt de 474 millions de dollars. Ce barrage devrait être exécuté par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) sur six millions de mètres carrés dans l’une des plus belles vallées du Liban.

Le rassemblement d’aujourd’hui est organisé par la Campagne pour la protection de la vallée de Bisri, en coopération avec d’autres groupes de la révolution du 17 octobre : la manifestation contre ce projet s’inscrit, cette fois, dans le cadre d’une revendication plus globale, celle d’éviter l’intervention intempestive des institutions internationales au Liban, le pays disposant, selon nombre d’experts parmi les militants, des ressources nécessaires pour lutter contre l’effondrement économique.

La campagne contre le barrage de Bisri, conçu entre autres pour alimenter Beyrouth en eau potable, remonte à loin : les détracteurs du projet déplorent non seulement la destruction programmée de la vallée – qui compte des terres agricoles très fertiles et une biodiversité remarquable –, mais aussi la perte d’un patrimoine bâti traditionnel inestimable. Ils assurent que des alternatives moins coûteuses sont disponibles et alertent l’opinion sur le risque d’acheminement d’une eau polluée vers la capitale, l’une des sources étant le lac du Qaraoun, gravement affecté. Enfin, le risque sismique est également mis en avant, l’emplacement du barrage étant traversé par une faille majeure du pays.

En septembre dernier a éclaté le scandale de l’abattage massif d’arbres centenaires par son entrepreneur, alors même que le projet n’était pas encore amorcé. Le soulèvement populaire qui a éclaté quelques semaines plus tard a multiplié le nombre des contestataires mécontents de ce projet. Ils ont fini par en occuper le site d’où les bulldozers ont été retirés.


(Lire aussi : À Msaylha, nouveau barrage, nouveau parfum de scandale)


Un mégaprojet « inutile »

Interrogé sur le rassemblement d’aujourd’hui, Roland Nassour, coordinateur de la Campagne pour la protection de la vallée de Bisri, indique à L’OLJ que « la BM continue d’œuvrer en vue de concrétiser ce projet, ce qui est inacceptable ».

« Le marché conclu autour de la construction du barrage de Bisri s’inscrit dans le cadre d’une politique qui a toujours privilégié les prêts étrangers à coups de milliards de dollars, sans se soucier des conséquences sociales, économiques et écologiques, poursuit-il. Le cas de Bisri est emblématique de ces politiques d’endettement à outrance qui prévalent depuis des années et qui nous ont menés là où nous sommes aujourd’hui. » Le militant soutient que les plans pour Bisri sont fondés sur des données inexactes et que la campagne a présenté tous les arguments qui montrent que ce mégaprojet est tout à fait inutile dans la conjoncture libanaise. « Toutefois, la BM agit suivant ses intérêts, affirme-t-il. Le projet est pris en charge par toute une équipe. Il fallait bien s’attendre à une résistance. »

Roland Nassour se dit confiant aujourd’hui que ce projet sera abandonné tôt ou tard. « Le courant des détracteurs de ce barrage ne fait que grossir, assure-t-il. Et nous menons campagne dans plusieurs pays. » Récemment, le Parti vert allemand a attiré l’attention de son propre gouvernement sur le dossier en adressant une lettre au ministre allemand de la Coopération et du Développement (BMZ), Gerd Müller, pour le mettre en garde contre la construction d’un tel ouvrage, l’Allemagne contribuant dans une proportion de 15 % au financement de ce projet contesté, à travers la Banque mondiale.



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