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Moyen-Orient - Éclairage

À Damas comme à Gaza, Israël prend pour cible le Jihad islamique

L’État hébreu assume publiquement son choix stratégique contre le mouvement radical à une semaine des élections législatives.


L’enterrement, lundi 24 février, de l’un des membres du Jihad islamique tués par des frappes israéliennes, dimanche, dans le camp palestinien de Yarmouk à Damas. Omar Sanadiki/Reuters

L’armée israélienne a ciblé une nouvelle fois, dans la soirée de dimanche, les positions du Jihad islamique palestinien. Ce dernier avait revendiqué dimanche des tirs de roquettes en direction du sud d’Israël, dont la plupart ont été interceptées par le système de défense antimissile « Dôme de Fer ».

La riposte des forces israéliennes s’est faite sur deux fronts : à Gaza, où elle a fait quatre blessés, et dans le sud de Damas, où un raid de l’aviation israélienne a fait six morts dont deux dans les rangs du Jihad islamique et quatre Iraniens.

L’échange avait été initié par la mort dimanche matin d’un combattant du Jihad islamique accusé de préparer une charge explosive près de la barrière de sécurité séparant Gaza du territoire israélien, où il a été abattu. Fait rare, Israël a officiellement revendiqué les deux frappes. Régulièrement accusées d’attaques contre des forces hostiles comme le Hezbollah, la force iranienne al-Qods ou le Jihad islamique, les autorités n’ont pas pour habitude de se prononcer publiquement quant à leurs actions ciblées en Syrie voisine.

Hamas/Jihad islamique : la différence stratégique

Les roquettes lancées par le Jihad islamique sont le signe d’une différence de stratégie de plus en plus visible entre lui et le Hamas. « Alors que le Hamas a toujours gardé une certaine distance vis-à-vis de l’Iran, le traitant comme un partenaire parmi d’autres (pour ne pas froisser l’Égypte et, dans une moindre mesure, la Turquie et le Qatar), le Jihad islamique, lui, s’est aligné sur l’axe dirigé par Téhéran », estime Michael Horowitz, consultant à LeBeck International, un think tank basé à Bahreïn.

Le Jihad est par ailleurs proche du Hezbollah, ayant eu « une présence importante au Liban dans la fin des années 80, avant de transférer une grande partie de ses instances dirigeantes vers la Syrie », ajoute Michael Horowitz. « Ainsi, alors que le Hamas maintient un calme précaire avec l’État hébreu depuis près d’un an, le Jihad islamique s’en démarque en prenant une attitude bien plus hostile vis-à-vis d’Israël – ce qu’il peut se permettre de faire puisqu’il n’est pas au pouvoir et n’a pas à pourvoir aux besoins de la population civile de Gaza –, contrairement au Hamas », précise encore M. Horowitz.


(Lire aussi : Quand un professeur de français raconte le quotidien de Gaza)


Mais si depuis avril 2018, le nouveau leader du Hamas, Yahya Sinwar, semble résolu à appliquer une stratégie plus pondérée envers Israël, décidant par exemple de mettre fin aux tirs de roquettes et à la ligne systématique de réplique militaire, le porte-parole du mouvement, Faouzi Barhoum, avertissait hier que les représailles israéliennes provoqueraient une « résistance inédite pour laquelle Israël devra assumer la responsabilité ».

Une réaction partagée par le porte-parole de la branche militaire du Jihad islamique, Abou Hamza, qui a également mis en garde contre de possibles répercussions suite aux attaques considérées comme « un événement qui ne peut pas être ignoré et qui ne passera pas en silence ».

Lundi dans la journée, les tirs de roquettes reprenaient effectivement en direction du sud d’Israël. Au total, l’armée israélienne rapportait sur son compte Twitter qu’« une quarantaine de roquettes on été tirées par les terroristes de Gaza contre les civils israéliens en moins de 24 heures ». En fin de journée, Israël répondait aux tirs de roquettes en fermant le point de passage vers Gaza et en réduisant l’espace maritime de l’enclave palestinienne.


Moyens limités

L’épisode de dimanche et lundi s’inscrit donc dans un cycle de tensions entre le Jihad islamique et l’État hébreu. « Israël a tenté d’établir une forme de dissuasion vis-à-vis du groupe en assassinant l’un de ses commandants en novembre dernier. Force est de constater que cela n’a pas changé sa posture », note Michael Horowitz.

En novembre dernier, rappelle-t-on, Israël menait une opération contre le Jihad islamique dans la bande de Gaza, faisant une trentaine de morts, dont un commandant jugé responsable d’attaques contre Israël et neuf personnes sans lien avec le groupe armé. Le Jihad islamique lançait en retour des centaines de roquettes vers Israël qui répliquait à son tour, en épargnant les positions du Hamas pour la première fois depuis dix ans.

« Mais si le Jihad islamique a prouvé à plusieurs reprises sa capacité à agir indépendamment du Hamas, celle-ci ne doit pas être surestimée. Le groupe reste bien plus modeste et limité en termes de moyens », observe Michael Horowitz.

Côté israélien, les tensions interviennent dans un contexte de crise politique, une semaine avant des élections législatives, les troisièmes en moins d’un an, qui devraient être cruciales pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.



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