La directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a commenté vendredi l'envoi à l'institution d'une demande officielle d'aide technique de la part du Liban, estimant que les autorités libanaises ne doivent "plus perdre de temps pour régler des problèmes qui ont été ignorés pendant beaucoup trop longtemps".
"Le Liban doit désormais prendre des décisions stratégiques importantes après avoir retardé pendant longtemps des réformes essentielles", a déclaré Mme Georgieva, au cours d'un entretien avec la journaliste Hadley Gamble de la chaîne américain CNBC, lors de la Conférence internationale de Munich sur la sécurité. Le gouvernement libanais doit dès lors "montrer qu'il est capable d'engager des réformes. C'est extrêmement important", a ajouté la directrice du FMI. "Le pays est dans une situation critique et il n'y a pas de temps à perdre pour régler des problèmes qui ont été ignorés pendant beaucoup trop longtemps", a-t-elle déclaré. "Nous allons envoyer une équipe technique et, sur base du travail mené, nous pourrons juger au mieux de la situation".
La haute responsable a encore estimé que le soutien d'organisations comme le FMI, mais aussi d'autres pays, était "très important". "Ces relations ne sont pas juste importantes pour que Beyrouth puisse obtenir des aides financières, mais aussi pour que le pays puisse être considéré comme capable d'inverser une situation qui est très mauvaise et compliquée", a-t-elle ajouté.
Le Liban, qui est en proie à la pire crise économique depuis la guerre civile (1975-1990), croule sous une dette d'environ 92 milliards de dollars, soit plus de 150% de son Produit intérieur brut, l'un des ratios les plus élevés mondialement. En mars, il doit rembourser 1,2 milliard de dollars d'eurobonds- des obligations émises en dollars- arrivant à échéance. Mais les avis divergent sur le bien-fondé du paiement ou non de cette tranche. Certains milieux prônent de négocier dès à présent avec les créanciers de l’État une restructuration de la dette. Le cabinet s'est donné deux semaines pour décider de la marche à suivre. Signe de l’urgence, le gouvernement a officiellement adressé mercredi une demande au FMI pour une assistance technique. Les experts du FMI sont attendus dans les prochains jours pour présenter au Liban un plan économique, monétaire et financier global pour gérer la crise.
Les commentaires des experts
Les conséquences d’une restructuration de la dette du Liban, par Oussama A. Nasr
Lire aussi
Restructuration de la dette : L’excuse du temps n’est plus recevable, selon Sibylle Rizk
Comment se déroule une restructuration de dette, selon Camille Abousleiman
Des détenteurs internationaux d’eurobonds s’organisent pour négocier avec le Liban
Lire aussi dans Le Commerce du Levant
Les enjeux juridiques de la restructuration de la dette, selon Nasri Diab et Karim Daher)
commentaires (5)
D'après ce que j'ai lu sur le sujet, le FMI ne va pas spécifiquement conseiller notre pays sur cette échéance d'USD 1,2 M de mars 2020. A signaler que le total à payer en service de dettes et en remboursement pour 2020 d'élève à $ 5,7 M, ce que le gouvernement ne possède pas. Le choix de payer ou pas est pertinent quand l'argent est dans la poche du débiteur. Or, il s'agit de choisir ici entre payer de l'argent des déposants des banques ou pas. Les Fonds d'investissement et surtout les banques qui ont pris des risques les assument, ça s'appellent le "capitalisme". Il n'y a même pas lieu de faire un débat là-dessus. Il faut tenir compte aussi du risque d'émeutes....à Dieu ne plaise bien sûr. Par ailleurs dans une telle situation, en cas de paiement, l'Etat n'aurait pas respecté son devoir du traitement égalitaire des créanciers, sachant à l'avance qu'il n'arrivera pas à payer les futures échéances.
Shou fi
21 h 30, le 15 février 2020