Ainsi, jusqu’au jour d’aujourd’hui, il n’est toujours pas possible de savoir si le pince-fesse parlementaire pour la bénédiction urbi et arbi du gouvernement Diab était réglo ou anticonstitutionnel. Il suffit d’écouter encore les députés de l’opposition rescapés des manifs s’emberlificoter l’un après l’autre dans un sabir abscons pour expliquer comment aucun d’entre eux n’était à l’origine du bouclage du quorum réglementaire. Comme d’hab, à chaque fois qu’un litige se présente, le premier réflexe des gens normaux est de se demander lequel parmi les protagonistes est la canaille. Jusqu’au moment où, au vu de la magouille qui aura mijoté, l’on se rend compte que la crapulerie était équitablement partagée.
Qui est l’enfoiré dans cette affaire ? Est-ce Istiz Nabeuh qui, en moins de temps qu’il ne lui en faut pour caser un copain dans un ministère, aurait ouvert la séance en loucedé avant que les retardataires n’entrent en catiminette ? Connaissant le personnage, rendu célèbre pour ses sincérités successives et à géométrie variable, on serait tenté de le penser. À moins que ce ne soit les députés incriminés, au neurone improbable, qui mentent comme des arracheurs de dents? À les entendre, ils seraient tous miraculeusement apparus dans l’hémicycle à la seconde même où le quorum était atteint. En somme, une espèce de génération spontanée préfigurant l’éternel paradoxe de l’œuf et de la poule. Présumés coupables, mais surtout pas responsables…
Maintenant que Tonton Hassane s’apprête à prendre racine, il promet ferme une véritable radiographie du système libanais, et très décolletée de surcroît. Restera tout de même cette question lancinante : comment, en moins de 30 ans, s’est évaporé l’équivalent de 46 siècles de salaire minimum ? Idem pour les aides successives reçues à Paris I, puis II, puis III, en échange de promesses bidon. Si tout le pognon reçu avait été balancé d’un avion, il aurait eu plus de chance d’atteindre les Libanais.
Pour l’heure, en tout cas, l’affaire se présente mal, s’il faut en croire sœur Anne qui ne voit rien venir. Car ce n’est pas seulement les finances publiques et les banques qui sont usées, mais la poche des Libanais qui est sérieusement râpée.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
Qui vole un oeuf est en prison avec un doigt d'honneur; qui vole un boeuf est au pouvoir avec mon orteil d'honneur Que cela soit connu urbi et orbi.
Un Libanais
15 h 13, le 14 février 2020