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Lifestyle - HAUTE COUTURE PRINTEMPS/ÉTÉ 2020

Azzi & Osta, comme un thé à Trianon

À l’heure où la double griffe Azzi & Osta célèbre son 10e anniversaire, le tandem de créateurs éponymes livre une collection haute couture printanière tout en pastel, imitant les formes des desserts les plus raffinés et des pâtisseries les plus mythiques. Sous l’intitulé « Thé à Trianon », on découvre des modèles montés comme des gourmandises avec un admirable savoir-faire qui exclut toute littéralité.

Azzi & Osta haute couture/printemps été 2020. Photo Branislav Simoncik

Emboîtant le pas à la révolte qui secoue le Liban depuis plusieurs mois, Georges Azzi et Assaad Osta ont décidé, pour la dixième année d’existence de leur maison, de s’offrir une petite révolution personnelle, loin de toute autre contrainte que celle du passage de l’esquisse à la réalisation. À l’arrivée, tels de petits sans-culottes découvrant émerveillés les correspondances des saveurs et des couleurs, les deux créateurs donnent l’impression de s’être faufilés à Trianon au hasard d’un voyage dans le temps. S’invitant à un thé dans le domaine privé de Marie-Antoinette où, selon le film de Sophia Coppola (Marie Antoinette, 2006), la reine fuit la rigidité de Versailles en donnant des fêtes extravagantes, ils en reviennent des étoiles plein les yeux et capturent dans le chatoiement des étoffes le souvenir des saveurs éphémères d’une farandole de gâteaux inouïs. « Pour fêter notre anniversaire, nous avons voulu partager notre joie et notre optimisme, un sens ludique et un moment d’évasion. Pour capturer ce moment d’excitation quand quelqu’un dit que c’est l’heure du dessert ! » déclarent les deux complices, joignant le geste à la parole.


Tourbillon de Chantilly, glaçage de velours
Et parce que l’art du pâtissier ressemble tant à celui du couturier – la précision de la main, la légèreté du toucher –, les vingt pièces de la collection Azzi & Osta haute couture printemps/été 2020 rendent hommage aux plus célèbres pâtisseries de tous les temps : mont-blanc, saint-honoré, tarte citron, praliné, meringue, macaron se traduisent en robes elles-mêmes imitant les formes et les effets des outils de pâtisserie : piping, sacs et napperons coulés dans une palette onirique de couleurs pastel évoquant le romantisme rococo entre vanille, meringue, citron, chocolat, framboise, pistache, sorbet aux agrumes ou lavande. Entre taffetas en apesanteur, tulle et soies, superbes couches de point d’esprit mille-feuille, flux et reflux chatouillant tous les sens en détails extraordinaires, flocons de chocolat perlés à la main, plumetis, tourbillons de Chantilly, glaçage de velours, somptueux duvet de tulle brodé d’un motif floral, les silhouettes féminines ainsi sculptées se caractérisent par une asymétrie signature et des ornementations complexes. Robes structurées, combinaisons, robes midi, agrémentées de basques ou de traînes, pantalons droits finement brodés et jupes boule puisent aux vestiaires les plus fastueux de l’histoire du vêtement une intemporelle modernité. Le joyau de la collection est une religieuse pistache exquise création finement nervurée, construite à partir de rubans et de perles en organza de soie brodée à la main, d’un corset en tulle surmontant une jupe tulipe en tourbillon perpétuel et pétales d’organza. Un autre clou, si l’on ose dire, de ce délire couturier est la Pièce montée, une robe qui a nécessité la mobilisation d’une équipe de huit brodeurs et brodeuses chevronnés et quatre petites mains pour donner vie au rêve.


Musique classique et film noir
Nés tous deux en 1986, Georges Azzi et Assaad Osta ont en commun d’avoir grandi à l’ombre de puissantes figures féminines passionnées de style, de couture et de toilettes. Georges Azzi a eu une grand-mère couturière qui le gardait dans son atelier. Assis sous la table de couture, bercé par le ronronnement de la Singer tutélaire, il récupérait les chutes de tissu qu’il assemblait et recousait ensemble selon sa fantaisie, créant ses propres versions textiles du cadavre exquis. Féru d’art et captivé par le courant surréaliste, il s’en sert, dit-il, « pour réconcilier le rêve et la réalité, la logique et l’absurde ». Assaad Osta, pour sa part, est sous l’influence ébouriffante d’une mère fantasque, amoureuse de musique classique et incapable de porter un vêtement sans l’avoir au préalable entièrement « recréé ». L’univers du film noir irrigue par ailleurs son imaginaire et apporte à ses créations une touche de mystère et d’élégance surannée. Les deux créateurs se sont rencontrés sur les bancs d’Esmod Beyrouth où ils terminent leurs études couronnés de prix : celui du Président du jury (à l’époque Élie Saab), pour Georges Azzi, et celui du Jury pour Assaad Osta. Ensemble ils font leur apprentissage chez Élie Saab, et leur complémentarité faisant merveille, ouvrent leur propre maison de mode en 2010. Le 10e anniversaire de leur marque est une occasion de mesurer le sans-faute d’un parcours qui leur ressemble, à la fois sérieux et fantaisiste, implacablement convaincant, tant et si bien qu’ils ont réussi à séduire, entre autres, la reine de la pop Beyoncé qui avait été largement médiatisée lors des Grammy 2018, portant une robe du tandem, noire asymétrique et volantée à souhait.


Pour mémoire
Azzi & Osta dans la bulle Studio 54

Emboîtant le pas à la révolte qui secoue le Liban depuis plusieurs mois, Georges Azzi et Assaad Osta ont décidé, pour la dixième année d’existence de leur maison, de s’offrir une petite révolution personnelle, loin de toute autre contrainte que celle du passage de l’esquisse à la réalisation. À l’arrivée, tels de petits sans-culottes découvrant émerveillés les...

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