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Politique - Contestation

« Les autorités veulent nous tester », estiment les manifestants, sur la place des Martyrs

Les contestataires ont de nouveau bloqué les routes autour de la place des Martyrs, après que des agents des Forces de sécurité intérieure eurent retiré les barrières métalliques. En soirée, le ministre de l’Intérieur a démenti qu’une décision de déloger les manifestants dans le centre-ville ait été prise.

« Si le peuple a faim, il mange ses dirigeants », peut-on lire sur cette banderole, brandie, hier soir, par des manifestants mobilisés sur la place des Martyrs, dans le centre-ville de Beyrouth, pour empêcher les autorités d’y rouvrir les routes à la circulation. Photo Matthieu Karam

Il n’aura fallu que quelques heures, hier, aux manifestants pour bloquer à nouveau les routes menant à la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, après que les forces de l’ordre eurent retiré en matinée les barrières installées depuis le début du mouvement de contestation populaire le 17 octobre.

En début d’après-midi, ils étaient déjà plusieurs centaines à avoir répondu aux appels à la mobilisation lancés sur les réseaux sociaux pour prévenir une éventuelle tentative des autorités de faire place nette dans ce haut lieu du mouvement de contestation. Un message avait circulé sur les médias sociaux selon lequel le ministre de l’Intérieur Mohammad Fehmi, « en accord avec la majorité des composantes politiques, a décidé de mettre fin au sit-in ouvert dans le centre-ville de Beyrouth à 19h, au moment où les médias locaux et internationaux seront occupés à couvrir le discours du président américain Donald Trump », qui devait annoncer son plan de paix pour le Proche-Orient. « Il est demandé à tous les groupes (de protestataires) de se rendre immédiatement à la place des Martyrs pour faire échouer cette escalade et ce plan dangereux initié par les forces du pouvoir », avait conclu le message.

Brandissant le drapeau libanais, scandant des slogans révolutionnaires, ils sont venus de différentes régions, notamment de Jal el-Dib et de Zouk Mikaël, pour soutenir les manifestants à Beyrouth.

Wafa est l’une des contestataires qui dort sur place. Elle raconte que dès le matin, des agents des Forces de sécurité intérieure ont tenté d’enlever les barrières métalliques placées devant la tente. « Au début, j’ai pensé que c’était une chose normale, mais lorsque j’ai constaté qu’ils étaient en train de tout enlever, je leur ai demandé ce qu’ils faisaient, dit-elle. Ils ont répondu que c’était le docteur (en référence à Hassane Diab) qui a donné les ordres. » Plusieurs manifestants ont alors défié les agents des FSI et traîné d’autres barrières pour refermer le passage. Ils ont même érigé des barrières de fortune en garant leurs voitures de manière à couper la route qui passe par l’hôtel Le Gray en direction de la mosquée al-Amine. Des blocs de béton ont également été placés devant la mosquée, ainsi que des bennes à ordures.

Selon Wafa, la répression à laquelle ont recours les FSI vise à sécuriser la session parlementaire consacrée au vote de confiance. « Le problème c’est que nous ne sommes pas nombreux à rester, déplore-t-elle. Si le nombre des contestataires augmentait, ils auraient plus de difficultés à nous déloger. »


(Lire aussi : « Que vont raconter les militaires à leurs familles en rentrant chez eux ? »)


« Le sang va couler »
Marianna est venue d’Achrafieh, directement après son travail. Pour elle, il n’y a pas d’excuses pour ne pas recommencer à descendre tous les jours dans la rue. « Ce n’est pas facultatif », martèle-t-elle. « Le gouvernement a visiblement pris la décision de nous déloger et d’aller dans la répression extrême, lance-t-elle. Mais nous sommes ici pour nous rebeller. Il faut tenir ce gouvernement en échec. »

« Les autorités veulent faire pression sur l’intifada et la tester pour voir à quel point elle est encore forte sur le terrain », affirme de son côté Mohammad Kassem, membre du mouvement syndical de la contestation. « Elles ont dû être surprises par la rapidité avec laquelle les contestataires ont réagi », ajoute-t-il, notant l’absence des forces de l’ordre sur les lieux. « S’il s’agit de leur stratégie, alors ils auront affaire à une contestation beaucoup plus importante », estime ce militant. Il ne pense pas que les autorités vont rouvrir les routes par la force. « S’ils le font, alors le sang va couler », prévient-il.


(Lire aussi : Quelles orientations pour la contestation après cent jours d’existence ?)


« Ils essaient de tester notre réaction », constate pour sa part l’avocat Wassef Haraké, l’une des figures médiatiques du mouvement de contestation, ajoutant que « si cette réaction avait été faible, ils auraient continué dans cette voie ». « Nous entrons dans une période où ce type de jeu va être utilisé par les forces de sécurité. À mon avis, nous allons vers un régime de répression », a-t-il ajouté, estimant que « les prochains jours seront cruciaux ». « Nous sommes à l’orée d’une grande bataille sur la question des élections, de la loi électorale, du recouvrement des fonds pillés... L’important est de savoir jusqu’où les gens sont prêts à aller », fait-il remarquer.

En soirée, le bureau de presse du ministre de l’Intérieur a démenti qu’une décision de déloger les manifestants dans le centre-ville ait été prise. Dans un communiqué, il a indiqué que le retrait des barrières métalliques des entrées de la place des Martyrs visait à faciliter la circulation dans la capitale. « Le ministre est attaché à la liberté d’expression et à celle de manifester pacifiquement, garanties par la Constitution », conclut le texte.



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Il n’aura fallu que quelques heures, hier, aux manifestants pour bloquer à nouveau les routes menant à la place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, après que les forces de l’ordre eurent retiré en matinée les barrières installées depuis le début du mouvement de contestation populaire le 17 octobre.En début d’après-midi, ils étaient déjà plusieurs centaines à avoir...

commentaires (4)

La noble révolution s’est faites rouler dans la farine par Berry et consorts qu’on le veuille ou pas. Un budget voté en coin de table vite fait bien fait, et circulez il n’y a rien à voir, rentrez chez vous nous reprenons les choses en mains. Voilà pour résumer ce que nous ont dit nos très chers députés (oui ils nous coutent très très chers pour ce que qu’ils font) Avec tout ça le gouvernement n’a même pas eu encore la confiance du parlement ! s’ils voulaient nous faire savoir qu’ils n’ont rien à faire de la constitution et de tous les Libanais sans exception , ils ne se seraient pas pris autrement …

Le Point du Jour.

14 h 40, le 29 janvier 2020

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Commentaires (4)

  • La noble révolution s’est faites rouler dans la farine par Berry et consorts qu’on le veuille ou pas. Un budget voté en coin de table vite fait bien fait, et circulez il n’y a rien à voir, rentrez chez vous nous reprenons les choses en mains. Voilà pour résumer ce que nous ont dit nos très chers députés (oui ils nous coutent très très chers pour ce que qu’ils font) Avec tout ça le gouvernement n’a même pas eu encore la confiance du parlement ! s’ils voulaient nous faire savoir qu’ils n’ont rien à faire de la constitution et de tous les Libanais sans exception , ils ne se seraient pas pris autrement …

    Le Point du Jour.

    14 h 40, le 29 janvier 2020

  • Hélas les voyous qui nous dirigent ont eu un peu de ce qu'ils voulaient en réussissant à faire voter le budget 2020. Ils vont pouvoir continuer à se financer malgré la crise et vont je pense jouer sur la montre pour endormir le peuple. Ont-ils fixé une date pour le vote de confiance, alors que cela fait près d'une semaine que ce "gouvernement" existe ?

    Citoyen libanais

    11 h 16, le 29 janvier 2020

  • AU LIEU DE PERDRE LEUR TEMPS EN MANIFESTATIONS SPORADIQUES SANS RESULTAT LES CONTESTATAIRES FERAIENT BIEN D,ELIRE UN COMITE DE SUIVI ET DE FORMER UN GOUVERNEMENT DE L,OMBRE POUR SUIVRE, CONTROLER ET INTERVENIR LA OU IL FAUT ET QUAND IL FAUT ET DE MANIERE DEMOCRATIQUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 52, le 29 janvier 2020

  • Iza al cha3eb je3, LEIZIM yekol hikkémo! CQFD

    PPZZ58

    00 h 31, le 29 janvier 2020

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