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Monde - Commentaire

La paix sans les Palestiniens

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Washington hier. Saul Loeb/AFP

Il y avait la déclaration Balfour où ils n’étaient mentionnés que par défaut, à titre de « collectivités non juives » dont il fallait assurer « les droits civiques et religieux » dans le « futur foyer juif ». Puis il y eut le temps de la création de ce « foyer juif » sur leur territoire, qui prit le nom d’Israël, sans qu’ils n’aient véritablement leur mot à dire. Vint ensuite le temps des surenchères de leurs faux amis arabes qui ne leur apporta rien d’autre que des défaites et de nouvelles humiliations. Et enfin l’espoir, le temps d’un moment, celui d’Oslo, d’avoir enfin voix au chapitre, avant de réaliser que ce tournant aura eu pour principal effet de les rendre otages d’une réalité qui rendait impossible la création de l’État qu’on leur avait promis.

Tout au long du XXe siècle, les Palestiniens auront été dépossédés de leur histoire : par les Occidentaux, par les Arabes, par les Iraniens, et surtout par les Israéliens. Mais ils se sont battus pour être reconnus comme un peuple. Ils se sont battus pour pouvoir défendre leur propre cause, pour que plus jamais l’histoire ne puisse se faire sans eux.

Plus d’un siècle après la déclaration Balfour, c’est pourtant sans les avoir à la table des négociations que le président américain veut faire la paix au Proche-Orient. Les réseaux sociaux se sont amusés de cette situation burlesque où Donald Trump joue les médiateurs, non plus entre les parties au conflit, mais entre les deux candidats aux élections législatives israéliennes, Benjamin Netanyahu et Benny Gantz, invités hier à la Maison-Blanche pour discuter de son fameux « deal du siècle ».

La première puissance mondiale, qui se présentait autrefois comme un « honest broker », veut régler le plus vieux conflit de la région alors que son administration n’a plus aucune relation avec les Palestiniens depuis maintenant deux ans et que toute sa politique concernant le conflit a consisté jusqu’à maintenant à faire comme s’ils n’existaient pas. Ou plutôt, à faire en sorte qu’ils n’existent plus.

Donald Trump et son entourage, qui affichent fièrement leur prisme pro-israélien, ne font ainsi que reprendre la logique de Benjamin Netanyahu. C’est lui qui, plus qu’aucun autre Premier ministre israélien, a tout fait pour dépolitiser la question palestinienne. Pour faire en sorte que les Palestiniens soient traités comme une menace sécuritaire ou comme un enjeu humanitaire par les Européens, mais jamais comme un adversaire ou même comme un ennemi politique.

C’est comme si à ses yeux les Palestiniens n’étaient encore rien d’autre que ces « collectivités non juives » qui ont le malheur d’exister dans un espace qui ne leur appartient pas et qui sont déplacées et/ou emmurées pour que leur présence ne gêne pas la seule population légitime sur la Terre sainte. On peut, au mieux, leur donner un Bantoustan après avoir annexé la plus grande partie du territoire sur lequel leur État devait prendre forme.

Selon les fuites ayant circulé, le deal du siècle qui doit être annoncé aujourd’hui donnera son feu vert à une annexion israélienne d’une partie importante de la Cisjordanie, enterrant ainsi officiellement l’idée d’un État palestinien. Les États-Unis, aussi bien qu’Israël, savent pertinemment qu’aucun leader palestinien ne peut accepter un tel plan. Ils savent aussi que ni les Européens, qui continuent de soutenir la solution à deux États, ni les pays du Golfe, qui étaient censés payer la facture des 50 milliards promis en compensation aux Palestiniens, ne peuvent soutenir cette initiative.

Mais ils n’en ont cure. L’objectif n’est pas de parvenir à une paix, même largement en faveur d’Israël. C’est d’entériner une situation qui existe déjà de facto, afin d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la solution à deux États. C’est de proposer une offre aux Palestiniens qu’ils ne peuvent pas accepter pour pouvoir ensuite dire qu’ils sont un obstacle à la paix et les affubler à nouveau du label de « terroristes » dès lors qu’ils se rebelleront contre cette injustice.

Il y avait la déclaration Balfour où ils n’étaient mentionnés que par défaut, à titre de « collectivités non juives » dont il fallait assurer « les droits civiques et religieux » dans le « futur foyer juif ». Puis il y eut le temps de la création de ce « foyer juif » sur leur territoire, qui prit le nom d’Israël, sans qu’ils n’aient...

commentaires (6)

Dans la déclaration Balfour, les Palestiniens sont dénommés "Collectivités non juives". Dans les déclarations de Yasser Arafat : "J'ai gouverné le Liban avec mon doigt" et "La route de Jérusalem passe par Jounieh". Dans le monde arabo-musulman, personne n'a jugé utile de réagir. Eh bien, dansez maintenant !

Un Libanais

19 h 08, le 28 janvier 2020

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Commentaires (6)

  • Dans la déclaration Balfour, les Palestiniens sont dénommés "Collectivités non juives". Dans les déclarations de Yasser Arafat : "J'ai gouverné le Liban avec mon doigt" et "La route de Jérusalem passe par Jounieh". Dans le monde arabo-musulman, personne n'a jugé utile de réagir. Eh bien, dansez maintenant !

    Un Libanais

    19 h 08, le 28 janvier 2020

  • excellent article

    Tabet Ibrahim

    13 h 11, le 28 janvier 2020

  • c'est en effet une immonde forfaiture d'avoir pris leur terre à tout un peuple et à les traiter de terroristes quand ils ont résisté; on les efface ,on les nie sans que quiconque ne lève le petit doigt;ça ne vous rappelle rien ça? J.P

    Petmezakis Jacqueline

    07 h 08, le 28 janvier 2020

  • C’est d’entériner une situation qui existe déjà de facto, afin d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la solution à deux États. LA VERITE EST QUE A FORCE DE REFUSER N'IMPORTE QUEL ARRANGEMENT QUI NE REPOND PAS A L'IMPOSSIBLE RETOUR AUX FRONTIERES DE 1967 LES PALESTINIENS SE TIRENT UNE BALLE DANS LES PIEDS DIRE NON DURANT TOUTES CES ANNEES MEME EN 1967 QUAND ISRAEL A PROPOSE LE RETOUR DES TERRES CONQUISES CONTRE UNE PAIX AVEC TOUS LES ARABES , LA REPONSE A ETE LE FAMEUX TRIPLE NON DE KHARTOUM IL EST TEMPS D'ETRE PLUS RAISONABLE, PEUT ETRE DANS UN PREMIER TEMPS D'ACCORDER GAZA AUX EGYPTIENS ET UNE PARTIE DU WEST BANK A LA JORDANIE,COMME EN 1967 PUIS D'ELIMINER TOUTES LES ARMES DE HAMAS ET DES ISLAMISTESET ET DES CIVILS DE L'OLP ARMES ET DE CREER UNE ENTITE PALESTINIENNE QUI POURRA SE GOUVERNER ELLE MEME PUIS D'OBTENIR UNE INDEPENDANCE DIGNE DE CE NOM EN PAIX AVEC ISRAEL 75 ANS DE LA MEME REVENDICATIONS ONT AMENE LE MALHEUR A TOUS DANS CETTE REGION Y COMPRIS AU LIBAN AVANT DE DIRE NON A TRUMP ETUDIONS AU MOINS LE PLAN DONT PERSONNE NE CONNAIT A CETTE MINUTE ENCORE LES DETAILS ON PEUT DISCUTER POUR AVOIR DES CHANGEMENTS MAIS DIRE NON N'AMENERA PAS LA PAIX AUX PALESTINIENS AU LIBAN OU A ISRAEL LA VERITE TOUS LES AUTRES PLANS ONT ECHOUE , POURQUOI NE PAS AU MOINS LIRE UN NOUVEAU PLAN ET LE CONDAMNER AVANR MEME DE LE CONNAITRE??

    LA VERITE

    01 h 34, le 28 janvier 2020

  • C,EST LE REVE DU FANATIQUE BIBI ET L,ILLOGISME DU GAFFEUR TRUMP QUI SE CROIT HABILITE A DECIDER DES TERRES D,AUTRUI. PLAN VOUE A L,ECHEC.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 30, le 28 janvier 2020

  • Dépossédés de leur àtrie, les palestiniens resteront chez nous et prendront une bonne partie du pouvoiur ! Rien n'y fait . Ils déséquilibreront les effets astucieux et acrobatiques de toute la politique que nous aurions contruits le long de ces longues années de notre soi-disant indépendance . Il est temps de se réveiller . Et de mieux lire entre les lignes surtout !

    Chucri Abboud

    00 h 13, le 28 janvier 2020

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