Un procureur en chef adjoint de Tokyo a fermement contesté jeudi les assertions de Carlos Ghosn affirmant durant sa conférence de presse du 8 janvier au Liban avoir "été interrogé jusqu'à huit heures par jour, y compris de nuit" au Japon.
"M. Ghosn a passé 130 jours en détention et a été interrogé au cours de 70 journées en tout, et pas d'affilée. Donc 60 jours sans interrogatoire", a souligné Takahiro Saito devant quelques journalistes à Tokyo. C'est le bureau des procureurs de Tokyo qui avait directement arrêté M. Ghosn en novembre 2018 puis l'avait inculpé à quatre reprises. "En moyenne, il a été interrogé un peu moins de quatre heures par jour", a assuré M. Saito, précisant que "la plus longue durée d'interrogatoire sur une journée était d'environ six heures, pas en continu, avec des pauses. Cela n'a jamais atteint sept heures et encore moins huit heures". Les interrogatoires étaient selon lui stoppés pour les repas, pour les visites, pour les entretiens avec ses avocats ou pour la douche.
(Pour mémoire : Plusieurs avocats japonais de Carlos Ghosn jettent l'éponge)
Un des avocats japonais de Carlos Ghosn, Takashi Takano, avait posté sur son blog la liste des interrogatoires, avec pour chaque jour l'heure de début et de fin, en précisant cependant que les pauses étaient incluses, mais sans en indiquer ni le nombre, ni la durée.
"M. Ghosn et son avocat ont compté dans les heures d'interrogatoires toutes ces pauses, c'est étrange, clairement faux et destiné à tromper les médias", a protesté le procureur selon qui l'ancien patron de Renault et Nissan a vu ses avocats "presque tous les jours" de sa détention, pour des entretiens d'une durée moyenne de deux heures.
Face aux critiques récurrentes sur l'absence d'avocat au côté du suspect pendant ses interrogatoires, M. Saito a rappelé que "tout était enregistré (son et vidéo) et était destiné à être vu par les juges" : cela devait prouver non seulement les durées exactes des interrogatoires, mais aussi le fait que le but n'était pas de soutirer des aveux par la force.
Par ailleurs, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a jugé jeudi au Parlement "extrêmement regrettable" la fuite de Carlos Ghosn vers le Liban. "Un travail d'enquête est mené pour connaître les détails de sa fuite et prendre des mesures afin que de tels cas ne se reproduisent pas", a rappelé M. Abe.
Soupçonné de malversations financières diverses, Carlos Ghosn s'est enfui au Liban à la fin du mois dernier, alors qu'il avait été libéré sous caution en avril 2019 et préparait son procès au Japon, dont la première phase devait en théorie débuter en avril. Deux de ses trois cabinets d'avocats japonais se sont depuis retirés du dossier.
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commentaires (4)
Bon alors le procureur japonais lui a "seulement infligé 70 jours d'interrogatoire sur une période de 130. 520 heures d'interrogatoire, tout seul, sans avocat... mais c'est le club med... Et la moyenne est de 4 heures par jour. Donc grosso modo 7 heures et demie x 70 jours puisqu'il y avait 60 jours "sans"? C'est barbare! Et le procureur a encore le culot de dire qu'ils l'ont laissé aller pisser et se nourrir et que Ghosn n'a pas déduit des heures d'interrogatoire le pipi-time?!? On savait qu'il était malhonnête, puisqu'au Japon on l'est a priori, mais là vraiment il dépasse les bornes! Et le fait de lui interdire de voir sa femme? Il n'est pas encore démontré que M. Ghosn a commis des malversations, mais ce complot sordide est un déshonneur pour le Japon et une honte pour le gouvernement français, actionnaire de Renault qui a lâché son sauveur comme une patate chaude... alors qu'en France la présomption d'innocence est un principe fondamental. En tout cas, que les japonais aillent gérer leurs entreprises tous seuls, et pour ma part je vais faire bine attention à ne PLUS acheter japonais.
El moughtareb
12 h 15, le 24 janvier 2020