Le chef chrétien du Liban-Nord Sleiman Frangié a affirmé mardi qu'il réclamait deux portefeuilles ministériels au sein du gouvernement que Hassane Diab tente de former avec les partis du 8 Mars et qu'il s'opposait à l'octroi du tiers de blocage au chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, sur lequel il a tiré à boulets rouges en l'accusant d'entraver la naissance du cabinet.
"J'ai été clair depuis le début avec le Premier ministre désigné Hassane Diab. En cas de formation d'un gouvernement 'révolutionnaire' ou indépendant, je réclame un portefeuille. Mais si chacune des formations nomme ses représentants, alors en tant que deuxième force chrétienne participant à ce gouvernement, nous demandons deux portefeuilles. Il s'agit de préserver notre dignité", a affirmé M. Frangié lors d'une conférence de presse dans son fief de Bnechii, réaffirmant son appartenance à la coalition du 8 Mars.
Il a également réitéré son opposition à l'octroi d'un tiers de blocage au Courant patriotique libre de Gebran Bassil. Cette question constitue l'un des principaux nœuds qui entravent la formation du cabinet sur fond de rivalités entre les deux hommes en vue de la prochain élection présidentielle. "Si un camp obtient le tiers de blocage, qui n'a jamais été utilisé de manière positive, nous n'entrerons pas au gouvernement, mais nous ne l'entraverons pas", a affirmé M. Frangié, affichant par ailleurs son soutien au président Michel Aoun.
Sleimane Frangié s'est ensuite emporté contre le chef du CPL. "Bassil veut nous mener dans le mur. Pour lui, soit nous le suivons, soit nous sommes contre le Liban. Ce sont sa cupidité et ses ambitions qui entravent la formation du cabinet", a-t-il lancé, et d'ajouter : "Le Hezbollah est lié à Bassil, mais nous ne pouvons nous effacer à cause d'un homme qui veut nous emmener dans les marécages".
(Lire aussi : La formation du cabinet Diab entravée par une crise de confiance au sein du 8 Mars)
Un "grand coup"
Par ailleurs, le leader des Marada a affirmé que le mouvement de contestation contre la classe dirigeante avait porté un "grand coup" à la classe dirigeante. "La douleur des gens existe. Les revendications du mouvement de contestation et les raisons qui l'ont provoqué sont légitimes, mais il faut faire la différence entre la classe dirigeante et la classe politique", a déclaré M. Frangié, affirmant qu'il assumait ses responsabilités. "La lutte contre la corruption et le recouvrement des fonds volés sont nécessaires, mais l'essentiel est de conduire de nouvelles réformes économiques", a-t-il estimé.
Sur un autre plan, le porte-parole du Parti syrien national social (PSNS), Maan Hamiyé, dont la représentation constitue également l'un des obstacles entravant la naissance du cabinet, a confirmé que sa formation soutenait l'intégration de l'ancienne bâtonnière de Beyrouth, Amal Haddad (grecque-orthodoxe), au sein du prochain cabinet.
De son côté, le président du Parlement, Nabih Berry, a affirmé que "rien n'empêche la naissance du gouvernement aujourd'hui", selon des propos rapportés par le quotidien al-Joumhouria dans son édition du jour.
"Le pouvoir est désormais derrière moi"
Depuis presque trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables politiques, qu'ils accusent de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné Hassane Diab au poste de Premier ministre. Malgré son insistance à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab reste rejeté par le soulèvement populaire, qui estime qu'il fait partie de la même classe politique corrompue dont il réclame le départ.
Selon des informations de la chaîne locale LBCI, la solution proposée aux obstacles entravant la naissance du cabinet se heurte au refus de M. Diab de se délester du portefeuille du Travail au profit de M. Frangié, et la décision de Nabih Berry sur le portefeuille de la Culture.
Par ailleurs, Saad Hariri a balayé mardi les "scénarios" liant les entraves à la formation du cabinet à son éventuel retour aux affaires. "Les analyses évoquant des scénarios liant l'entrave à la formation du gouvernement à mon éventuel retour à la présidence du Conseil sont des illusions et constituent des tentatives manifestes de me faire porter la responsabilité des difficultés et des divergences au sein de leur camp", a écrit M. Hariri sur son compte Twitter. "J'ai pris une décision ferme. Le pouvoir est désormais derrière moi et ma démission a répondu à la colère des gens et ouvert la voie à une nouvelle étape et à un nouveau gouvernement pour tourner la page de la gestion des affaires courantes", a-t-il ajouté. "A ceux qui craignent ces scénarios, qui disent que l'un des parrains de la formation du cabinet ne veut plus de M. Hariri à la tête du gouvernement, je dis : Saad Hariri a pris sa décision... Cherchez ceux qui ont bloqué les issues à la naissance du cabinet", a-t-il conclu, en désignant implicitement Gebran Bassil.
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commentaires (18)
Lorsqu'on est d'accord avec tout et n'importe qui c'est qu'on a un à un seul but, arriver à rester dans le système quelque soit le prix à payer. Cela s'appelle du lèche-bottes. Un héritier arriviste sans aucune qualification d'autre, face à un autre de la même trempe risque de faire des courts circuit. Ils croient tous les deux qu'il suffit qu'ils donnent des noms et qu'ils leurs pions et d'imposer leurs conditions fort de leur alliance avec HB, la Syrie et les autres suffisent pour avancer dans ce jeu d'échec perdu d'avance car cela implique que l'un des deux joueurs soient assez stratégiques pour faire échec et mat alors que ni l'un ni l'autre n'a suffisamment de stratégie intelligente et de longueur de vue pour que l'un ou l'autre gagne. Alors échec et mat, le jeu est nul. Les deux rois zéros sont morts. Morts d'avoir poussé le bouchon trop loin. Quelle mascarade! Ces deux font la pair et fanfaronnent avec leur ridicule à coût de conférence de presse et de polémiques qui n'intéressent qu'eux deux. Hors sujet, hors jeu. OUST DU BALAI. NOUS NE VOULONS PLUS VOIR NI L'UN NI L'AUTRE, NI LES AUTRES FAISANT PARTIE DE LEUR CLAN.
Sissi zayyat
20 h 21, le 21 janvier 2020