La formation du gouvernement du Premier ministre désigné Hassane Diab butait vendredi sur de nouveaux obstacles, notamment concernant le poids de certaines communautés en son sein, qui semblent néanmoins en voie de règlement en vue d'une éventuelle naissance du cabinet sous peu.
Dans la journée, le chef du Parti démocratique libanais, le druze Talal Arslane, a mis en garde contre une sous-représentation de la communauté druze dans le gouvernement en gestation. "Nous n'accepterons pas que les critères soient modifiés pour la communauté druze. Ou les mêmes critères s'appliquent à toutes les communautés ou alors nous commencerons à élever la voix", a écrit M. Arslane sur son compte Twitter dans la matinée. Ces dernières semaines, plusieurs responsables druzes, dont le chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt et le cheikh Akl Naïm Hassan, ont réclamé que la communauté druze soit représentée de manière juste.
Mais selon des sources suivant le processus de formation du cabinet au palais de Baabda citées dans l'après-midi par la chaîne LBCI, le "noeud druze" aurait été réglé en accord avec le Hezbollah, qui a contribué avec ses alliés à la désignation de M. Diab pour former le cabinet. Selon les informations qui ont filtré ces dernières heures, Ramzi Moucharrafieh, membre de la formation de M. Arslane, est pressenti pour prendre en charge un ministère, celui de l’Industrie ou celui des Déplacés.
Le patriarche des grecs-catholiques Youssef Absi a également mis en garde contre une "injustice" à l'égard de la communauté melkite dans le prochain cabinet.
Toujours selon LBCI, les Marada de Sleimane Frangié réclameraient deux portefeuilles, alors que le ministère des Travaux publics serait promis à Lamia Yammine-Doueihy. Par ailleurs, le chef des Marada refuserait que Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre, fondé par le président Michel Aoun, obtienne le tiers de blocage au sein de la prochaine équipe. Des sources de Baabda ont indiqué à LBCI que le noeud des Marada était "artificiel", ajoutant que M. Bassil n'entravait pas le processus de formation du cabinet. M. Frangié a annoncé qu'il tiendra samedi matin une conférence de presse sur les développements politiques.
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Choc positif
Dans la journée, Dar el-Fatwa, la plus haute autorité religieuse sunnite libanaise, a démenti toute intervention du mufti de la République, cheikh Abdel Latif Deriane, dans le processus de formation du cabinet. Elle réagissait par là à un article du quotidien an-Nahar qui affirme dans son édition du jour que Dar el-Fatwa a informé Hassane Diab qu'il souhaitait la nomination de Wissam Barghout au poste de ministre de l'Intérieur. Ce portefeuille, relevant du Premier ministre désigné selon la distribution des maroquins, semblait être promis au général Talal Ladki.
Les sources de Baabda citées par LBCI démentent l'existence de divergences entre le président Aoun et Hassane Diab qui, lui, reste attaché aux critères que ce dernier a fixés, à savoir la formation d'un gouvernement de 18 ministres composé de technocrates, selon des sources proches du Premier ministre désigné citées par la chaîne. Selon plusieurs observateurs, certaines des parties prenantes dans la formation du gouvernement proposent d'augmenter le nombre de ministres à 20, voire 24, pour satisfaire l'ensemble des parties.
Selon ces sources, M. Diab insiste à ce que le cabinet obtienne la confiance des gens et provoque un choc positif, refusant toute dilution des revendications des Libanais.
Depuis plus de trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Malgré son insistance à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab est rejeté par les protestataires, qui estiment qu'il fait partie de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.
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commentaires (16)
Tout cela ne sert à rien. Pourquoi voulez vous que cette bande de racailles qui suce le sang du pays depuis 30 ans se précipite pour former un gouvernement qui scierait la branche (en or) sur laquelle ils sont assis ? S'ils forment un gouvernement, il sera à leur image : une mascarade de pourritures . Point de salut en-dehors du SEUL acte attendu de la révolution : destituer toute la bande de racailles, la foutre en prison pour la juger devant le peuple de tous les crimes commis contre le Liban. Après, on pourra former un vrai gouvernement indépendant qui sauvera le pays. Mais de grâce arrêtons de penser naïvement qu'une révolution de roses et de fleurs va faire tomber ces bandits et les transformer en saints sauveurs du pays. Au lieu d'allumer des pneus et de couper des routes, allons chercher dans leur domiciles ces rats qui se cachent en ricanant et en se disant " on va les affamer et ça va s'éteindre toute seul leur révolution de pacotilles, et on recommencera de plus belle le pillage organisé pour s'enrichir jusqu'à la fin des temps".
Ziad CHOUEIRI
10 h 37, le 18 janvier 2020