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À La Une - Iran

Avion abattu : Rohani plaide pour une meilleure gouvernance

"Le peuple est notre maître (...) et nous sommes ses serviteurs", dit le président iranien plaidant aussi pour "l'unité nationale".


Le président iranien Hassan Rohani à Téhéran, le 15 janvier 2020. AFP PHOTO / HO / IRANIAN PRESIDENCY

Le président iranien Hassan Rohani a plaidé mercredi pour une meilleure gouvernance en Iran, reconnaissant implicitement que la catastrophe de l'avion ukrainien abattu à Téhéran avait provoqué une crise de confiance envers les autorités. Dans un pays où les valeurs fondamentales de la République islamique doivent s'imposer à tous, M. Rohani a lancé un appel à davantage de pluralisme et de transparence. Il a aussi érigé le peuple en "maître", au service duquel doivent se placer les autorités.

Le président a tenu ces propos après l'émotion causée en Iran par la mort de 176 personnes, majoritairement iraniennes et canadiennes, dans la catastrophe du Boeing 737 d'Ukraine International Airlines (UIA), survenue dans un environnement de tensions extrêmes entre la République islamique et les Etats-Unis.

L'animosité entre les deux pays va grandissant depuis que le président américain Donald Trump a dénoncé unilatéralement en 2018 l'accord international sur le nucléaire iranien (2015) - qui avait permis un retour de l'Iran dans la communauté des nations - avant de rétablir des sanctions économiques contre Téhéran. Elle a atteint un nouveau pic avec l'élimination le 3 janvier à Bagdad, du général Kassem Soleimani, architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient, tué par une frappe de drone américain.



(Lire aussi : Avion abattu en Iran : colère populaire, le gouvernement nie avoir menti)



"Réconciliation nationale" 
En représailles, l'Iran a lancé le 8 janvier des missiles contre des cibles militaires américaines en Irak, faisant d'important dégâts matériels mais sans causer de mort dans les rangs de l'armée américaine, selon Washington. Quelques heures plus tard, le vol PS752 d'UIA s'écrasait. Mais il faudra trois jours avant que les forces armées iraniennes reconnaissent avoir abattu l'avion, "par erreur". Avant cela, le gouvernement - qui dit n'avoir été informé que vendredi après-midi des vraies raisons du drame - avait catégoriquement démenti que l'avion ait pu être abattu par un missile.

Les événements "tragiques" survenus depuis début janvier, doivent aboutir "à une décision majeure", a dit M. Rohani en conseil des ministres : "la réconciliation nationale."
En 2017, le guide suprême iranien, Ali Khamenei, avait catégoriquement rejeté un appel à la "réconciliation nationale". Lancé par des personnalités réformatrices, cet appel avait été présenté comme une façon de panser les plaies laissées par la grave crise post-électorale de 2009 et demandait davantage de pluralisme.

Sans faire de lien avec la situation actuelle du pays, l'agence officielle Irna a annoncé mercredi que l'ayatollah Khamenei délivrerait vendredi le sermon lors de la grande prière hebdomadaire musulmane à Téhéran. La dernière fois que le guide suprême s'est acquitté de cette tâche remonte à février 2012.

Pour M. Rohani, un modéré élu avec le soutien des réformateurs, les élections législatives du 21 février "doivent être la première étape" de cette "réconciliation". "Le peuple veut de la diversité (...) Permettez à tous les partis et groupes de se présenter aux urnes", a-t-il dit, dans une adresse implicite au Conseil des gardiens, organisme chargé du contrôle de ces élections, et régulièrement accusé par les réformateurs d'outrepasser ses fonctions dans la sélection des candidats.

Le drame du Boeing d'UIA, à bord duquel se trouvaient de nombreux étudiants, a provoqué indignation et colère en Iran, notamment au sein de la jeunesse universitaire. Les médias iraniens ont reconnu ce malaise en rendant compte de manière très inhabituelle des slogans hostiles aux autorités scandés dans les manifestations étudiantes qui ont eu lieu chaque jour à Téhéran entre samedi et mardi.

"Nous avons eu des gens dans les rues de Téhéran manifestant contre le fait qu'on leur ait menti pendant deux ou trois jours", a reconnu le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, en visite en Inde.

Concentrée surtout dans la capitale, ce mécontentement est d'une ampleur nettement inférieure à la vague de contestation nationale de la mi-novembre contre la hausse du prix de l'essence, réprimée au prix d'au moins 300 morts, selon l'ONG Amnesty International



(Lire aussi : Boeing abattu en Iran : des arrestations, l'indignation perdure)



"Sincérité, intégrité, confiance" 
"Les gens veulent (être traités) avec sincérité, intégrité et confiance", a dit M. Rohani, plaidant aussi pour "l'unité nationale" alors que la contestation semble retomber. Le président a exhorté "l'état-major et les forces armées" à expliquer ce qui s'est passé entre l'accident et le moment où sa vraie cause a été annoncée. "S'il y a eu un délai (dans la transmission de l'information), qu'ils présentent des excuses", a-t-il ajouté.

M. Rohani a aussi lancé une charge contre les Occidentaux, Etats-Unis en tête, auxquels il reproche d'alimenter l'insécurité au Moyen-Orient par une succession d'"erreurs", comme l'assassinat de Soleimani, les interventions militaires en Irak et en Libye, le soutien à l'intervention saoudienne au Yémen, les sanctions américaines contre le pétrole iranien...
"L'insécurité dans cette région (...) se fera au détriment du monde" entier, a-t-il averti. "Aujourd'hui", du fait de toutes ces erreurs, "le soldat américain n'est pas en sécurité, demain ce pourrait être au tour du soldat européen", a-t-il prévenu. L'Iran, a-t-il dit, veut le retrait des forces étrangères de la région, "pas par la guerre", mais à la suite d'une décision "sage", qui sera "aussi dans l'intérêt" des Occidentaux.


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Le président iranien Hassan Rohani a plaidé mercredi pour une meilleure gouvernance en Iran, reconnaissant implicitement que la catastrophe de l'avion ukrainien abattu à Téhéran avait provoqué une crise de confiance envers les autorités. Dans un pays où les valeurs fondamentales de la République islamique doivent s'imposer à tous, M. Rohani a lancé un appel à davantage de pluralisme...

commentaires (5)

Laissons l'Iran aux Iraniens

Jack Gardner

15 h 25, le 16 janvier 2020

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Commentaires (5)

  • Laissons l'Iran aux Iraniens

    Jack Gardner

    15 h 25, le 16 janvier 2020

  • Remarquable Le choc pourrait résulter en plus de liberté politique pour ce peuple qui le merite

    Chammas frederico

    17 h 25, le 15 janvier 2020

  • ILS SAVENT DONNER DES CONSEILS AUX AUTRES AU LIEU DE SE LES DONNER A SOI-MEME.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 33, le 15 janvier 2020

  • ET LES OCCIDENTAUX VEULENT LE RETRAIT DE TOUS LES ACCESSOIRES MILICIENS RELIGIEUX MERCENAIRES IRANIENS INFILTRES ET REMUNERES DANS TOUS LES PAYS DE LA REGION. CA DEVRAIT ETRE UNE DECISION SAGE DE L,IRAN POUR GAGNER LA CONFIANCE MONDIALE. VOILA AYATOLLAH ROHANI LA JUSTE ROUTE A SUIVRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 30, le 15 janvier 2020

  • Et nous Libanais, Monsieur Rohani, voulons le retrait de vos forces camouflées en miliciens du Hezbollah chez nous, et, comme vous le dites: "pas par la guerre, mais à la suite d'une décision sage qui sera aussi dans votre intérêt". Irène Saïd

    Irene Said

    15 h 36, le 15 janvier 2020

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