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Culture - Rencontre

Rafik el-Hariri, entre trois révolutions

À 25 ans, ce jeune talent issu de la nouvelle génération de dessinateurs libanais est en train de se faire un nom de plus en plus conséquent sur internet. En attendant la publication d’un livre d’illustrations, au printemps 2020, le jeune homme mérite d’être suivi de près sur les réseaux sociaux.

Rafik el-Hariri, un illustrateur-designer qui expose la plupart de son travail sur internet. Photo DR

Ambitieux, Rafik el-Hariri peut l’être : avec un talent pareil, c’est bien la moindre des choses. Si on a déjà pu le voir interviewé en 2018 sur les plateaux télévisés de la MTV ou la Future TV, ou découvrir son travail grâce à l’incubateur de talents Starch qui l’avait choisi pour sa promotion 2018, c’est surtout sur internet que cet illustrateur-designer expose la plupart de son travail. Un portfolio numérique impressionnant, où des dessins surréalistes chargés de métaphores saisissantes côtoient illustrations pour enfants, sans jamais perdre en justesse et profondeur.

Rafik el-Hariri, qui a grandi et vit toujours à Tripoli, a toutefois exposé physiquement à plusieurs reprises dans sa ville natale, par exemple à Warche 13 (où il se rend régulièrement comme de nombreux artistes tripolitains), et a donné plusieurs conférences et participé à des événements de design. Parallèlement, il enseigne à mi-temps le design à la Lebanese International University, où il a par ailleurs étudié le design multimedia, suite à l’obtention d’une licence en design graphique à l’Université libanaise. C’est d’ailleurs en octobre 2018 qu’il publie Indigo, son premier livre qui était à l’origine son projet de master. « C’est un livre adressé aux enfants mais que beaucoup d’adultes ont apprécié, car il pousse à se reconnecter avec la nature, l’enfance et la bonté ». Autopublié en collaboration avec l’ONG au Liban-Nord REFQ (dont les profits étaient reversés à l’aide pour les animaux), il présente le livre à la Starch Foundation en 2018 à Beyrouth. Quant à son prochain livre, qu’il devrait publier au printemps 2020 et qui s’appellera I’ve found a heart, il s’adressera essentiellement aux adultes. « Ce sera à propos d’un voyage d’auto-exploration sous la forme d’un journal et dont le thème sera celui de l’amour. Cette fois-ci, il y aura beaucoup de textes, qui feront tendre le livre vers un roman graphique », révèle l’artiste.

Travailleur acharné, il saisit son stylo graphique tous les soirs entre minuit et 6 heures du matin, « quand tout est suffisamment calme pour entrer dans la bulle ». Là, l’inspiration l’emmène loin hors des limites de l’espace et du temps, là où les règles de la physique éclatent pour laisser place au rêve et à l’infini des possibles. « René Magritte est ma plus grande inspiration. Que ce soit pour les couleurs, les sujets ou la sérénité de ses tableaux. Le mouvement surréaliste m’a attiré depuis mon plus jeune âge, mais Magritte a quelque chose d’extrêmement calme qui me correspond mieux, contrairement à un Dali ou une Kahlo qui sont plus excentriques à mes yeux.

Mes thèmes touchent à la nature et aux choses ésotériques et spirituelles, ces événements magiques qui nous font peur et qu’on n’ose pas toucher parce qu’on pense qu’elles pourraient nous consumer. L’énergie, la spiritualité, leur symbolique et leur rôle dans les sociétés, c’est quelque chose qui me parle énormément », explique l’artiste.



Rêver au Liban en 2020, à l’ère du numérique
À l’aube de cette nouvelle décennie qui s’est pourtant annoncée sous le signe de la turbulence avec la révolte populaire d’octobre, la crise économique et les conflits géopolitiques dans la région, Rafik el-Hariri veut croire au meilleur pour son pays. Toutefois, malgré son nom qui ne cesse de lui poser problème pour son homonymie avec l’ancien président du Conseil des ministres assassiné en 2005, Rafik el-Hariri est tout ce qu’il y a de plus éloigné de la politique. Ce qui ne l’aura pas empêché de réaliser, depuis le début de la révolte populaire du 17 octobre dernier, une animation et deux illustrations pour revendiquer son soutien à ce mouvement de contestation. Comme beaucoup d’artistes et de jeunes Libanais ordinairement tenus à l’écart de la vie politique, il a pris le mouvement à bras-le-corps. « La révolution a été pour moi l’occasion de m’impliquer pour la première fois de ma vie dans quelque chose de politique dans mon pays. Quand je vois tous ces artistes qui ont produit autour des manifestations, et toutes ces publications qui ont suivi pour exposer le travail des artistes libanais au cours de ces deux derniers mois, ça me donne l’impression d’enfin appartenir à quelque chose. De participer à un beau message », dit-il. Rafik el-Hariri est ce qu’on peut appeler un véritable artiste du XXIe siècle.

Armé de sa tablette graphique et de son PC, il poste depuis déjà plusieurs années la grande majorité de ses dessins sur les réseaux sociaux. « J’essaye d’exploiter toutes les plateformes possibles pour exposer mon travail. Surtout, j’arrive à vivre grâce à Instagram et Facebook, mais j’ai aussi un portfolio professionnel sur Behance (une sorte de Linkedin où les artistes postent leurs illustrations et animations). J’utilise par ailleurs Art station, une autre plateforme pour promouvoir mon portfolio, et même parfois Tweeter pour blogger des choses en rapport avec le design et l’illustration », explique le jeune Tripolitain. Et de poursuivre : « J’ai commencé de manière traditionnelle sur papier, avec crayons, encre et peinture. Quand j’ai découvert l’art numérique en 2013, j’ai acheté une tablette de dessin. Au bout de deux ans, j’ai commencé à ne plus me servir des outils traditionnels. Depuis, je fais tout numériquement : le brouillon, le dessin, le coloriage, tout se fait via l’ordinateur. Mais j’essaye toujours de conserver l’énergie du dessin manuel. Je suis plus connu en ligne au Liban car je booste mes publications, mais j’espère atteindre une plus large audience dans le futur. sJe collabore déjà avec des gens à l’étranger, comme skillshare, une plateforme d’apprentissage en ligne autour de la créativité qui a plus de 366 000 abonnés sur Instagram, pour qui je suis ambassadeur au Liban. Je touche une commission chaque fois que quelqu’un s’inscrit sur la plateforme. Il y a aussi Illozoo International Représentation, une agence de communication visuelle qui travaille avec de nombreux grands noms comme le New Yorker, Nickelodeon… Je suis représentant pour eux dans la région du Moyen-Orient. »

Comme quoi, être un jeune artiste au Liban en 2020, c’est peut-être être pris entre trois révolution à la fois : celle des technologies, du numérique et des peuples…

Ambitieux, Rafik el-Hariri peut l’être : avec un talent pareil, c’est bien la moindre des choses. Si on a déjà pu le voir interviewé en 2018 sur les plateaux télévisés de la MTV ou la Future TV, ou découvrir son travail grâce à l’incubateur de talents Starch qui l’avait choisi pour sa promotion 2018, c’est surtout sur internet que cet illustrateur-designer expose la...

commentaires (1)

Beaucoup de talent mais ce jeune artiste devra se faire un prénom et un nom. #regardezmaisrienàvoiravec...

Marionet

08 h 46, le 13 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • Beaucoup de talent mais ce jeune artiste devra se faire un prénom et un nom. #regardezmaisrienàvoiravec...

    Marionet

    08 h 46, le 13 janvier 2020

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