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À La Une - Contestation

Journée de mobilisation contre EDL à travers le Liban

L'approvisionnement en courant devrait être progressivement rétabli à partir de samedi, affirme le ministère de l'Energie, après plusieurs jours de rationnement sévère.

Sit-in devant le siège d'Electricité du Liban à Beyrouth, le 9 janvier 2020. Photo ANI

Jeudi, 85 jours après le début, le 17 octobre, de la révolte populaire inédite contre la classe politique taxée de corruption, des dizaines de protestataires ont manifesté devant les sièges d'Electricité du Liban disséminés à travers le territoire, contre l'accroissement du rationnement dans l'alimentation du courant électrique, en raison de la baisse du niveau de production.

Dès 8h, les manifestants se sont rassemblés devant le siège principal d'EDL à Beyrouth et ont empêché les employés de la compagnie d'accéder à leurs bureaux. Des policiers ont été déployés sur les lieux afin d'éviter des dérapages. Les contestataires ont fait assumer aux politiques la responsabilité de ce rationnement accru, dénonçant par-là la "dilapidation des fonds publics" au sein d'EDL. Appelant à "sanctionner les corrompus", les manifestants ont invité les Libanais à ne plus payer leurs factures d'électricité, en attendant une solution à cette crise.

En soirée, plusieurs habitants du quartier de Tarik Jdidé se sont rassemblés devant la branche d'EDL située dans le secteur de Dana, pour protester contre les coupures de courant.

A Saïda, quelques dizaines de manifestants ont également tenu un sit-in devant le siège d'EDL dans la capitale du Sud, selon notre correspondant Mountasser Abdallah, protestant contre des coupures qui durent depuis plus d'une semaine dans certains quartiers de la ville. Les manifestants ont menacé de recourir à des mesures d'escalade, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

Manifestation devant le siège d'EDL à Saïda. Photo Mountasser Abdallah


En soirée, des protestataires se sont à nouveau rassemblés devant la branche d'EDL, avant de couper la route reliant Saïda à Jezzine.

Dans le Nord, un groupe de contestataires a également organisé un sit-in devant l'office d’électricité de Kadicha, afin de protester contre les coupures qui touchent la région de Bohsas. Plusieurs d'entre eux ont coupé une route de la ville à l'aide de pneus brûlés, au milieu d'un important déploiement militaire et policier. Ils ont également bloqué les artères menant à la place Al-Nour, haut lieu de la contestation populaire à Tripoli, provoquant des embouteillages monstres. Un autre groupe de manifestants a coupé l'autoroute de Bab el-Tebbané.

Un calme relatif avait été enregistré plus tôt en matinée après une nuit émaillée de tensions entre manifestants et militaires, selon l'ANI.


Une route dans la ville de Bohsas (Nord), coupée à l'aide de pneus brûlés. Photo ANI



Un retour à la normale promis à partir de cette nuit
L'EDL a annoncé mardi dans un communiqué la poursuite jusqu’à fin février de la baisse des niveaux de production à 1 500 mégawatts (MW), décidée à la mi-décembre 2019, afin de pouvoir assurer leur "stabilité" le plus longtemps possible, dans un contexte marqué par la lenteur du processus de formation du gouvernement et un mouvement de contestation contre les dirigeants qui se poursuit depuis le 17 octobre. Cette baisse des niveaux de production se traduit par une augmentation du rationnement du courant fourni par EDL, et donc par une augmentation des heures de coupure dans l’ensemble du pays, à l’exception de la capitale. L’établissement public indique que sa capacité maximale est normalement de 2 000 MW et qu’il est donc capable d’augmenter sa production, mais qu’il ne le fait pas en raison du manque de carburant disponible.

Réagissant à ces mouvements de contestation, le ministère de l'Energie et des Eaux a publié jeudi un communiqué dans lequel il fait état de  "grandes difficultés auxquelles fait face EDL en ce qui concerne l'ouverture de crédits pour l'achat de fioul et de gaz servant au fonctionnement des centrales électriques". Il mentionne également "la tempête qui frappe actuellement le Liban et qui empêche les navires de décharger leurs marchandises dans les réservoirs de la compagnie".  Le ministère souligne en outre que "certains groupes électrogènes ont été déconnectés du réseau, également en raison de la tempête, ce qui a provoqué un rationnement supplémentaire du courant", faisant savoir toutefois que "les équipes techniques d'EDL sont à l’œuvre pour rétablir de manière graduelle le service". Le ministère dit s'attendre à un "rétablissement du courant à des niveaux normaux, comme avant la tempête, à partir de samedi, si les conditions météo permettent le déchargement, vendredi, des cargaisons des navires transportant les hydrocarbures".

Un peu plus tard dans la journée, la ministre sortante de l'Energie, Nada Boustani, a abondé dans le même sens, affirmant que "les deux prochains jours connaîtront un rationnement sévère en matière de courant, avant que l'approvisionnement ne soit rétabli progressivement à partir de samedi". "Les quantités de fiouls suffisent jusqu'en février, et nous assurerons le courant à Beyrouth pendant 16 à 21 heures par jour jusqu'à fin février, et 8 à 10 heures par jour dans le reste des régions", a-t-elle indiqué. Néanmoins, dans la soirée, la ministre a affirmé sur son compte Twitter que "l'alimentation allait commencer à revenir à la normale dès cette nuit", indiquant qu'un navire transportant les hydrocarbures a commencé à décharger sa cargaison "malgré la situation météo difficile".



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Jeudi, 85 jours après le début, le 17 octobre, de la révolte populaire inédite contre la classe politique taxée de corruption, des dizaines de protestataires ont manifesté devant les sièges d'Electricité du Liban disséminés à travers le territoire, contre l'accroissement du rationnement dans l'alimentation du courant électrique, en raison de la baisse du niveau de production.Dès 8h,...

commentaires (2)

LA MOBILISATION DEVRAIT ETRE CONTRE LES ABRUTIS MINISTRES ET LES PARTIS QUI SE SONT SUCCEDES A L,ENERGIE... CPL EN TETE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 43, le 10 janvier 2020

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Commentaires (2)

  • LA MOBILISATION DEVRAIT ETRE CONTRE LES ABRUTIS MINISTRES ET LES PARTIS QUI SE SONT SUCCEDES A L,ENERGIE... CPL EN TETE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 43, le 10 janvier 2020

  • Je n'ai jamais compris la raison du privilège des beyrouthins. Les libanais doivent payer trois factures: une à l'EDL, une au générateur, et une pour la réparation des appareils endommagés par le courant de mauvaise qualité fourni par ce dernier. Tous les libanais, sauf les habitants de Beyrouth ! Où est l'égalité ?

    Yves Prevost

    17 h 20, le 09 janvier 2020

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