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Culture - L’artiste de la semaine

Nour Flayhan, dessinatrice « influenceuse » d’Orient

La jeune illustratrice et storyteller libanaise est la première artiste du Moyen-Orient à collaborer avec la célèbre marque italienne Gucci pour ses « campagnes d’influence » sur les réseaux sociaux.

Nour Flayhan. Photo DR

Lorsqu’il y a deux ans Nour Flayhan reçoit un appel de la maison Gucci pour un projet de collaboration, elle croit d’abord à une blague. « J’étais au Liban à l’occasion d’un décès en famille. Et je ne m’attendais vraiment pas à une telle proposition. Passé les premiers moments d’incrédulité, je me suis sentie transportée de joie », raconte en toute simplicité la jeune femme, jointe par téléphone au Portugal où elle se trouve actuellement pour un projet de travail.

La voix au bout du fil est claire et fraîche. À l’image de l’univers féminin, coloré et fleuri de cette illustratrice et storyteller libanaise de 28 ans qui a, donc, été choisie par la maison italienne pour illustrer les campagnes de lancement de ses parfums Gucci Bloom et Acqua di Fiori sur les réseaux sociaux. « En fait, j’ai fait partie d’une sélection de 15 femmes artistes mandatées par Alessandro Michele, le directeur créatif, pour créer des œuvres artistiques originales autour de l’idée d’une belle métamorphose. Celle d’une jeune fille en femme et de la révélation de son soi authentique au sein de son cercle d’amitiés féminines », précise-t-elle.

Le thème ne pouvait pas mieux tomber pour cette artiste qui s’est justement fait connaître par ses croquis de brunes jeunes femmes souvent entourées de végétation et d’écritures poétiques. Et qui a repris et adapté ces éléments qui font sa signature dans les quatre illustrations qu’elle a imaginées pour la marque italienne et que l’on peut retrouver sur le compte Instagram (Gucci Beauty) de la marque.

« C’est comme si la campagne avait été conçue sur mesure pour moi », s’exclame encore Nour Flayhan qui, depuis, a été commissionnée pour une nouvelle collaboration avec cette même griffe, pour accompagner cette fois l’ouverture (cette semaine) de son espace beauté au sein du Dubai Mall dans les Émirats.

« Je suis surtout ravie d’avoir pu introduire le visage de la femme orientale actuelle, dont la représentation est une priorité dans mon travail, dans l’univers de cette marque internationale. C’est ma manière de lui rendre hommage et de combattre les clichés persistants à son sujet », indique cette Libanaise née aux États-Unis, mais qui a passé son enfance entre le Koweït et le Liban.

Du Koweït où elle a grandi, « dans une famille ouverte à toutes les formes d’art et auprès d’une mère, décoratrice », Nour Flayhan s’est imprégnée des traditions et de motifs architecturaux mais aussi textiles, ainsi que des couleurs et des images de films d’une communauté indienne très présente là-bas.

Tandis que c’est dans le jardin de son grand-père dans la montagne libanaise où elle revenait passer chaque été, qu’elle a cultivé son amour de la nature, des plantes et des fleurs qui éclate avec force dans ses illustrations.

Mais c’est à Londres – où elle a fait ses études de Visual Communication à la University of the Arts – qu’elle prend véritablement conscience de la richesse de cette double culture orientale dans laquelle elle a baigné.

« Alors que je voulais me conformer aux codes occidentaux dominants, mon tuteur à l’université m’a encouragée à assumer, au contraire, tout ce qui fait ma singularité et à l’exprimer dans mon travail. Depuis mon teint brun et mes cheveux bouclés, aux traditions et coutumes qui m’ont nourrie et façonnée. C’est ainsi que j’ai décidé de partager à travers mes visuels postés sur les réseaux sociaux la vraie image des femmes de ma région. »

Quatre yeux et double talent

Une femme forte et féminine, combative et romantique, moderne et traditionnelle. Une femme qui parle vrai, qui lutte pour ses droits et qui fait entendre sa voix. Aussi bien au Pakistan, où l’illustratrice a participé avec enthousiasme, en octobre dernier, à Let Girls Dream, une campagne sur les réseaux sociaux dénonçant le mariage précoce des filles, qu’au Liban, où Nour Flayhan qui suit assidûment, de partout où elle se trouve, la Thaoura, en a fait la figure de proue dans ses illustrations régulièrement postées sur son fil Instagram.

Et puis il y a ces intrigantes filles d’Ève dotées de deux paires d’yeux qu’elle s’amuse à intégrer parfois dans ses compositions.

Et qui font référence, dit-elle, à cette double vision dont sont dotées les femmes. Mais aussi au fait que petite fille à lunettes, elle avait subi les moqueries de ses camarades de classe qui la surnommaient « quatre yeux ». « C’est de là que j’ai tiré ma force de caractère et ma puissance d’observation », soutient cette femme fleur et femme de convictions. Cette « ancienne timide » qui se dit heureuse de pouvoir s’exprimer, à travers son art, en toute sincérité. Et de pouvoir en faire une plate-forme de solidarité féminine et d’engagement pour les causes justes, bonnes et belles.

9 février 1991

Naissance à Boston

2006

La guerre de juillet la marque fortement

2013

Diplôme en Visual Communication de la University of the Arts à Londres

2017

Première campagne pour les parfums Gucci

2018

Deuxième collaboration avec Gucci Beauty

2019

Participation à la campagne Let Girls Dream et à la Thaoura via Instagram




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