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À La Une - Reportage

A Saïda, les militants sur la Place de la révolution veulent préserver coûte que coûte l’unité nationale

Pour la première fois depuis le début de la contestation, les tentes des protestataires ont été attaquées dans cette ville du Liban-Sud.

Des manifestants en colère brûlant des pneus à Saïda, dans la nuit de lundi à mardi. Photo Mountasser Abdallah

A Saida, les militants de la « Place de la révolution du 17 octobre » sont partagés entre la colère et la stupeur après les attaques qui ont visé leur campement dans la nuit de lundi, mais assurent que ces incidents ne les rendent que plus déterminés à poursuivre la contestation et à préserver l’unité nationale.

Hier soir, des dizaines de jeunes, pour la moitié masqués, avaient fait irruption dans le secteur, tentant de s’introduire sur la place Elia où sont installées des tentes. L’armée les a repoussés après que certains aient pu s’introduire sur la place, endommageant les équipements de certaines tentes et bousculant deux personnes qui y passaient la nuit.

L’incursion menée par ces hommes qui venaient selon certaines sources de Haret Saïda, la banlieue chiite de la capitale du Liban sud, est intervenue vers minuit, alors que des partisans d’Amal et du Hezbollah donnaient l’assaut à Beyrouth à la place des Martyrs, invoquant une vidéo circulant sur les réseaux sociaux qui insultait les symboles chiites.

Mais si de telles attaques sont devenues quotidiennes à Beyrouth, c’est la première fois depuis le début du soulèvement que des incidents de ce genre se produisent à Saïda. Et les jeunes contestataires se sont mobilisés dans la nuit, bloquant les routes de la ville à l'aide de pneus enflammés, et appelant à la grève générale. Mardi matin, les écoles de la ville étaient fermées et les bus de transport scolaire ont dû ramener à la maison les écoliers.


(Lire aussi : Berry et Hariri : Les Libanais ne doivent pas se laisser entraîner vers la sédition)



"Provoquer la sédition"

Dans le même temps, les responsables du mouvement de contestation dans la ville ainsi que des responsables de l’Organisation populaire nassérienne d’Oussama Saad ont mené toute la nuit des contacts avec le mouvement Amal et le Hezbollah pour que ces jeunes soient évacués du secteur et que le calme y revienne. Toutes les personnalités de la ville –Oussama Saad, Bahia Hariri, le mufti Salim Soussan notamment—ont condamné ces attaques. La branche du mouvement Amal à Haret Saïda a affirmé dans un communiqué publié mardi que "le mouvement et les jeunes de Haret Saïda n’ont aucun lien avec les incidents à Saïda et ses environs". "Cela ne nous concerne ni de près ni de loin", a ajouté le texte.

Sur la place Elia, des dizaines de jeunes étaient revenus dès l'après-midi, mardi, se préparant à une manifestation pour l’unité nationale dans la ville. Toutes les personnes interrogées affirmant en chœur que ces attaques ont été orchestrées par des éléments infiltrés et qu’elles n’influeront pas sur les relations de bon voisinage entre les habitants de la ville et ses environs.

« Aucun incident ne s’est jamais produit à Saïda depuis le début de la révolution, affirme Khaled, un étudiant et militant de la première heure. Saïda est la capitale de la résistance, et nous ne permettrons à personne de porter atteinte à la révolution ou la résistance. Nous resterons sur les places. Certains tentent de provoquer la sédition mais nous ne le permettrons pas ». « Nous sommes un seul peuple, nous nous opposerons à ces tentatives de provoquer la sédition », affirme Samer, un autre jeune homme qui dit « condamner toute atteinte aux symboles religieux » et appelle « éviter de se laisser entraîner dans ces provocations ».

Mirvat Mezher, une militante et mère de famille, condamne la vidéo qui a mis le feu aux poudres. «Mais ce n’est pas une raison pour une réaction aussi violente, ajoute-t-elle. Nous sommes des militants pacifiques contre la corruption et nous luttons pour édifier un nouveau Liban. C’est le pouvoir qui a recours à de tels procédés car il s’est senti menacé par la force de la révolution », ajoute-t-elle, assurant que « ce qui s’est produit a renforcé notre détermination à nous opposer au confessionnalisme ».

En soirée, environ 300 personnes ont participé à la marche pour l'unité nationale, reliant la place Elia au Sérail gouvernemental de la ville. Ils ont sillonné les rues intérieures de la ville, réclamant aux habitants de les rejoindre. Les protestataires criaient leur colère contre les autorités, les appelant à protéger les manifestants au lendemain des incursions des contre-manifestants.

Photo Mountasser Abdallah


(Reportage : Khandak al-Ghamik, de l’autre côté de la thaoura)



Baalbeck

A Baalbeck, quelque 80 hommes ont tenté dans la nuit d'attaquer la tente où campaient une poignée de contestataires sur la place Khalil Moutran, mais en ont été empêchés par l'armée qui protège les manifestants, a indiqué une militante à notre correspondante Sarah Abdallah.

Par contre dans le village voisin de Fakha, des inconnus ont aspergé d'essence et mis le feu dans la nuit à la tente installée par des contestataires depuis le début du soulèvement. La tente était vide, mais contenait des caisses d'aides alimentaires collectées par les militants de la région pour les distribuer aux familles dans le besoin, a indiqué à l'OLJ Abdallah Shall, un médecin de Baalbeck qui participe activement aux protestations.

Les puissants clans de la région --notamment les Zeaiter et les Jaafar—ont appelé à un rassemblement dans l’après-midi pour "la défense de Fatima al Zahraa", la fille du prophète Mohammad, en réaction à la vidéo s'en prenant aux symboles du chiisme.

Des jeunes hommes ont également détruit à l’aube les tentes de la contestation devant le sérail gouvernemental à Nabatiyeh, mais les protestataires se sont regroupé dans la journée sur les lieux pour proclamer leur détermination à poursuivre leur mouvement, selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle).


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commentaires (2)

MEME AU NIVEAU DE LA RUE C,EST LE CONSENSUS... LA PLAIE DONT SOUFFRE LE PAYS.

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

09 h 07, le 18 décembre 2019

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Commentaires (2)

  • MEME AU NIVEAU DE LA RUE C,EST LE CONSENSUS... LA PLAIE DONT SOUFFRE LE PAYS.

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    09 h 07, le 18 décembre 2019

  • Certains de nos frères chiites Libanais, surtout les plus pauvres feraient bien de prendre ceux d’Iraq comme exemple. L’Imam Moussa Sadr s’il était encore parmi nous se serait sans nul doute, oppose au diktat de Téhéran, il aurait surement pris la tête de ce mouvement de contestation contre les corrompus de toutes confessions

    Liban Libre

    22 h 22, le 17 décembre 2019

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