Le Premier ministre sortant Saad Hariri, qui avait démissionné le 29 octobre dernier sous la pression du mouvement inédit de contestation contre le pouvoir, a de fortes chances d'être désigné pour former le prochain cabinet lors des consultations parlementaires contraignantes prévues lundi au palais de Baabda.
Selon des sources proches de la présidence de la Répubique citées samedi par la chaîne locale LBCI, les consultations ne seront pas reportées une deuxième fois, à moins que la majorité des blocs parlementaires ne le demande.
Concernant la position du chef de l'Etat Michel Aoun sur la composition du gouvernement, ces sources assurent que le président est contre la formation d'un cabinet exclusivement formé de technocrates indépendants des formations politiques, car ce gouvernement devra prendre des mesures économiques et financières douloureuses qu'il ne pourra pas mettre en oeuvre sans couverture politique.
Après le désistement de l'homme d'affaires Samir Khatib, pressenti ces dernières semaines pour diriger un cabinet techno-politique, et le soutien apporté par Dar el-Fatwa, la plus haute instance religieuse sunnite du pays, à Saad Hariri, les consultations prévues lundi dernier avaient été reportées d'une semaine. M. Hariri a affirmé à maintes reprises qu'il n’acceptera de présider qu’un gouvernement de technocrates, libre de toute figure politique conventionnelle et doté de pouvoirs exceptionnels pour être en mesure de faire face à une crise exceptionnelle, alors que le chef de l’État et le tandem chiite, composé du Hezbollah et du mouvement Amal, prônent un gouvernement techno-politique. Les contestataires, qui manifestent au Liban depuis le 17 octobre, réclament eux aussi la formation d'un gouvernement de technocrates sans plus de retard.
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Ghattas Khoury reçu par Samir Geagea
Toujours selon la chaîne locale LBCI, Ghattas Khoury, conseiller de Saad Hariri, s'est entretenu jeudi dernier avec le président Aoun. Samedi, M. Khoury a été reçu par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
A l'issue de cet entretien, le leader des FL a annoncé que le bloc parlementaire de la République forte participerait aux consultations parlementaires de lundi, ajoutant cependant que sa formation politique "ne participerait en aucun cas au futur gouvernement". Accusant "certaines formations de camper sur leurs positions et vouloir le même portefeuille ministériel dans le futur cabinet", M. Geagea a exprimé son rejet d'un gouvernement "techno-politique", une option plébiscitée par le Courant patriotique libre et le tandem chiite.
De son côté, M. Khoury a fait savoir qu'"une partie de la rue soutient Saad Hariri et il y a peut-être une autre partie qui refuse" qu'il soit reconduit à la tête du gouvernement, ajoutant que le Premier ministre sortant "met tout en œuvre pour trouver une solution" à la situation actuelle et veut répondre aux revendications du mouvement de contestation.
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"Un gouvernement réformateur"
Pour sa part, le ministre sortant des Affaires étrangères et chef du CPL, Gebran Bassil, qui se trouve au Qatar, a affirmé samedi que la formation d'un gouvernement "réformateur" était en préparation.
"Nous avons des divergences politiques. Certes, nous devons répondre aux demandes des manifestants, mais sans violer la Constitution. Nous cherchons à former un gouvernement réformateur oeuvrant à régler les problèmes de l'électricité, des déchets et des services aux citoyens", a déclaré M. Bassil lors de la conférence annuelle du Forum de Doha, qui réunit un large panel de décideurs régionaux et mondiaux.
Jeudi, le bloc du Liban fort, dont le Courant patriotique libre est la principale composante (27 députés au départ), avait annoncé, par la voix de son chef, Gebran Bassil, qu’il ne nommera pas le Premier ministre sortant lors des consultations et qu’il ne participera pas à un cabinet dirigé par Saad Hariri. Une position qui pourrait toutefois encore changer.
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commentaires (9)
""car ce gouvernement devra prendre des mesures économiques et financières douloureuses qu'il ne pourra pas mettre en oeuvre sans couverture politique"" Voila ou reside le vrai probleme/piege -ILS l'ont repete sans honte : Ils ne sont pas prets au moindre sacrifice-donc honorer la Nation en se retirant de la scene ne serait ce que 8 mois, en FERMANT leur grosses gueules, en ne mettant pas des batons dans les roues des ministres independants !
Gaby SIOUFI
11 h 25, le 15 décembre 2019